Pékin au nord, Shanghai à l’est et Shenzhen au sud: la mystérieuse épidémie du virus partie du centre de la Chine a gagné les métropoles géantes du pays le plus peuplé du monde, totalisant plus de 200 cas, dont trois mortels, selon un dernier bilan communiqué lundi.
Plus d’un mois après son apparition sur un marché de Wuhan (centre) spécialisé dans les fruits de mer, le virus de la famille du Sras touche désormais trois autres pays d’Asie: Japon, Corée du Sud et Thaïlande.
Sortant de son silence, le président Xi Jinping a réclamé que «la propagation de l’épidémie soit résolument enrayée», alors même que le pays est entré comme chaque année dans la «plus grande migration humaine» avec le chassé-croisé du Nouvel an chinois.
Le dirigeant communiste a jugé «absolument crucial de faire un bon travail en matière de prévention et de contrôle épidémiologiques».
Le pays a dénombré lundi soir exactement 218 cas, dont un dans sa capitale économique, Shanghai, l’une des plus grandes villes du monde (25 millions d’habitants), chez une femme de 56 ans.
Le virus a également été détecté en Corée du Sud chez une Chinoise de 35 ans arrivée dimanche par avion depuis Wuhan.
Les autorités sanitaires sud-coréennes ont révélé qu’elle avait consulté samedi à l’hôpital à Wuhan en raison d’un rhume. On lui avait prescrit des médicaments avant qu’elle ne s’envole pour Séoul, où ses symptômes ont été détectés. Elle a été placée en quarantaine.
Le virus suscite des inquiétudes croissantes après le décès ce week-end d’une troisième personne depuis le début de l’épidémie et une augmentation significative du nombre de nouveaux cas à Wuhan (près de 140, le total atteignant désormais 198). Neuf patients sont dans un état critique.
Malgré tout, les autorités sanitaires de la ville se veulent rassurantes: selon elles, le risque d’une transmission du virus entre humains est jugé «faible», même s’il n’est «pas exclu».
Risques de propagation
L’épidémie intervient à l’approche des festivités du Nouvel An chinois, la période la plus chargée de l’année dans les transports. Des centaines de millions de personnes ont commencé à voyager en autocar, train et avion pour rendre visite à leur famille. L’année du Rat débute samedi.
Malgré les risques de propagation, les déplacements en Chine ne font pour l’heure l’objet d’aucune restriction.
La souche incriminée est un nouveau type de coronavirus, une famille comptant un grand nombre de virus. Ils peuvent provoquer des maladies bénignes chez l’homme (comme un rhume) mais aussi d’autres plus graves comme le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère).
Hautement contagieux, ce virus avait tué quelque 650 personnes en Chine continentale et à Hong Kong en 2002-2003. Les symptômes du Sras ressemblent à ceux d’une pneumonie, avec une forte fièvre et divers problèmes respiratoires.
Lors de la pandémie, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait vivement critiqué la Chine pour avoir tardé à donner l’alerte et tenté de dissimuler l’ampleur de la maladie.
Ce week-end, des scientifiques d’un centre de recherches de l’Imperial College à Londres, qui conseille des institutions comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ont mis en doute les chiffres officiels, estimant que le nombre de contaminations dépassait probablement le millier au 12 janvier.
Cité par la télévision nationale, Xi Jinping a jugé «nécessaire de diffuser l’information en temps et en heure et de renforcer la coopération internationale».
«Il est nécessaire de renforcer l’orientation de l’opinion publique et l’explication des politiques publiques», a-t-il poursuivi, tout en appelant à «maintenir résolument la stabilité de la société et faire en sorte que les masses jouissent d’un Nouvel an stable et paisible».
L’inquiétude est désormais perceptible à l’étranger, où les mesures de prévention se multiplient aux aéroports en provenance de Wuhan, notamment aux États-Unis et en Thaïlande.