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Canadien victime de l’austérité

Si nous étions le premier ministre Philippe Couillard, nous serions d’avis qu’il y a peut-être, pour son gouvernement, quelques leçons à tirer de l’élimination de Canadien contre Tampa en 6, au-delà de la nécessité de «trader right f&?%$# now» Tomas Plekanec. À commencer par le besoin d’analyser cette série à l’aune des mesures d’austérité qu’il s’affaire à appliquer à la société québécoise depuis le début de son mandat.

D’abord, faire plusse avec moins, on l’aura compris, ça ne fonctionne pas du tout. Soyons clairs: on ne peut pas gagner un match si notre adversaire compte plus de buts que nous; on peut encore moins remporter une série contre une équipe qui gagne davantage de matchs que nous. En mathématiques, c’est ce qu’on appelle la «real things law» ou le principe des vraies affaires.

Ensuite, Carey Price a déclaré en point de presse d’après-match, mercredi, qu’il prenait une bonne partie du blâme de l’élimination de son équipe. Or, Canadien, sans Price, n’aurait sans doute pas fait les séries minatoires. En agissant ainsi au sein d’une formation qui ne peut en faire plusse que ce qu’elle fait déjà avec le peu de moyens dont elle dispose, Price a fait preuve d’esprit sportif. Or, le gouvernement du Québec cherche précisément à faire le contraire: fragiliser les liens sociaux et faire régner la liberté individuelle. Il serait donc bien pour lui de noter que «vouloir faire plusse avec moins», non seulement c’est impossible, mais ça peut même nourrir un esprit sportif.

L’austérité doit faire place à la relance
Reste à espérer que les dirigeants de Canadien, tentés par l’appât du profit à l’image du Parti libéral du Québec, ne fassent pas tendre la masse salariale de l’équipe vers le plancher plutôt que vers le plafond salarial la saison prochaine. S’il est vrai qu’un joueur bien moins payé que Plekanec peut en faire aussi peu que lui, voire même un peu plus, il n’est pas dit que ce joueur accepterait de porter le col roulé. Et un col roulé, on trouve ça joli.

Cela dit, ce qui est rassurant pour M. Couillard et ses volontés politiques, c’est l’absence de projet de société réel de Canadien, à l’image de la société québécoise. Bien sûr, l’article 1 du programme de Canadien est la réalisation de la conquête de la Coupe Stanley, aussi souvent que possible. Mais Canadien n’en parle jamais vraiment; au mieux, il dit qu’il est important de faire les séries minatoires, puisqu’une fois rendu dans le tournoi printanier, «on sait jamais ce qui peut arriver».

Ce qu’on sait toutefois, c’est que Canadien gagnait pas mal plusse de Stanley avec moins d’équipes dans la ligne. Comme quoi l’austérité peut parfois avoir de bons côtés malgré tout.

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