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Batty vise un podium à Mont-Sainte-Anne

Lori Ewing, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

TORONTO — Emily Batty s’est hissée 14 fois dans le top-5 en carrière sur le circuit de la Coupe du monde de vélo de montagne, dont trois fois au cours des dernières semaines.

Mais elle n’a jamais triomphé. La cycliste âgée de 30 ans originaire de Brooklin, en Ontario, tentera de mettre la main sur l’or ce week-end à Mont-Sainte-Anne, bien qu’elle soit la seule Canadienne à prendre part à cette épreuve de la Coupe du monde de vélo de montagne de l’UCI.

Mais avant de décrocher l’or, il faudra d’abord qu’elle effectue une longue et difficile ascension.

«Pour espérer y parvenir, il a fallu que j’adopte une approche unique et rigoureuse», a confié Batty.

Batty s’est fracturé la clavicule lors d’une randonnée d’entraînement quelques jours seulement avant la course aux Jeux olympiques de Londres en 2012, terminant éventuellement 24e. Quatre ans plus tard, à Rio de Janeiro, elle a franchi le fil d’arrivée à deux secondes seulement de la médaille de bronze. Ces deux résultats crève-coeur l’ont affectée énormément, si bien qu’elle s’est retrouvée dans une profonde dépression.

«J’ai beaucoup appris; je suis une athlète, mais aussi je suis plus humaine que ce que le monde croie, et j’ai traversé une sévère dépression qui fut, par moments, très sombre, a-t-elle admis humblement. J’ai encore de la difficulté à en parler. Je n’ai pas encore tout à fait tourner la page.»

Sa fracture à une clavicule a été un véritable choc pour une athlète qui est née et a grandi sur une ferme bovine et qui était «tout sauf fragile».

«Ça fait maintenant six ans et je suis encore très affectée par ça (la blessure) parce qu’elle m’a vraiment traumatisée», a-t-elle évoqué.

Batty est suivie par la psychologue sportive Kristin Keim depuis les Jeux de Rio.

«Je savais que j’étais suffisamment embourbée pour avoir recours à de l’aide d’une professionnelle, afin d’être guidée et de retrouver l’étincelle, a expliqué Batty. Est-ce que je suis encore déprimée? Non, j’ai de toute évidence tourné la page. Mais le fait est que la motivation est une émotion, et tu dois composer avec le fait d’être une athlète; ce n’est pas toujours glorieux, comme les gens le croient, ça c’est certain.»

À l’aube de l’épreuve à Mont-Sainte-Anne, Batty, qui est dirigée par son mari Adam Morka, est au sommet de sa forme après avoir obtenu trois tops-5 consécutifs en Coupe du monde — l’argent en Italie, une quatrième place en République tchèque et une cinquième position à Andorre.

Elle adore le parcours de Mont-Sainte-Anne. Le plus vieux circuit de la Coupe du monde est reconnu pour ses éléments techniques naturels, tels que les racines et les champs rocailleux. Ce sera également le site des Championnats du monde de 2019.

L’or olympique dans deux ans à Tokyo figure également parmi la liste d’objectifs de Batty, mais dans un sport où les femmes atteignent leur plein potentiel vers la fin de la trentaine, la principale intéressée reconnaît que ce ne sera pas sa dernière opportunité de se retrouver sur le podium aux JO. Sa compatriote Catharine Pendrel a 37 ans, tandis que la Norvégienne Gunn-Rita Dahle, la gagnante de l’épreuve du mois dernier à Andorre, a 45 ans.

«J’ai eu 30 ans le mois dernier, donc je sais que j’ai encore beaucoup de temps devant moi, c’est dans la nature de ce sport, il n’est pas régi par l’âge, a mentionné Batty, en piste dimanche. Tokyo approche à grands pas, et est-ce que je serai alors prête à prendre ma retraite? Jamais de la vie.»

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