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Un projet d’inclusion dans une école divise

Photo: Josie Desmarais/Métro

Des enseignants de l’école primaire Montcalm, dans Saint-Michel, défendent un projet pilote d’inclusion d’élèves en difficulté pourtant décrié par leur syndicat.

L’an prochain, les enfants d’une classe pour élèves avec des difficultés graves d’apprentissage (DGA) doivent être inclus dans le cheminement régulier dans le cadre d’un projet pilote. Le 26 avril, l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal a organisé une manifestation pour s’opposer à ce projet qu’elle qualifie de «fermeture» de classe spécialisée. «Que notre syndicat manifeste avec une centaine de personnes devant les bureaux mères de la CSDM, ça nous a scié les deux jambes, juge David Croteau, enseignant en musique à Montcalm, qui soutient le plan d’inclusion. Ça prend des proportions immenses.»

Rencontrées par TC Media, les trois enseignantes de sixième année qui doivent accueillir les 15 élèves de classe DGA dans leurs groupes dénoncent une désinformation de la part du syndicat. «Cette classe ne ferme pas, soutient Julie Corbeil. Le titulaire, qui est une orthopédagogue, au lieu d’avoir les élèves dans sa classe, va venir dans les nôtres pour suivre les élèves.» La CSDM leur a assuré que cette personne restera à temps plein à l’école Montcalm. Les quatre enseignants travailleront ensemble, avec tous les groupes.

Contrairement à ce qu’avance le syndicat, aucune inclusion n’est imposée, affirment les professeurs, qui ajoutent bien connaître les élèves et être convaincus qu’ils sont prêts. «On veut leur offrir des réussites, dit Linda Gosselin. Les élèves DGA le disent eux-mêmes, ils sont étiquetés et se trouvent moins bons que les autres enfants.»

«Depuis deux ans on se demande comment on peut amener nos plus forts à aller plus loin et aider ceux qui ont plus de difficulté. Le co-enseignement à quatre va nous amener beaucoup et l’inclusion [des élèves en difficulté d’apprentissage] va permettre plus d’enseignement par les pairs.» – Karine Jean-Bart, enseignante de sixième année, qui dit songer depuis longtemps à un tel projet.

L’alliance croit pour sa part que sous prétexte de ne pas stigmatiser les enfants, la CSDM «veut faire la démonstration qu’on n’a plus besoin des classes spécialisées et que tout peut fonctionner sans ressources supplémentaires», soutient la vice-présidente du syndicat responsable du dossier sur les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (HDAA), Frédérique Lecourt.

Karine Jean-Bart, la troisième enseignante, assure que «toutes les personnes qui vont toucher directement au projet sont d’accord». La CSDM et la direction appuient également la démarche. Le projet rencontre tout de même de l’opposition au sein même de l’école. Les enseignants s’y sont opposés en majorité lors d’un vote tenu en réunion syndicale. «Pour plusieurs, le changement fait peur et ils veulent garder leur façon de faire, rapporte Linda Gosselin. Même laisser entrer des orthopédagogues dans les classes, c’est difficile.»

Les professeurs de l’école Montcalm jugent que ce vote du syndicat qui s’oppose au projet pilote empiète sur leur souveraineté. «C’est notre autonomie professionnelle, ça regarde nous trois et l’orthopédagogue», souligne l’enseignante Julie Corbeil.

Un point de vue que ne partage pas la vice-présidente de l’Alliance, Frédérique Lecourt. «Un projet pilote, ce n’est pas anodin, dit-elle. Il y a une autonomie professionnelle, mais elle est collective parce qu’on peut affecter des ressources d’ailleurs dans l’école à ce projet.»

Tous font état de divisions au sein du personnel. «Il y a un climat de travail épouvantable, parce que les choses ont été mal faites. Ç’a été fait en catimini et pas de manière démocratique», dénonce Mme Lecourt, qui dit avoir appris le nom des écoles concernées par un journaliste du Devoir, alors qu’elle siège à un comité de la CSDM sur les élèves HDAA.

Les enseignantes sont toutefois confiantes que le projet pilote ira de l’avant à la rentrée. «La CSDM nous a offert par trois fois de reculer et on a refusé. Ça va se faire», certifie Mme Corbeil.

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