Importantes restrictions de déplacements assorties de sanctions et confinement limité de la population: le président Emmanuel Macron, martial, a placé lundi la France en état de «guerre» pour tenter d’enrayer la propagation du coronavirus.
«Nous sommes en guerre», a martelé pas moins de cinq fois le chef de l’État qui s’adressait à la télévision à ses compatriotes pour la deuxième fois en une semaine à propos de la pandémie provoquée par le coronavirus qui se propage à grande vitesse sur le territoire français.
«Dès demain midi et pour 15 jours au moins nos déplacements seront très fortement réduits», a déclaré M. Macron, et «toute infraction à ces règles sera sanctionnée», a-t-il ajouté, après que les images de Parisiens se prélassant dimanche au soleil eurent illustré une certaine légèreté de la population face à la crise.
«Faisons preuve d’esprit solidaire et de sens des responsabilités», a demandé le président, qui a en outre fustigé les rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux et a appelé les Français à ne pas céder à la panique.
«Nous gagnerons» la guerre, a-t-il assuré, annonçant diverses mesures pour préserver la vie économique. Les entreprises peuvent continuer à fonctionner, à part celles qui ont déjà été mises à l’arrêt, comme les bars et les restaurants par exemple.
«Seuls doivent demeurer les trajets nécessaires (…) pour aller faire ses courses, se soigner, pour aller travailler quand le travail à distance n’est pas possible et pour faire un peu d’activité physique», a prévenu Emmanuel Macron sans pour autant prononcer une seule fois le mot de «confinement».
Le ministre de la Santé Olivier Véran a toutefois par la suite déclaré que le gouvernement avait pris les «mesures de confinement» qui «s’imposent» pour «protéger les Français».
«Le mot d’ordre est clair: restez chez vous», a renchéri le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.
Les personnes qui circuleront devront être «en mesure de justifier leur déplacement», a-t-il ajouté, précisant que 100 000 policiers et gendarmes seraient mobilisés et qu’il y aurait des points de contrôle fixes et mobiles.
Dans son allocution télévisée, Emmanuel Macron a par ailleurs insisté sur le fait que les «les entreprises devront adapter leur organisation pour faire respecter les gestes barrières».
«Aucune entreprise ne sera livrée au risque de faillite», a-t-il aussi promis, annonçant des reports de charge, des loyers et des paiements de factures suspendus pour les petites entreprises et une garantie bancaire de 300 milliards d’euros pour les prêts aux entreprises.
Pour mener le combat, il a aussi fait appel à l’armée, qui installera un hôpital de campagne dans l’est, une région particulièrement touchée, et transportera des malades.
Toujours dans la même veine martiale, en écho aux «Taxis de la Marne» qui transportaient les soldats pendant la première guerre mondiale, il a annoncé que les taxis et les hôtels seraient mis à disposition du personnel soignant.
«L’État paiera», a-t-il dit, ajoutant que les équipements de protection leur seraient alloués en priorité.
Par ailleurs, il a annoncé le gel de toutes les réformes en cours, dont celle controversée des retraites, le report du deuxième tour des élections municipales qui était prévu pour dimanche et a assuré que l’Union européenne allait fermer pour 30 jours toutes ses frontières avec le monde extérieur. Une décision qui doit être approuvée mardi par les 27.
Les contaminations en France progressent de manière inexorable, avec 1210 cas et 21 décès de plus en 24 heures, portant le total respectivement à 148 décès et 6633 cas.
Lundi soir, des bouchons se formaient à la sortie de Paris, preuve que de nombreux habitants de la capitale cherchaient à rejoindre la campagne, anticipant des mesures plus drastiques.
«Rester dans 40m² à deux à Paris, c’est pas possible. Si j’ai la possibilité de bouger, je le fais», expliquait Hélène, une audioprothésiste de 28 ans qui part avec son conjoint vers Montpellier (sud).
Le couple a loué une voiture, «pour éviter le train et ne pas prendre de risques».
De nombreuses scènes de files d’attente dans des supermarchés aux rayons vidés ont également été constatées dans tout le pays.