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Exit le stationnement et bonjour les piétons sur la nouvelle rue Sainte-Catherine

De très larges trottoirs, une seule voie de circulation et surtout aucun stationnement: voilà à quoi ressemblera la nouvelle rue Sainte-Catherine.

L’administration de la mairesse Valérie Plante a dévoilé jeudi la nouvelle vision pour le réaménagement de l’emblématique rue commerciale, entre les rues de Bleury et Mansfield. Un projet que Mme Plante qualifie de «plus cohérent et plus contemporain».

«On est arrivé au pouvoir et on s’est dit que cette rue-là, on la refaisait pour les 50 prochaines années. Les plans [de l’administration précédente] entretenait un certain statu quo. On a mis le statu quo aux poubelles», a-t-elle affirmé.

De leurs 3,2 mètres actuels, les trottoirs seront élargis de 60% pour atteindre 5 mètres du côté nord et 3,8 mètres du côté sud et ce, sans inclure l’espace qui sera réservé aux arbres et au mobilier urbain. «Si on veut qu’elle attire les foules, il faut avoir un parcours déambulatoire, une expérience piétonne», a énuméré la mairesse, qui souhaite redonner son souffle des années 1950 à l’artère. «À l’heure actuelle, seulement 60% des touristes visitent le centre-ville quand ils viennent dans la métropole. Nous voulons augmenter cette proportion à 80% et faire du centre-ville une des cinq destinations touristiques les plus fréquentées», a avancé Valérie Plante.

La seule voie de circulation automobile sera très large, soit de 6,2 mètres, pour permettre aux camions de livraison et aux véhicules d’effectuer de courts arrêts, sans bloquer le trafic. Deux autobus de la Société de transport de Montréal (STM) pourraient y passer côte à côte.

Pour éviter que les véhicules circulent à deux de large, des caniveaux ont été placés à 3,2 mètres d’écart pour créer un corridor et inciter les automobilistes à utiliser l’espace central.

Selon les évaluations de la Ville de Montréal, passer de deux voies à une seule aura peu d’impact sur la fluidité de la circulation. «Il suffit de se promener sur la rue Sainte-Catherine pour réaliser qu’il y a en général une seule voie et qu’on fait du slalom entre les camions et les autos qui sont stationnées en double», a justifié Mme Plante.

Les travaux d’aqueduc et d’égouts ont déjà commencé sur la rue Sainte-Catherine, mais le chantier de réaménagement sera lancé d’ici la fin de l’année pour se terminer en 2021.

Une somme de 123M$ est prévue au Programme triennal d’immobilisations pour cette première phase de réfection de la rue Sainte-Catherine. La facture a été réduite d’environ 20M$, après que la Ville eut décidé d’abandonner l’idée d’installer des trottoirs chauffants.

Le chef de l’opposition officielle, Lionel Perez, a estimé que l’abandon de ce concept «signature» faisait que le concept présenté jeudi «manque d’audace». «Le projet de Sainte-Catherine est avant tout un projet de développement économique. Laissez-moi émettre des réserves sur la vitalité économique pour les 50 prochaines années. On va enlever 140 places de stationnement sur ce premier tronçon, mais si on va de l’avant sur toute la longueur, ce sera 484 espaces de stationnement qui seront perdus», a-t-il déploré.

En 2015, l’administration de Denis Coderre, de laquelle a fait partie M. Perez, avait annoncé qu’il y aurait deux voies de circulation sur Sainte-Catherine, mais elle n’avait pas abandonné complètement les voies de stationnement. Des bandes multi-usages avaient été prévues de part et d’autre de la rue, permettant ainsi d’accueillir du stationnement des terrasses et des piétons, selon les saisons.

«Aujourd’hui, on enlève une certaine flexibilité. C’est un pari risqué parce que le commerce de détail est fragile», a soutenu le chef d’Ensemble Montréal.

L’administration de Valérie Plante ne s’est pas avancée sur la possibilité qu’un design similaire soit utilisé pour le 1,6 km de rue restant à rénover, entre les rues Mansfield et Atwater. «Avant d’aller de l’avant avec l’autre bout, il va y avoir une deuxième consultation publique», a indiqué la mairesse.

Du côté des commerçants, la nouvelle configuration a été très bien accueillie. «C’est très positif. Ce qu’on voit c’est attrayant et emballant. Est-ce qu’il y aura des accrocs en cours de route? Bien sûr, mais on va essayer d’aider l’administration pour que ce soit un succès», a souligné le directeur-général de Destination Centre-Ville, André Poulain.

Le directeur des opérations d’Antoine Laoun Opticien, Thomas Lipovac, fonde «beaucoup d’espoir» en ce nouveau plan. «On a hâte que ça change et que Montréal soit reconnu pour sa rue Sainte-Catherine. On a des craintes au niveau du stationnement, mais il y a une communication ouverte entre Mme Plante et les commerçants, ce qu’il n’y avait pas auparavant.»

Le Conseil régional de l’environnement de Montréal, le Centre d’écologie urbaine de Montréal, Vélo Québec et Vivre en vire ont tous applaudi le projet révisé de la nouvelle rue Sainte-Catherine. Ces organismes regroupés au sein de l’Alliance pour un nouveau partage de la rue Sainte-Catherine ont particulièrement apprécié l’élargissement des trottoirs et l’espace désormais restreint accordé aux voitures.

Une grande place sur McGill
L’administration a aussi dévoilé sa vision pour les alentours de l’artère. La mairesse a notamment évoqué la création de la promenade Victoria, qui sera formé d’un chapelet de parcs publics entre le square Victoria et l’Université McGill.

Toutefois, c’est l’avenir de l’avenue McGill College qui a retenu l’attention puisqu’elle deviendra entièrement piétonne entre la place Ville-Marie et la rue Sherbrooke, sur le modèle d’une grande place publique. «La fréquentation automobile n’est pas si importante. On a le potentiel d’avoir une vue sur la montagne et d’en faire une des places les plus importantes en Amérique du Nord», a expliqué Valérie Plante, qui a nommé l’intersection de McGill et Sainte-Catherine «l’hypercentre de Montréal».

Une consultation publique se tiendra l’hiver prochain pour sonder citoyens et commerçants sur la formule à adopter pour ce lieu public. «La rue McGill sera piétonne, mais les rues de Maisonneuve et Sherbrooke seront ouvertes à la circulation. Ce sont des rues de transit alors il faut aussi aller en fonction des différents usagers», a poursuivi Mme Plante.

Cette nouvelle place ne verra toutefois pas le jour bientôt. «J’aimerais commencer les travaux en 2022», a avancé la mairesse. Des travaux importants doivent être réalisés sur cette rue, dans les deux prochaines années, à cause de l’arrivée du Réseau express métropolitain (REM).

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