Ils ont tous les deux remporté une médaille d’argent aux Jeux olympiques de Pyeonchang. Et pourtant, leurs récompenses ne pourraient avoir une signification plus différente. Retour sur l’événement marquant de l’hiver dernier avec le planchiste Maxence Parrot, décoré en slopestyle, et Mélodie Daoust, membre de l’équipe canadienne de hockey féminin qui s’est inclinée en fusillade contre les Américaines dans le match pour la médaille d’or.
Maxence Parrot
Max Parrot a l’habitude des podiums, que ce soit en Coupe du monde ou aux X Games, mais une récompense manquait à sa collection. L’objectif premier aux Olympiques: gagner une médaille. «Qu’elle soit or, bronze ou argent, ça ne me dérangeait pas», raconte l’athlète de Bromont, relégué au cinquième rang à Sotchi.
Qu’est-ce que cette médaille d’argent représente pour vous?
Je suis content d’avoir ramené une médaille. Ç’a été mission accomplie pour moi. Maintenant, je peux dire que je suis médaillé olympique jusqu’à la fin de mes jours, ce qui est vraiment cool.
Ça représente surtout ma [troisième descente en slopestyle]. Sur mes deux premières, je suis tombé parce que je voulais faire deux triples de suite. Après l’avoir essayé deux fois [sans succès, je me suis dit]: «C’est quoi les chances que je réussisse la troisième fois?»
J’aimais mieux revenir avec une médaille d’argent ou de bronze que ne revenir avec rien, donc j’ai un peu downgradé ma troisième descente. Je pense que c’était une sage décision et ç’a bien marché. Je suis fier d’avoir réussi à prendre cette décision malgré la pression.
«Je m’assure toujours, pour chaque descente, de n’avoir aucun regret.» – Maxence Parrot
Vous n’avez pas l’impression d’avoir échappé l’or…
Non, pas du tout. Je m’étais laissé deux chances pour m’assurer la médaille d’or. Donc, ma troisième descente était très stratégique. Je ne visais plus nécessairement l’or, donc je ne l’ai pas échappé.
Ç’a été surprenant de vous voir gagner une médaille en slopestyle, mais pas en big air. Est-ce que vous avez risqué plus gros pendant cette deuxième épreuve?
Oui, c’est sûr que j’arrivais avec une mentalité différente. Mon but des Olympiques était déjà accompli. Je m’imaginais avoir deux médailles d’argent autour du cou et ça ne changeait rien dans ma tête. Je me suis dit: «Écoute, on l’a joué safe au slopestyle; on va se permettre d’y aller pour le big air.» Ça m’a pris plusieurs jours à penser à ma stratégie, mais je me suis permis d’y aller pour l’or. Finalement, ça n’a pas marché, mais je n’ai aucun regret. J’ai bien joué mes cartes.
Vous avez bâti votre réputation en exécutant des sauts inédits. Quel est le prochain auquel vous allez vous attaquer?
Durant l’année olympique, je n’ai pas vraiment utilisé ma création et je me suis concentré sur la compétition. Cette année, mon but est de recommencer à créer du contenu et des manœuvres jamais faites. J’ai des idées en tête, mais je n’en parle jamais tant que ce n’est pas fait (rires).
Mélodie Daoust
Joueuse par excellence du tournoi olympique, Mélodie Daoust a tout fait pour permettre au Canada de remporter une cinquième médaille d’or consécutive. Y compris marquer un but spectaculaire lors de la très stressante séance de tirs de barrage qui a décidé de l’issue de la finale. Le sort (et les deux buts de l’Américaine Jocelyne Lamoureux) en aura cependant voulu autrement et pour la première fois depuis 1998, le Canada a dû se contenter de l’argent en hockey féminin.
Malgré la défaite, quel souvenir conservez-vous de votre expérience?
Le premier souvenir que j’ai de Pyeonchang, c’est l’équipe qu’on avait. C’est l’une des équipes dont j’ai fait partie qui avait la meilleure chimie sur la glace et hors glace. C’est ce qui nous a tenues du début à la fin. Tout le monde s’entendait bien, il n’y avait aucun drama. Quand je parle d’une équipe sportive qui a une bonne chimie, je fais référence à Pyeonchang.
C’est sûr qu’on essaie d’oublier comment ça s’est terminé, mais, en même temps, on veut s’en rappeler juste assez pour pouvoir continuer à se pousser à l’entraînement. Pour que ça nous drive un peu chaque jour pour que, dans quatre ans, on soit là où on veut être et qu’on revienne avec la médaille qu’on veut avoir.
«La défaite laisse un goût amer, mais, en même temps, t’apprend beaucoup de choses sur la vie.» – Mélodie Daoust
Est-ce possible de tout de même savourer votre médaille d’argent?
Dans un sport comme le hockey, c’est très difficile, surtout au Canada. Mais quand on y pense, dans tous les autres sports, les fans sont vraiment contents d’une médaille, peu importe la couleur. C’est ce que j’ai réalisé en revenant de Pyeonchang. J’étais un peu gênée de montrer ma médaille d’argent alors que j’avais eu l’or à Sotchi. Mais quand tu montres une médaille aux enfants, ils se foutent un peu de la couleur. Juste d’aller aux Jeux olympiques, c’est incroyable pour eux. De là à dire que j’ai gagné la médaille d’argent… ça, je ne suis pas encore capable de le faire.
Est-ce que la défaite a pu avoir du bon pour Équipe Canada?
Je crois que oui. L’arrivée de Gina Kingsbury comme directrice générale [l’été dernier] est un grand accomplissement pour Hockey Canada. Perry Pearn, qui est maintenant entraîneur en chef, apporte aussi beaucoup d’expérience. Je crois qu’on est de plus en plus complètes. On est en train de se réinventer et on prend les moyens pour être là où on veut dans quatre ans. On n’y sera peut-être pas demain, mais on prend les moyens qu’il faut pour redevenir une équipe qui gagne l’or chaque fois.