Avec une saison des plus difficiles dans le rétroviseur, Carey Price se devait de bien amorcer celle-ci pour faire taire les détracteurs. Deux matchs et plusieurs arrêts spectaculaires plus tard, la question se pose. Le gardien du Canadien parviendra-t-il à extrapoler ces performances sur l’ensemble de la campagne et à justifier son contrat de 84 M$?
Parmi les gardiens ayant accumulé plus de 30 matchs devant le filet la saison dernière, Price a terminé avec le quatrième pire pourcentage d’arrêts du circuit (.900). C’est 12 points de moins que la moyenne de la ligue.
Le gardien de 31 ans s’est à peine mieux débrouillé sur le plan de la moyenne de buts alloués. Son score de 3,11 s’est classé au 37e rang sur 42 gardiens éligibles. Au final, comme bien des partisans du CH le savent, Price n’a remporté que
16 matchs sur 49.
Si Price gagnait le même nombre de parties cette saison, il remporterait très exactement 937 500 $ par victoire, sur la base de son nouveau contrat.
La pression de bien faire après la signature d’une nouvelle entente est venue peser sur le jeu de Carey Price, la saison dernière, selon l’analyste au Réseau des sports (RDS) et ancien gardien de but Marc Denis.
«Quand l’échec collectif se joint à l’échec personnel, le niveau de confiance est aléatoire, analyse-t-il. Pour un gardien de but, essayer d’en faire plus, c’est souvent synonyme de s’empêtrer.»
Rebondir
Price réussira-t-il à revenir à ses gloires d’antan? Les exemples de gardiens qui ont surmonté des années difficiles pour reprendre du poil de la bête ne manquent pas, en tout cas.
En 2016-2017, Marc-André Fleury a amassé des chiffres très similaires à ceux de Price l’an dernier : une moyenne de buts alloués de 3.02 et un pourcentage d’arrêts de .909. Un an plus tard, il menait son équipe en finale de la Coupe Stanley, surfant sur une saison régulière exceptionnelle.
Dans la même division, Sergueï Bobrovski a répété l’expérience deux fois plutôt qu’une. Après avoir laissé passer 10 % des tirs auxquels il a fait face en 2011-2012, à sa dernière année avec les Flyers de Philadelphie, il a remporté le trophée Vézina avec les Blue Jackets de Columbus en 2012-2013. Son deuxième trophée du meilleur gardien, en 2017-2018, a été obtenu un an après qu’il eut terminé sa campagne avec une moyenne de buts alloués de 2.75.
Déjà-vu
Price lui-même a démontré qu’il peut changer de visage de saison en saison. En 2012-2013, lors de la saison écourtée, il a laissé 2,6 rondelles par match franchir la ligne des buts. Lors des quatre saisons suivantes, il a alloué en moyenne 2,2 buts par 60 minutes.
Et en 2014-2015, la saison qui lui a valu un trophée Vézina et un trophée Hart du joueur le plus utile, le gardien canadien a commencé la saison avec un pourcentage d’arrêts de seulement .909.
La formule est simple pour répéter des performances du genre, soutient M. Denis. «Je ne veux pas faire de la psychologie à cinq sous, mais il doit être en paix avec sa situation. Un des grands défauts de ce gardien de but, c’est son caractère bouillant qui le fait sortir de ses gonds. S’il est en mesure de se maîtriser, ce sera un facteur prédominant pour qu’il connaisse une bonne saison.»
Le facteur défensif
Si le directeur général du Canadien, Marc Bergevin, se félicitait de ses acquisitions défensives au début de la saison dernière, il est resté plus calme cet été. Résultat: avec son capitaine et pilier défensif, Shea Weber, sur la touche pour une bonne portion de la saison, le Canadien devra se fier à une brigade très volatile.
Marc Denis s’attend à ce que Price soit laissé à lui-même à quelques reprises, mais rappelle que c’est le travail du gardien de «se tourner vers soi-même».
«En accomplissant son propre rôle, qui est bien différent de tous les autres sur la patinoire, il peut être en mesure de rebondir, observe-t-il. Manifestement, le Canadien n’a pas une défensive reluisante et expérimentée. Dans ce contexte, ce sera le défi de Carey Price.»
La reconstruction compliquée du genou de Price il y a deux saisons ainsi que son âge n’inquiètent aucunement Marc Denis. Il suffit de considérer le cas de Pekka Rinne, des Prédateurs de Nashville, fait-il remarquer.
«Au début de la trentaine, Rinne a eu une chirurgie très importante aux hanches, rappelle l’analyste de RDS. Et à 35 ans, il a réussi à graver son nom pour la première fois sur le trophée Vézina.»