MONTRÉAL – En faisant l’acquisition du groupe Interbox, Eye of the Tiger Management compte bien mousser l’intérêt des Québécois pour la boxe en créant une rivalité avec l’autre grande organisation de boxe de la province, le Groupe Yvon Michel.
«À l’époque, est-ce que quelqu’un s’est plaint de la rivalité entre le Canadien et les Nordiques?» s’est questionné le président d’EOTTM, Camille Estephan, à l’occasion d’une conférence de presse tenue mercredi pour officialiser la vente d’Interbox à son groupe.
Il ne faut toutefois pas voir dans cette boutade la volonté d’Estephan de polariser le monde de la boxe au Québec. Loin de là.
Le principal intéressé a assuré que l’achat d’Interbox — une transaction évaluée à 150 000 $, selon La Presse Plus — n’allait pas entraîner une lutte territoriale entre Québec et Montréal, même si GYM a signé au début du mois de juin un partenariat de trois ans avec le groupe Gestev, qui est responsable de la gestion des événements au Centre Vidéotron.
«Est-ce que Yvon Michel va organiser des galas à Montréal? Possiblement. Est-ce que je vais organiser des galas à Québec? Possiblement. Ce n’est pas territorial. C’est tout simplement une question de disponibilité de l’amphithéâtre, a évoqué l’homme d’affaires d’origine libanaise. Toutes mes décisions seront basées sur ce qui est préférable pour les boxeurs et les amateurs de boxe du Québec. Si je dois faire des affaires avec Yvon Michel pour y parvenir, alors je n’y vois pas de problème.»
En ce sens, Estephan n’a pas caché qu’il aimerait bientôt pouvoir organiser le combat tant attendu entre son nouveau poulain, Jean Pascal, et le boxeur vedette de GYM, Adonis Stevenson.
«Vous me connaissez, j’ai toujours voulu organiser des combats locaux, a rappelé Estephan. (…) Je pense que les gens veulent voir ce combat-là (Pascal-Stevenson), ce serait l’un des plus grands combats locaux qu’on pourrait organiser. Est-ce qu’on peut le réaliser? Ça dépend. Il faut s’assurer que Jean et Adonis soient heureux là-dedans, tout comme Yvon Michel et moi, ainsi que les réseaux de télévision. Un jour, j’espère qu’on pourra livrer ça, c’est sûr.»
Il ne faut toutefois pas s’attendre à une annonce en ce sens de sitôt. Stevenson doit affronter Thomas Williams dans un combat de championnat des mi-lourds de la WBC au Centre Vidéotron de Québec, le 29 juillet.
Entre-temps, s’il souhaite concrétiser ce combat, Estephan devra régler les frictions entre Michel et lui. En février 2015, GYM avait notamment déposé une poursuite, en Cour supérieure du Québec, pour des dommages de 1,35 million $ contre Estephan et le boxeur David Lemieux, et celle-ci s’est réglée hors cour en mai dernier.
Interbox ne disparaîtra pas
La vente d’Interbox à EOTTM comprend les droits des trois derniers boxeurs sous contrat avec Interbox, soit Pascal, Junior Ulysse et David Théroux, ce qui signifie que la nouvelle entité compte maintenant 13 boxeurs sous contrat. Les agents de promotion Éric Lucas et Ian Edery font également partie de la transaction.
Estephan a ajouté que la bannière Interbox ne disparaîtra pas du paysage pugilistique québécois.
«J’ai la ferme intention de garder la marque Interbox bien active avec ses boxeurs actuels ainsi qu’avec d’autres que je compte bientôt ajouter, a mentionné Estephan. Nos discussions ont principalement été axées sur la philosophie et sur la vision à mettre en place pour le bien de la boxe et des athlètes.»
D’autre part, Estephan a tenu à remercier le président et chef de la direction du groupe Sportscene, Jean Bédard, pour son implication dans le monde de la boxe québécoise au fil des ans.
«Jean a amené la boxe québécoise sur la scène internationale et, grâce à lui, on peut maintenant comparer Montréal à des villes telles que Las Vegas et New York, a-t-il souligné. On prend maintenant le flambeau de la boxe québécoise et c’est à nous de le porter bien haut.»
Selon Bédard, cette décision permet de réaliser deux objectifs importants, soit la poursuite du programme de modernisation de la chaîne de restaurants La Cage et la pérennité du nom Interbox.
Bédard s’est dit confiant que Estephan et son équipe prendront bien soin de l’héritage d’Interbox et de son avenir.
«Je suis très fier de tout ce qu’a accompli Interbox depuis 2005 et je remercie très sincèrement, les employés et aussi les boxeurs, qui ont contribué à faire d’Interbox, une marque reconnue, appréciée et respectée dans tout l’univers de la boxe» a-t-il confié.
Fondée en 1997 par l’Allemand Hans-Karl Muhlegg et acquis en 2005 par Sportscene, Interbox a lancé la carrière de plusieurs pugilistes, notamment Éric Lucas et Lucian Bute.
EOTTM a pour sa part vu le jour en 2008 et compte dans ses rangs David Lemieux, couronné champion du monde des poids moyens de l’IBF le 20 juin 2015. Lemieux a toutefois perdu son titre quatre mois plus tard face à Gennady Golovkin.