Soutenez

Gros plan sur les caméras corporelles des policiers

Le SPVM avait procédé à un projet pilote pour tester les caméras corporelles en 2016.
Photo: Collaboration spéciale

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) vient de terminer son projet pilote de caméras corporelles permettant de filmer les interventions de quelque 70 policiers. Il fera connaître ses résultats d’ici le début de l’année prochaine. Toronto est déjà passée par là et estime qu’un tel projet coûtera 85M$ sur 10 ans. En attendant les conclusions des policiers montréalais, voici celles de leurs collègues de Toronto.

1-Soutien interne
Globalement, chez les policiers de Toronto qui ont tenté l’expérience, le taux de soutien aux caméras corporelles est passé de 46 %, avant le début du projet pilote en 2015, à 58 % en 2016, selon le rapport rendu public au terme de l’expérience. Environ 61 % des policiers ont remarqué que les citoyens étaient moins querelleurs envers eux. Malgré tout, seulement 32 % d’entre eux ont déclaré que cela ferait une différence positive dans leur travail quotidien (27 % pensent que ce serait négatif). L’ajout de tâches administratives figure parmi les principales craintes. En effet, classer les images filmées ou en sélectionner certaines ampute la présence des policiers sur le terrain d’environ 39 minutes par quart de travail.

2-Soutien externe
Le soutien de la population a aussi été au rendez-vous à Toronto, où 94 % des 7500 personnes interrogées croient que cela rend la police plus imputable. Le taux de soutien est tout aussi assez élevé (85 %) chez les citoyens qui ont eu affaire avec des policiers munis de caméras. Le rapport souligne toutefois que la population n’est pas au fait que les contraventions pourraient augmenter avec la distribution de caméras corporelles à tous les policiers. En effet, les deux-tiers des agents indiquent craindre la perte de leur pouvoir discrétionnaire, qui leur permet d’éviter de donner de contravention dans certains cas. Une fois équipés de caméras corporelles, les policiers redoutent de devoir rendre plus de comptes à leurs supérieurs s’ils ne donnent pas suffisamment de contraventions. Bref, la camera corporelle rendrait les policiers plus «stiffs»!

3-Budget et fiabilité
Malgré plusieurs pépins techniques liés aux batteries déchargées et aux vidéos corrompues, le Service de police de Toronto a enregistré 3706 heures d’images, dont il faut parfois flouter les contours pour des raisons juridiques. Selon les calculs de Toronto, 28 % des 30 000 vidéos devront être gardées onze ans en vertu de la loi (37 % pendant 2 ans et 35 % pendant un an). Soulignons qu’aucune image n’a été utilisée devant un tribunal jusqu’à présent, mais cela a permis d’écarter six plaintes de citoyens. Si le projet est étendu à tous les policiers, la capacité de stockage nécessaire devra être de 5PB par an, soit l’équivalent d’environ 6 millions de CD-ROM. «Les coûts liés au stockage des images représentent environ 70 % du budget», souligne à Métro Mike Bursky qui a coordonné le projet pilote de Toronto.

4-Et ensuite?
La police de Toronto estime que l’investissement nécessaire au projet de caméras corporelles et les coûts d’opérations s’élèveront à 51M$ sur 5 ans. C’est sans compter les salaires supplémentaires, notamment ceux des techniciens. Toronto comptant 25 % plus de policiers qu’à Montréal, un projet similaire pourrait coûter à Montréal environ 38 M$ sur 5 ans. Néanmoins, Toronto croit que la technologie des caméras et du stockage ayant évolué depuis le début du projet pilote, la facture pourrait être moins élevée. «C’est pour ça qu’on va faire évaluer les différentes options technologiques actuellement sur le marché, telles que le stockage dans l’infonuagique», dit M. Bursky. Fait intéressant : ce travail sera coordonné par un Commissaire à l’équité indépendant pour s’assurer qu’aucune entreprise ne soit favorisée. Cela occasionnera un délai de 18 mois avant toute décision concernant le déploiement des caméras corporelles à grande échelle.

À Montréal
-Le SPVM a évalué deux modèles de caméras (Axon et Getac)
-L’un sur le terrain, l’autre en laboratoire
-Et deux options de stockage (infonuagique et hébergement local)
-Après le rapport en 2018, une consultation publique sera menée

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.