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Hong Kong: Pékin dénonce des actes «quasi-terroristes», Trump s’implique

Xi Jinping et Donald Trump

Le président américain Donald Trump s'est adressé, sur Twitter, au président Chinois Xi Jinping en faisant un lien entre la crise à Hong Kong et les différents commerciaux entre les États-Unis et la Chine.

Rédaction - Agence France-Presse

La Chine a dénoncé mercredi des agressions «quasi-terroristes» contre ses ressortissants durant des affrontements la veille à Hong Kong, une nouvelle escalade dans une crise où Donald Trump espère voir Pékin agir avec «humanité», pour le bien des négociations commerciales entre les deux puissances.

Dans une salve de tweets déroutants, le président américain a soufflé le chaud et le froid dans le dossier hongkongais.

D’abord, il a mis la pression sur la Chine en liant les deux dossiers brûlants: le diplomatique (la crise à Hong Kong) et l’économique (les négociations commerciales).

«En Chine, des millions d’emplois disparaissent pour aller dans des pays qui ne sont pas sujets aux taxes douanières. Des milliers d’entreprises quittent le pays. Bien sûr que la Chine veut passer un accord (avec les États-Unis, ndlr). Qu’ils travaillent avec humanité avec Hong Kong d’abord!», a-t-il mis en garde.

Peu après, dans un autre tweet à la tonalité différente, il a assuré que le président chinois Xi Jinping pourrait faire preuve de cette même humanité, suggérant au passage une «rencontre en personne».

«Je n’ai aucun doute que si le président Xi veut résoudre rapidement et avec humanité le problème à Hong Kong, il peut le faire», a estimé M. Trump, avant d’ajouter: «Rencontre en personne?», semblant s’adresser directement au dirigeant chinois.

Aux États-Unis, les critiques se sont multipliées contre le président républicain pour son apparente bienveillance envers la Chine.

Plus tôt dans la journée, un porte-parole de la diplomatie américaine avait appelé Pékin à «respecter le haut degré d’autonomie» de l’ex-colonie britannique.

«Les États-Unis exhortent fermement Pékin à respecter ses engagements contenus dans la déclaration conjointe sino-britannique afin de permettre à Hong Kong d’exercer un haut degré d’autonomie», a-t-il indiqué dans une déclaration transmise à l’AFP, le premier avertissement net et détaillé à Pékin.

La déclaration sino-britannique de 1984 encadre la rétrocession de Hong Kong intervenue en 1997.

Elle stipule que la région bénéficie «d’un haut degré d’autonomie, hormis en matière d’affaires étrangères et de défense», et de son propre système judiciaire, législatif et exécutif.

La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, s’est dite elle aussi mercredi «profondément attachée au respect intégral» des garanties apportées par ce statut d’autonomie de Hong Kong.

Ces déclarations interviennent après que la Chine a haussé d’un cran ses mises en garde après les incidents de la veille: «Nous condamnons avec la plus grande fermeté ces actes quasi-terroristes», a déclaré dans un communiqué Xu Luying, porte-parole du Bureau des affaires de Hong Kong et de Macao du gouvernement chinois.

Mardi, deux Chinois du continent ont été passés à tabac au cinquième jour d’une mobilisation sans précédent à l’aéroport de Hong Kong, où le trafic a été particulièrement perturbé lundi et mardi.

C’est la deuxième fois cette semaine que la Chine cherche à assimiler les manifestations à du «terrorisme», avec des avertissements de plus en plus inquiétants qui font craindre une répression militaire alors que le mouvement en est à sa dixième semaine.

La plupart des manifestants ont quitté tôt mercredi l’aéroport, dont le site internet affichait des dizaines de vols partis durant la nuit et des centaines d’autres au départ tout au long de la journée. Beaucoup étaient toutefois retardés.

Dans le hall des départs, les comptoirs d’enregistrement fonctionnaient normalement et il ne restait qu’une poignée de manifestants. «L’aéroport est notre dernière monnaie d’échange», confiait l’un d’eux à l’AFP.

Les rassemblements pro-démocratie avaient paralysé lundi et mardi l’aéroport international, le huitième plus fréquenté au monde (74 M de passagers en 2018), accentuant la crise la plus aiguë traversée par les autorités chinoises à Hong Kong depuis 1997.

Le mouvement pro-démocratie, qui a vu des millions de personnes descendre dans les rues de Hong Kong, est parti début juin du rejet d’un projet de loi hongkongais autorisant les extraditions vers la Chine.

Il a depuis considérablement élargi ses revendications pour dénoncer le recul des libertés et les ingérences de la Chine.

Le mouvement n’a pas de dirigeants publics et ses manifestations sont organisées de manière anonyme via les réseaux sociaux et des applications comme Telegram.

Un groupe qui avait organisé des conférences de presse anonymes de manifestants a tenté de répondre aux inquiétudes après le tour violent pris à l’aéroport.

«Après des mois de résistance prolongée, nous sommes effrayés, en colère et épuisés. Certains d’entre nous s’énervent plus facilement et ont réagi de façon excessive» mardi soir, a déclaré ce groupe dans un communiqué, présentant ses «plus sincères excuses.»

Parallèlement, le dernier gouverneur britannique de Hong Kong, Chris Patten a estimé que le territoire était «au bord de l’abîme», et la Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU Michelle Bachelet a réclamé une enquête impartiale sur le comportement des forces de l’ordre.

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