Depuis qu’elle a repartagé une entrevue publiée par Métro avec Pat Tremblay, l’artiste à l’origine de la couverture de son dernier numéro, la revue de cinéma 24 images essuie des critiques, notamment de la part d’illustrateurs.
Les détracteurs reprochent à 24 images le fait que la couverture de ce numéro spécial consacré au cinéma catastrophe ait été conçue à l’aide de l’intelligence artificielle (IA) Midjourney.
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«Je suis illustrateur moi-même et je suis outré de voir que la revue 24 images pour laquelle j’ai beaucoup de respect a laissé passer cette couverture générée par Midjourney, une application d’intelligence artificielle reconnue pour piller impunément et à très grande échelle des images, des photos, des illustrations sans autorisation et sans respect de la propriété intellectuelle des artistes qui les ont conçues», a écrit en commentaire sur Facebook Jean-Paul Eid, qui, en plus d’être l’auteur de nombreuses bandes dessinées, est connu pour sa participation régulière à l’ancienne émission Plus on est de fous, plus on lit!.
Des propos appuyés par l’auteur des BD jeunesse Aventurosaure, Julien Paré-Sorel. «24 images, si vous ne possédez pas un gros budget, je peux comprendre aisément, mais je vais préférer 1000 fois plus voir une illustration simple et unique d’un.e artiste qui crée de zéro à ce type d’image industrielle (très médiocre, selon moi) générée automatiquement par IA (même si retouchée).»
Un meilleur encadrement
Se disant désolée des réactions négatives que ce concept de couverture a pu susciter, la revue a répondu – toujours en commentaire sous sa publication Facebook – qu’elle suit également les enjeux actuels entourant l’IA.
«Étant donné l’existence de cet outil, son usage par des artistes et son lien avec de nombreux thèmes du cinéma catastrophe, nous avons décidé d’explorer ce nouveau terrain de façon très transparente», a indiqué la revue.
«Il n’en demeure pas moins important pour la revue d’assurer à son lectorat, ses collaboratrices et collaborateurs ainsi qu’à tous les artistes que cette création n’est ni un désaveu des nombreux artistes visuels avec lesquels nous continuerons de collaborer et de soutenir, ni un appel à cesser les discussions nécessaires sur l’encadrement de ces nouveaux outils qui, pour le meilleur et pour le pire, ne disparaîtront pas», poursuit-on.
Ces critiques ne sont pas surprenantes puisque plusieurs artistes craignent qu’on les remplace par l’IA d’ici quelques années, peu importe leur discipline.
Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon, a d’ailleurs mentionné mercredi son intention d’encadrer l’intelligence artificielle. «Il va y avoir ultimement une législation», a-t-il déclaré lors d’une annonce d’une aide de 21 M$ à l’Institut québécois d’intelligence artificielle (Mila).