À dix-huit milliards de kilomètres de la Terre, après 41 années de voyage dans le système solaire, la sonde Voyager 2 a atteint une zone où le vent solaire ne souffle plus, a annoncé la NASA lundi.
À cette distance extraordinaire, chaque message de Voyager 2 met 16 heures et demie à atteindre la Terre. Par comparaison, le temps de communication à la vitesse de la lumière est de 8 minutes pour Mars actuellement.
Les scientifiques de la NASA ont confirmé lundi que Voyager 2 était sortie de l’héliosphère, la bulle protectrice de particules et de champs magnétiques créés par le Soleil. L’appareil a traversé l’héliopause, limite au-delà de laquelle ce vent solaire n’atteint plus les objets.
Mais la sonde reste techniquement dans le système solaire, dont la frontière est fixée aux confins du nuage d’Oort, bien au-delà de Pluton, et que la NASA compare à «une grosse bulle épaisse autour du système solaire». Ce nuage, composé probablement de milliards de corps glacés, reste sous l’influence de la gravité du Soleil. Voyager 2 mettra encore 30.000 ans à traverser cette ceinture.
En 2012, Voyager 2 est devenue la plus plus longue et la plus mythique mission de la NASA. Ses instruments continuent d’envoyer des observations.
Lancée alors que Jimmy Carter était président des États-Unis, elle a survolé Jupiter en 1979, puis Saturne, Uranus et Neptune, en 1989.
Comme elle fonctionnait encore après avoir dépassé Neptune, la NASA a continué la mission. Les ingénieurs ont éteint ses caméras pour économiser son énergie.
Sa sonde jumelle, Voyager 1, qui a quitté la Terre seize jours après elle, a atteint l’espace interstellaire en 2012 et continue encore de fonctionner. Mais l’un de ses instruments cruciaux pour mesurer le vent solaire, baptisé Plasma Science Experiment, est tombé en panne en 1980.
«Cette fois, c’est encore mieux», a dit Nicky Fox, directeur de la division d’héliophysique de la NASA. «Les informations envoyées par les Voyager sur les limites de l’influence du Soleil nous donnent un aperçu inédit d’un territoire vraiment vierge».
Les deux sondes vont «très bien, pour des seniors», a dit Suzanne Dodd, directrice des communications interplanétaires de la NASA.
Selon elle, elles pourraient encore durer cinq ou dix ans, la seule limite étant la perte progressive de capacité de leur générateur à radioisotopes, qui fournit de l’énergie par la désintégration de matériaux radioactifs.
Les sondes emportent chacune des enregistrements de sons et d’images de la Terre sur des plaques en or et en cuivre.
Même éteints, les engins continueront de voyager potentiellement des milliards d’années avec leurs disques, et «ces capsules temporelles pourraient un jour être les seules traces de la civilisation humaine», dit la NASA sobrement dans son communiqué.