Près d’un mois après la mort de la jeune Mariia, happée par un automobiliste, des représentants de la société civile en matière de transport se sont réunis à quelques pas du lieu de l’accident pour demander l’adoption d’une stratégie gouvernementale de sécurité routière inspirée de l’approche Vision zéro, et ce, sans délai.
Depuis début décembre, près d’une vingtaine de personnes ont été happées lors de leurs déplacements à pied. Près de la moitié d’entre elles y ont laissé leur vie.
«Québec doit prendre conscience que la sécurité routière est un enjeu national et doit prendre ses responsabilités», soutient la directrice générale de Piétons Québec, Sandrine Cabana-Degani.
Elle rappelle qu’en 2018, dans sa politique de mobilité durable, Québec s’était engagé à adopter une stratégie basée sur l’approche Vision zéro. Pourtant, cinq ans plus tard, aucune stratégie du genre n’a vu le jour.
Selon la directrice générale, l’adoption d’une politique basée sur une vision zéro permettrait d’éviter près de 150 décès chaque année.
Une rencontre est prévue ce vendredi entre Piétons Québec et les conseillers du cabinet du ministère des Transports et de la Mobilité durable, mais Mme Cabana-Degani souhaite aussi une rencontre avec la ministre Geneviève Guilbault et un engagement du gouvernement pour prioriser la sécurité routière.
On s’attend à ce que le premier ministre et la ministre des Transports assument un leadership plus important au chapitre de la sécurité routière.
Sandrine Cabana-Degani, directrice générale de Piétons Québec
«L’adoption d’une stratégie gouvernementale permettra d’assurer la coordination des acteurs, le financement et la mise en œuvre des actions pour sécuriser nos milieux de vie, affirme quant à lui le directeur général de Vivre en ville, Christian Savard. C’est d’abord en réduisant la quantité et la vitesse des déplacements motorisées qu’on protégera les piétons et les cyclistes.»
Aller à la source des enjeux
L’adoption d’une telle stratégie permettra d’abord d’établir une instance responsable de la concertation entre les différents acteurs quant aux actions à entreprendre dans le domaine de la sécurité routière.
Pour Mme Cabana-Degani, cela doit s’accompagner d’une révision des normes d’aménagement et d’un changement de culture en matière de sécurité routière. Selon elle, un «énorme rattrapage» est à faire sur le plan des infrastructures routières, originellement conçues pour assurer la fluidité de la circulation automobile.
La directrice générale de Piétons Québec souhaite également qu’une révision du Code de la sécurité routière ait lieu et que les amendes pour les infractions causant un danger pour les piétons soient augmentées, afin d’augmenter la prudence des automobilistes.
«En ce moment, une infraction pour ne pas payer un péage routier est plus pénalisée qu’une infraction de ne pas respecter un passage pour piéton, dit-elle. Ça ne démontre pas la priorité qu’on a par rapport à la sécurité des usagers vulnérables.»