La Chambre des représentants votera mercredi pour transmettre au Sénat l’acte d’accusation contre Donald Trump. Ultime étape avant l’ouverture du procès historique en destitution du président des États-Unis.
La chef de la majorité démocrate à la Chambre Nancy Pelosi a annoncé mardi, après une réunion à huis clos avec son groupe parlementaire, qu’une résolution serait soumise à un vote en séance plénière le lendemain.
Ce texte officialisera la transmission au Sénat des chefs d’accusation adoptés le 18 décembre par la Chambre contre le magnat de l’immobilier. À savoir: abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès.
La résolution nommera aussi les élus démocrates chargés de porter l’accusation contre Donald Trump. Il est soupçonné d’avoir abusé de sa fonction pour forcer l’Ukraine à salir un de ses rivaux puis d’avoir entravé l’enquête du Congrès.
Compte-tenu de la majorité démocrate à la chambre basse, cette résolution devrait, sauf coup de théâtre, être adoptée.
«Demain nous transmettrons les chefs d’accusation» au Sénat, a anticipé Mme Pelosi sur Twitter.
The House upheld its duty to #DefendOurDemocracy by passing two articles of impeachment against the President. Tomorrow, we will transmit those articles & name impeachment managers. The Senate must choose between the Constitution & a cover-up. https://t.co/tcPdHeMUGp pic.twitter.com/ebqA3Z1oBi
— Nancy Pelosi (@SpeakerPelosi) January 14, 2020
Plus rien n’empêchera alors l’ouverture du procès de Donald Trump, très probablement avant la fin de la semaine. Cela ferait de lui le troisième d’un président dans toute l’histoire des États-Unis à connaître une procédure de destitution.
«Les Américains méritent la vérité et la Constitution impose un procès», a estimé Mme Pelosi.
«Le président et les sénateurs devront rendre des comptes», a-t-elle ajouté.
Un Sénat majoritairement républicain
Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, s’est dit prêt à agir vite. Il n’a pas fait mystère de son intention de faire acquitter le locataire de la Maison Blanche.
«La Chambre a fait suffisamment de mal, le Sénat est prêt à assumer ses responsabilités», a-t-il déclaré lundi dans l’enceinte de la chambre haute.
Nancy Pelosi l’a toutefois accusé de s’être «rallié à l’idée d’une résolution sur un non lieu».
Le président a caressé lundi l’hypothèse d’un vote des sénateurs pour refermer le dossier sans même entendre les arguments des parties.
«Beaucoup pensent qu’organiser un procès sans preuve, ni crime (…) plutôt que de prononcer un non-lieu donne du crédit à la chasse aux sorcières des démocrates», a-t-il tweeté.
https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1216448547777908737
«Un non lieu étoufferait l’affaire», a rétorqué Mme Pelosi.
Après la mise en accusation de Donald Trump à la Chambre («impeachment» en anglais), la chef démocrate a retardé l’étape suivante pour tenter d’obtenir des garanties sur l’équité du procès.
Elle a notamment tenté d’obtenir la convocation de quatre proches conseillers de Donald Trump. Ils avaient reçu comme consigne de la Maison Blanche de ne pas coopérer à l’enquête de la Chambre.
Mitch McConnell, a refusé de s’engager à entendre ces témoins. Il estime que la question pourrait être résolue une fois le procès ouvert. Compte-tenu du climat électrique au Congrès, il est peu probable qu’un accord émerge à ce sujet.
Les démocrates, qui comptent un soutien de 47 voix sur 100 au Sénat, sont conscients qu’ils n’ont quasiment aucune chance d’obtenir la destitution du président. Une majorité des deux tiers étant nécessaire.
Mais ils espèrent faire émerger des informations embarrassantes pour le locataire de la Maison Blanche. Sans témoins ni documents additionnels, «le procès au Sénat deviendra une farce, une réunion télévisée pour un procès fictif», a reconnu lundi leur chef au Sénat, Chuck Schumer.
Les élus démocrates ont quasiment tous voté l’«impeachment». Ils sont convaincus que Donald Trump a usé des moyens de l’État pour faire pression sur l’Ukraine, afin qu’elle annonce une enquête sur Joe Biden, qui pourrait être son adversaire lors de la présidentielle de novembre.
Ils reprochent notamment à M. Trump d’avoir gelé une aide militaire cruciale pour ce pays en conflit armé avec son voisin russe, afin d’arriver à ses fins.
Les républicains, qui font bloc autour de Donald Trump, dénoncent eux une «chasse aux sorcières» orchestrée par des démocrates. Selon eux, ils ne se seraient jamais remis de la victoire en 2016 de ce président atypique.