Dans le football moderne et les excès qui le caractérisent, rares sont les entraîneurs qui brillent davantage que les méga-stars qu’ils dirigent.
Sir Alex Ferguson, Arsène Wenger, José Mourinho et Pep Guardiola ont été parmi les rares à s’élever au-dessus de la mêlée au cours des dernières décennies, réussissant à imposer des projets plus forts et durables que les énormes ego qui composaient leur vestiaire.
À Marseille, où les grands héros du ballon rond se sont faits rares ces dernières années, l’Olympique de Marcelo Bielsa fait vibrer ses supporters, complétant en tête de classement la première moitié d’un calendrier qui avait pourtant mal commencé.
Si son équipe séduit sur les pelouses de la Ligue 1, avec son style aussi racé qu’efficace, Bielsa, le personnage, fascine sur les lignes de touche et dans les salles de presse. Parfait antihéros, celui qu’on surnomme affectueusement El Loco (Le fou) est une source inépuisable de situations savoureuses, avec sa dégaine maladroite et son franc-parler, toujours teinté d’une certaine candeur. On n’a qu’à penser à cette fameuse glacière qui lui sert de banc au cours des matchs, sans parler des multiples épisodes surréalistes avec la presse locale, dont la relation avec l’entraîneur argentin semble se composer à parts égales de respect et de curiosité.
Des excentricités qui font évidemment les choux gras des bulletins de nouvelles et des réseaux sociaux, mais qui ont surtout le bénéfice de libérer ses joueurs d’une attention médiatique parfois toxique, dans un marché aussi difficile.
Bien qu’il ne soit pas exagéré d’affirmer qu’à la mi-saison, les Marseillais soient les favoris pour remporter le championnat français, leurs défaites devant les «autres grands» (Lyon, PSG et Monaco) restent un point d’interrogation. La bonne nouvelle pour Bielsa et ses hommes, c’est qu’au deuxième tour, ces trois rivaux seront en visite au Stade Vélodrome, devenu une véritable forteresse pour l’OM, qui n’y a subi qu’une défaite depuis le début de la campagne (contre Montpellier).
Rénovée avant le début de la présente campagne et pouvant accueillir plus de 67 000 spectateurs, la mythique enceinte marseillaise a vu plusieurs records d’assistance être battus au rythme des succès de l’OM, qu’on semble attribuer de façon unanime à Bielsa. Les bouillants supporters des Virages Nord et Sud n’hésitent d’ailleurs pas à lui dédier d’impressionnants tifos, fait plutôt rare pour un entraîneur.
Idole
Marcelo Bielsa, qui a su gagner le cœur des Chiliens lors de ses années à la tête de La Roja, où son héritage footballistique rayonne toujours, est aujourd’hui en voie de devenir une idole dans le sud de la France.
- Il pourrait d’ailleurs remporter enfin un premier titre européen avec Marseille. En attendant, la cité phocéenne se laisse bercer par une douce folie.