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Loque Richardson

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Mon premier réflexe, lorsque j’ai vu la nouvelle de l’embauche de Luke Richardson par Canadien, fut de googler le bonhomme. Le résultat qui est sorti en tête de liste fut la page de ses statistiques que lui consacre le site web de référence intitulé The Internet Hockey Database. Le gars a joué 1 417 matchs dans la Ligne nationale. C’est impressionnant. Il a cumulé 166 passes, ce qui l’est un peu moins, ainsi qu’un maigre total de 35 buts, ce qui ne l’est pas du tout. Une loque, quoi.

À sa défense, c’est un défenseur, me direz-vous. Ouais, ben partez-moi pas là-dessus. Paul Coffey était un défenseur aussi. Il a joué 1409 matchs, compté 396 buts et comptabilisé 1 135 passes pour un total de points qui dépasse son nombre de matchs joués: 1531 points. Le débat est pas mal clos, je pense: même dans le repêchage de joueurs retraités à titre d’entraîneur, Canadien est supra poche.

En revanche, l’intellectuel en moi pense que Marc Bergevin est peut-être simplement un fidèle lecteur de la philosophe, psychologue et féministe américaine Carol Gilligan. C’est à elle qu’on doit dans les années 1980, la promotion de l’éthique du care (ou éthique de la sollicitude, pour les Christian Rioux de ce monde), qui tend à devenir un véritable buzzword ces jours-ci.

Derrière l’éthique du care, on trouve l’idée de la valorisation de la coopération au détriment de la compétition, en plus des notions d’attention, d’empathie, de prodigation de soins, sans oublier l’acceptation de sa propre vulnérabilité – qui serait une force constituante de la vie humaine, selon Gilligan. La gérontologie reconnaît d’ailleurs l’importance de cette éthique dans l’accompagnement bienveillant en fin de vie.

Et pour cela, Luke Richardson nous apparaît être assis dans la bonne chaise : celle du défenseur poche engagé pour venir en aide de manière compréhensive à une défensive poche. Dit autrement, c’est l’idée de prendre soin de l’autre en accord avec ce qu’il est, non pas contre lui.

Canadien, qui s’est fait marquer des buts à profusion ces dernières années, sera donc coaché défensivement par un gars qui a cumulé des saisons avec, dans la colonne des +/-, les statistiques suivantes : -25, -15, -1, -28, -9, -18, -13, -26, -27, -3, -16, -11, -18, -1 et -3, le tout entrecoupé de quelques saisons dans le positif alors qu’il évoluait au début des années 2000 pour les Flyers, qui étaient étonnamment bons.
Clairement, le gars risque de comprendre facilement comment se sent Karl Alzner lorsqu’il reviendra au banc la saison prochaine après avoir remis la rondelle à l’adversaire à la ligne bleue parce qu’il le trouvait gentil. Ou simplement trop bon pour essayer de le contourner.

Il lui dira : tu es un bel humain, Karl. C’est ça, le caring.

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