Certains pensent que la philosophie ne sert à rien. En revanche, d’autres pensent que Plekanec est essentiel à Canadien. Faudra s’avouer un jour que le monde est fait de toutes sortes de monde. N’empêche, à la suite des récents déboires de Canadien, je me suis demandé si la philosophie ne pouvait pas nous permettre de mieux comprendre ce qui arrive (ou n’arrive pas) à la formation que dirige Claude Julien.
Et c’est alors que j’ai repensé à mes lectures collégiales sur le thème de l’enfance, à commencer par Émile ou De l’éducation, un ouvrage publié par le philosophe Jean-Jacques Rousseau en 1762. Jean-Jacques y explique les stades de la formation des humains et s’attarde notamment sur l’enfance. Selon lui, avant 12 ans, les humains devraient tirer leurs apprentissages de la nature, sans être pervertis par la culture, ou encore par les enseignements d’un maître (lire coach).
Et j’ai l’impression que la jeune équipe que forme Canadien traverse actuellement cette période de sa vie : l’enfance. Elle n’a que faire des enseignements donnés par Claude Julien : les joueurs se laissent guider essentiellement par leurs sens, dont certains par celui du hockey.
Claude Julien, lui, a tendance à se prendre pour René Descartes. Le beau (pas tant) René avait de l’enfance une vision nettement moins poétique. À ses yeux, il valait mieux sortir au plus vite de cet âge de la vie, qui représentait une période qui ne permettait pas aux humains de voir le monde tel qu’il l’est, aveuglés qu’ils sont à ce moment-là par leurs sens, justement.
Puis, vous vous en doutez, Descartes disait que le remède idéal pour sortir de l’enfance était le doute, voire le doute radical. Or, il faut reconnaître que Claude Julien n’est pas équipé intellectuellement pour douter. La preuve : il ne doute jamais de lui lorsqu’il jumelle Jordie Benn à Shea Weber sur la première paire de défense de Canadien.
En y réfléchissant bien, il m’apparaît clair que, pour Claude Julien, la solution passe par la lecture d’un autre philosophe : Henri Bergson. Il doit s’approprier sa notion d’intuition philosophique et l’appliquer à Canadien : oui, la raison et les statistiques avancées permettent de voir et de comprendre le monde, mais l’intuition aussi. Dans le sens commun, ça s’appelle se fier à son pif, en fonction des circonstances et du moment présent. Ce qui fait que, si j’étais Claude, j’habillerais, une fois venus les soirs de match, seulement ceux que je sens qui veulent vraiment, à ce moment précis-là, embarquer sur la glace et jouer comme des enfants à la patinoire du coin. Pis, je jouerais avec deux next maximum, comme au cosom.
J’irais aussi rechercher Markov. Ça, on appelle pas ça de l’intuition, toutefois : juste le gros bon sens.