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Nom: Béliveau Prénom: Monsieur

Vie et mort d’un homme modèle. C’est le premier titre de chronique qui m’est venu à l’esprit. Mais à force d’entendre les échos du corridor, les hommages à la radio et les éloges à la télé, j’ai bien compris qu’on ne pouvait mieux le saluer qu’en lui donnant le plus beau et le plus vrai des qualificatifs: Monsieur. Monsieur Béliveau…

Si Maurice Richard fut sacré «l’idole d’un peuple», aujourd’hui, il est incontestable que le modèle de ce même peuple fut nul autre que Monsieur Béliveau. En connaissez-vous beaucoup des personnalités publiques qui ont affiché, en 65 ans de vie publique, une fiche impeccable? Oui, i-m-p-e-c-c-a-b-l-e. Sans la moindre trace d’un sombre épisode. Soyez dispensé de recherche, voici un cas unique.

Jean Béliveau fut un joueur de hockey au talent exceptionnel. Les chiffres et la légende sont là pour le confirmer. Mais il y avait plus que ça.

Tellement plus que ça.

Droit comme un chêne. Solide et franc. Sûr de lui et parfaitement conscient de sa valeur. Sans jamais montrer la moindre pointe d’arrogance ou de vanité. Tout jeune, à Québec, il a attendu quelques années avant de joindre officiellement les rangs du Canadien. Parce qu’il voulait dûment remercier les partisans de la capitale de leur appui indéfectible, il avait choisi de demeurer un peu plus longtemps avec eux. Attiré par le prestige de la grande ville qui jouait dans une grosse ligue, il aurait bien pu succomber en acceptant le premier salaire correct qu’on allait lui proposer. Pourtant, quand est venu le moment de poursuivre sa carrière ici, c’est à ses conditions qu’il l’a fait. Et pas à rabais. Fier vous dites? La vingtaine toute neuve, l’homme commandait déjà le respect.

Il n’avait pas à l’exiger, ce respect allait de soi.

Ensuite, quand il est devenu capitaine de son – de notre – équipe, il a fixé très haut les standards d’excellence inhérents à une telle fonction. Sur la patinoire comme dans la communauté. À ce chapitre, personne ne s’est même approché de lui depuis. Bon pour ses coéquipiers comme avec le public qui en redemandait sans cesse. Plutôt que de se laisser impressionner lui-même par son immense stature, l’homme avait choisi de s’impliquer auprès de tout un chacun. En ne comptant pas ses heures, ni ses correspondances manuscrites, ni ses appels pour encourager des parfaits inconnus qui traversaient des mauvais moments. De la bonté pure.

Il aurait pu faire étalage de sa générosité, capitaliser mille fois sur ses bons coups, profiter de sa célébrité pour se bâtir un monument à la hauteur de ses accomplissements. Il ne l’a pas fait.

Aujourd’hui, les témoignages et les anecdotes personnelles fusent de partout. Parmi nous, un homme bon est passé. Désormais, un Monsieur va nous manquer. Tellement…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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