Il s’en trouve plusieurs parmi vous pour affirmer, faits et statistiques à l’appui, que Canadien connaît une saison médiocre parce qu’il est médiocre.
Mais qu’en est-il vraiment à la lumière d’opinions éclairées? On le sait, l’objectif de la direction du Club de hockey Canadien est clair à chaque début de saison. Faire les séries minatoires. Toutefois, est-il utile de rappeler que, pendant celles-ci, les joueurs ne sont pas payés? Se pourrait-il qu’ils en aient soupé de cette situation? Imaginez. Jouer 82 matchs pour espérer en jouer 28 de plusse, gratuitement. Accepteriez-vous, vous, de travailler bénévolement ? Nous, en tout cas, on accepterait jamais d’écrire gratuitement, même sur un blogue.
Se mettre le casque dans la bande
Pendant ce temps, que fait le syndicat des joueurs de la Ligne nationale de hockey? Il joue au commotionné et se met le casque dans la bande. Mais la question mérite d’être posée. Comment fait-il pour s’endormir le soir sans avoir peur de faire un cauchemar quant au fait que, pendant les séries minatoires, les joueurs jouent gratisse et que c’est encore une fois l’entreprise capitaliste sale qui engrange les profits avec des amphithéâtres pleins? Vous avez raison. Probablement qu’il couche avec les propriétaires de la grosse ligne avant de faire dodo; faire l’amour facilite le sommeil.
Interrogé sur le sujet par Métro lors de son passage (mettons) jeudi au lancement du Huffington Post Québec, le directeur général de Canadien, Pierre Gauthier, venu encourager Arianna, s’est défendu d’exploiter les joueurs en séries minatoires, car ceux-ci «fournissent du bon contenu et, en échange, nous leur offrons une audience, une interaction avec une large communauté».
Mais Canadien ne serait-il pas en train, non pas de connaître une saison médiocre parce qu’il est médiocre, mais bel et bien de se rendre compte par lui-même de sa position sociale et de sa capacité à agir pour développer ses intérêts et se révolter? Est-il possible que le grand soir visé ne soit plus celui de la conquête matérialiste de la Stanley, mais celui du triomphe d’une conscience de classe? Poser la question, c’est au moins la poser. Bon. On va appeler Ron pour lui demander ce qu’il pense de ça.