La Coupe du monde de hockey effectue un retour à Toronto après une absence de 12 ans. La Presse canadienne jette un regard sur les huit équipes participant au tournoi, qui s’amorce le 17 septembre.
Canada
Incontestable favori, le Canada tentera de remporter de nouveau la Coupe du monde après avoir gagné la dernière édition, il y a 12 ans.
La formation canadienne peut se targuer de compter sur le groupe de joueurs le plus talentueux, rempli d’anciens vainqueurs des trophées Art Ross, Hart et Norris, et sur les deux derniers lauréats du trophée Vézina.
Les attaquants sont rapides, imposants physiquement, intelligents et dotés de beaucoup de polyvalence. L’entraîneur-chef Mike Babcock devrait pouvoir compter sur des pièces interchangeables, alors que presque tous les joueurs peuvent camper un rôle précis, si le besoin devait se faire sentir. Et ce ne sont pas les marqueurs qui manquent. Douze des 13 attaquants ont connu au moins une saison de 30 buts dans la LNH, dont Brad Marchand, un des huit membres d’Équipe Canada à avoir réalisé l’exploit l’année dernière.
À Sotchi, le Canada a offert l’une des performances défensives les plus étanches jamais vues, ne concédant que trois buts pendant tout le tournoi. La brigade défensive a subi un dur coup avec la blessure de Duncan Keith, mais l’équipe pourra compter sur le retour de Shea Weber, de Marc-Édouard Vlasic, Drew Doughty, d’Alex Pietrangelo et de Jay Bouwmeester. Jake Muzzin, un coéquipier de Doughty avec les Kings de Los Angeles, ajoutera de la stabilité tandis que Brent Burns devrait apporter enthousiasme et support offensif.
Carey Price devrait hériter du poste de gardien numéro un, mais n’a pas joué depuis le mois de novembre à la suite d’une blessure à un genou. S’il ne peut retrouver rapidement sa forme du passé, le Canada pourra toujours se tourner vers Braden Holtby, vainqueur du trophée Vézina la saison dernière, et sur Corey Crawford, deux fois champion de la coupe Stanley.
Rien de moins qu’un triomphe représentera une déception.
Amérique du Nord
La formation de l’Amérique du Nord pourrait s’avérer la plus excitante à voir évoluer pendant la Coupe du monde.
Bâtie avec des Canadiens et des Américains âgés de 23 ans et moins, cette équipe regroupe quelques-uns des hockeyeurs les plus talentueux, de Connor McDavid à Aaron Ekblad en passant par Jack Eichel, Johnny Gaudreau et Nathan MacKinnon. Certains d’eux eux — et c’est certainement le cas de McDavid — pourraient même se qualifier pour l’équipe de leur pays respectif si les règlements du tournoi ne l’avaient pas empêché.
Cette combinaison de jeunesse est ce qui pourrait rendre cette équipe si attrayante. Imaginez Auston Matthews réuni avec Ryan Nugent-Hopkins et Nathan MacKinnon, trois joueurs sélectionnés au tout premier rang, ou Eichel formant un tandem avec l’habile Gaudreau.
La défensive est évidemment très jeune, mais aussi inexpérimentée. Elle sera menée par Ekblad, qui joue comme un vétéran âgé de 30 ans, qui sera appuyé par Morgan Rielly des Maple Leafs de Toronto et Seth Jones des Blue Jackets de Columbus. Il sera intrigant de voir comment ce groupe de défenseurs jeunes mais mobiles pourra contenir la puissance offensive de formations comme celle du Canada.
Les gardiens Matt Murray, qui a aidé les Penguins de Pittsburgh à gagner la coupe Stanley en juin, ou John Gibson, des Ducks d’Anaheim, offrent à la fois talent mais aussi un degré d’incertitude.
Cette équipe pourrait ne pas gagner la Coupe du monde, mais les jeunes joueurs qui la composent mériteront toute l’attention des amateurs.
Suède
Médaillés d’argent à Sotchi, les Suédois, avec leurs talentueux défenseurs, de la stabilité dans les filets et de la profondeur à l’attaque, sont de sérieux aspirants à la couronne.
Il n’y a probablement pas de meilleur groupe de défenseurs à la Coupe du monde que ceux qui évoluent pour la Suède. Le meneur sera l’incomparable Erik Karlsson, appuyé par le solide Victor Hedman et complété par des joueurs sous-estimés comme Anton Stralman, Hampus Lindholm, Niklas Hjalmarsson et Oliver Ekman-Larsson. Tous ces défenseurs sont d’excellents patineurs, qui déplacent bien la rondelle, et dont le niveau de talent assurera une transition facile entre la défense et l’attaque.
À défaut de rajeunir, les frères Sedin demeurent productifs et devraient jouer le rôle de chefs de file de l’attaque suédoise. Ils pourront compter sur le soutien de Nicklas Backstrom et de Loui Eriksson, deux joueurs dans la force de l’âge, et de Filip Forsberg et Gabriel Landeskog, deux étoiles montantes.
Il s’agit d’un groupe d’attaquants intelligents et responsables, avec juste assez de pouvoir offensif pour complémenter leur superbe brigade défensive et leurs gardiens de but, dont le vétéran Henrik Lundqvist.
Il n’y a pas beaucoup d’éléments négatifs au sein de l’équipe suédoise, qui représente une menace réelle aux espoirs du Canada.
États-Unis
La formation américaine peut se targuer de compter en ses rangs le vainqueur des trophées Art Ross et Hart en Patrick Kane, et trois gardiens de but de grande qualité. Mais il est permis de se demander si elle possède autant de puissance à l’attaque que le Canada.
Quatrièmes aux Jeux de Sotchi, les États-Unis ont choisi de se tourner vers plusieurs attaquants au style «col bleu», comme David Backes, Brandon Dubinsky, Justin Abdelkader et Ryan Kesler, pour un tournoi où les attaquants de grand talent sont nombreux. Et ils n’ont pas invité Phil Kessel, le meilleur marqueur des États-Unis aux Jeux de Sotchi et un candidat au trophée Conn-Smythe le printemps dernier, qui aurait pu faire la différence dans une équipe qui ne compte pas beaucoup de joueurs de cette envergure.
Au-delà de Kane, de Max Pacioretty, Blake Wheeler, Zach Parise et James van Riemsdyk, l’équipe de John Tortorella n’a tout simplement pas le pouvoir offensif que l’on retrouve au sein de Canada, de la Suède, de la Finlande, de la Russie et de la formation de l’Amérique du Nord. Il faut préciser que les Américains n’ont pas eu le droit d’inviter de jeunes joueurs tels Eichel, Dylan Larkin, Matthews, Gaudreau ou Shayne Gostisbehere, qui auraient probablement aidé à combler l’écart.
Sans être spectaculaire, la défensive est solide, avec des joueurs complets de la trempe de Ryan Suter et Ryan McDonagh et l’imposant Dustin Byfuglien, qui peut changer l’allure d’un match à chacune de ses présences.
Le point fort de l’équipe se situera dans les buts avec Jonathan Quick, Ben Bishop et Cory Schneider.
Finlande
Souvent mésestimée malgré un palmarès éloquent sur la scène internationale, dont des médailles lors de cinq des six dernières Olympiades, la Finlande ne passera probablement pas inaperçue cet automne.
Elle ne se présentera pas avec un groupe de joueurs vieillissants, mené par Teemu Selanne, qui a obtenu le bronze à Sotchi, mais plutôt avec de jeunes patineurs comme Patrik Laine, Aleksander Barkov ainsi que les défenseurs Olli Maatta et Sami Vatanen.
Treize des 23 joueurs de l’équipe sont âgés de 25 ans ou moins. La formation est particulièrement jeune à la ligne bleue, ce qui pourrait accentuer la pression sur les gardiens Tuukka Rask ou Pekka Rinne.
L’avenir du hockey finlandais est prometteur. Mais le temps n’est peut-être pas encore venu de soulever le trophée emblématique de la Coupe du monde de hockey.
Russie
Avec des joueurs tels Alex Ovechkin, Evgeni Malkin, Vladimir Tarasenko et Nikita Kucherov, il n’y a peut-être aucune équipe à la Coupe du monde qui compte une attaque aussi explosive que celle de la Russie. C’est d’ailleurs souvent le cas avec la Russie, ce qui n’a pas empêché l’équipe de se contenter d’une décevante cinquième place aux Jeux olympiques de Sotchi, devant ses partisans.
Mais cette formation compte plus de profondeur grâce à un ajout de jeunes vedettes comme Kucherov, 23 ans, Tarasenko, 24 ans, de même que Arteni Panarin, vainqueur du trophée Calder la saison dernière, et Evgeny Kuznetsov, le meilleur marqueur des Capitals de Washington avec 77 points.
Au-delà du vétéran du Canadien Andrei Markov, la défensive sera très jeune et il existe des doutes sur la valeur des gardiens Semyon Varlamov et Sergei Bobrovsky, qui ont tous deux connu des saisons en montagne russe en 2016.
Le talent est là, mais il faut savoir s’il sera possible d’instaurer une cohésion qui permettra au groupe de connaître du succès.
Europe
Équipe Europe est un amalgame de joueurs venant de huit nations différentes : la France, le Danemark, la Slovaquie, la Slovénie, la Susse, l’Autriche et la Norvège. Et cette formation réunit plusieurs étoiles pâlissantes, à commencer par Zdeno Chara (39 ans), Marian Hossa (37 ans), Marian Gaborik (34 ans) et Thomas Vanek (32 ans).
Il est peu probable que ces vétérans auront suffisamment d’énergie pour représenter une menace. C’est surtout le cas à la ligne bleue où Chara comptera sur le soutien de Mark Streit, 38 ans, Dennis Seidenberg, 35 ans, et de Christian Ehrhoff, 34 ans.
Anze Kopitar, le nouveau capitaine des Kings de Los Angeles, offre à Équipe Europe un joueur de centre polyvalent, qui excelle dans les deux sens de la patinoire, mais le soutien offensif ne sera probablement pas suffisant pour lui permettre de connaître du succès.
Jaroslav Halak devrait offrir une solide alternative dans les filets de l’équipe, mais il n’y a pas assez de talent au sein de cette formation pour croire qu’elle puisse aspirer aux grands honneurs.
République tchèque
Si Équipe Europe a peu de talent à l’attaque, la situation est peut-être pire encore au sein de la République tchèque, une jeune formation qui semble la moins puissante sur papier.
Les espoirs de l’équipe reposeront beaucoup sur le gardien Petr Mrazek, l’un des meilleurs dans la Ligue nationale pendant la première moitié de la saison 2015-2016. Si Mrazek multiplie les performances de qualité, la République tchèque pourrait causer des surprises.
Mais ça demeure improbable.
La République tchèque n’a pas le talent du Canada, ni la profondeur des États-Unis et d’Équipe Europe, surtout à la suite du désistement du centre David Krejci. L’attaque sera centrée autour de Jakub Voracek, appuyé par les jeunes David Pastrnak et Tomas Hertl, de même que Milan Michalek et Ales Hemsky, deux vétérans vieillissants.
La brigade défensive est l’une des moins bien établie, avec Roman Polak, Zbynek Michalek et Zndrej Sustr.