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SPVM: Martin Prud’homme identifie deux successeurs potentiels

Martin Prud'homme
Martin Prud'homme Photo: Josie Desmarais/Métro

L’administration provisoire du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), dirigée par Martin Prud’homme, tirera sa révérence à la fin de l’année, comme prévu. Dans son rapport final sur la réorganisation de la police de la métropole, il recommande clairement deux possibles nouveaux directeurs, soit ses adjoints, Line Carbonneau et Sylvain Caron.

«Nous sommes d’avis que le processus visant la nomination du prochain directeur doit s’éloigner du modèle de 2015, soit un appel de candidatures ouvert tant à l’interne qu’à l’externe», écrit M. Prud’homme dans son rapport.

Celui-ci insiste sur le fait que l’équilibre mis en place par l’administration provisoire est «fragile». Afin de marquer la transition avec les anciennes façons de faire et ne pas retomber dans un climat de travail où du «favoritisme» était présent dans la nomination de cadres, comme avait fait état le vérificateur de Québec Michel Bouchard en 2017, M. Prud’homme recommande de considérer «exclusivement les candidatures des deux actuels directeurs adjoints issus de l’externe».

Line Carbonneau a travaillé à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et Sylvain Caron est un ancien directeur général adjoint de la Sûreté du Québec (SQ). Si l’un d’eux est désigné par la Ville de Montréal, sa nomination se fera selon les règles habituelles, soit à la suite d’une recommandation du conseil municipal et de son entérinement par le conseil des ministres. Québec a exclu de le faire par un vote aux deux tiers à l’Assemblée nationale.

M. Prud’homme restera en poste jusqu’à la nomination du prochain chef du SPVM. Il reprendra par la suite son poste à la SQ.

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a d’ores et déjà annoncé qu’elle appuyait cette recommandation. «J’endosse la recommandation qui a été faite par M. Prud’homme, qui a abondamment noté le besoin de continuité et de stabilité au sein du SPVM. Je pense que c’est une bonne idée que le successeur de M. Prud’homme provienne de l’actuel comité de direction, donc un des deux directeurs adjoints», a-t-elle déclaré.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a également accepté la recommandation de M. Prud’homme de considérer seulement les deux adjoints issus de l’externe. «C’est un besoin de stabilité et de continuité, a-t-elle affirmé. Je suis très heureuse de ce qui a été fait dans la dernière année. On a senti le climat s’apaiser au SPVM. [Il faut] s’assurer de ne pas retomber dans les vieux patterns

Celle-ci a souligné que «malgré les succès du redressement, les changements restent fragiles», rappelant la situation de «guerre de clans» qui prévalait l’an dernier.

Le comité de sélection, formé du président du comité exécutif, Benoit Dorais, d’un élu de l’opposition, Lionel Perez, et d’un des villes liées s’est déjà réuni ce matin, a indiqué Mme Plante. «Il y a déjà un processus en cours», s’est-elle contentée répéter lorsque questionnée sur les rencontres avec les candidats.

Selon le chef de l’opposition, Lionel Perez, ce processus est «précipité». Il relate avoir été contacté lundi soir pour nommer un élu sur le comité, alors qu’il n’avait pas encore pu lire le rapport. «Le processus est beaucoup plus amorcé [que ne le laisse entendre la mairesse]. J’avais demandé un retard de 24 heures avant de procéder à un comité de sélection, ça m’a été refusé», a-t-il déploré, évoquant un «non-sens» de prendre si peu de temps pour un processus d’embauche du directeur du SPVM.

Celui-ci croit aussi que des recherches plus poussées de candidats, mais aussi sur M. Caron et Mme Carbonneau, auraient dû être effectuées. «Je comprends les préoccupations de M. Prud’homme, mais on avait une occasion d’ouvrir l’affichage à l’externe et peut-être même donner la chance à un civil de postuler, a-t-il jugé. Il fallait se donner le temps de faire des tests psychométriques et des évaluations de psychologues.»

Tout comme la mairesse, M. Perez n’a pas voulu indiquer si le choix du comité de sélection avait déjà été fait. «Je dois garder les informations confidentielles», a dit le chef de l’opposition.

Valérie Plante prévoit que la nomination sera entérinée au conseil municipal du 19 novembre. Or, entre-temps, le dossier doit être évaluer par la commission de la sécurité publique et par le comité exécutif.

Formation déficiente
S’il croit avoir redressé la barque depuis le rapport de Me Bouchard, qui a mené au départ du directeur du SPVM Philippe Pichet, le chef de police intérimaire soulève encore plusieurs problèmes au sein du corps policier montréalais.

«Ce sont 261 policiers enquêteurs sur un total de 753, soit 34,6%, qui exercent une fonction d’enquête sans avoir leur diplôme de formation qualifiante en enquête», présente M. Prud’homme dans son rapport. Ceux-ci ne respectent ainsi pas la loi québécoise qui exige qu’un enquêteur ait complété le Programme de formation initiale en enquête policière de l’École nationale de police du Québec.

C’est que le SPVM compte sur près de 139 agents-enquêteurs qui n’ont pas accès à l’activité d’intégration qui est le cours final de ce programme, n’ayant pas pas le grade de sergent-détective. De plus, parmi les sergent-détectives du SPVM, 122 n’ont pas non plus suivi l’activité d’intégration.

«Pour pallier ce manque, nous avons élaboré un plan d’action détaillé qui permettra à l’organisation de rattraper ce retard dans un horizon d’environ 24 mois», précise le directeur intérimaire.

La mairesse Plante a souhaité que ce redressement se fasse encore plus rapidement. «C’est une situation qui est assez choquante. Il faut agir immédiatement», a-t-elle soutenu.

La ministre Guilbault a convenu qu’il était nécessaire «de s’assurer de rendre [la formation] disponible pour quiconque serait intéressé à un éventuel cheminement de carrière et qui ont des visées à devenir enquêteur».

M. Prud’homme ajoute également que les enquêtes sur des allégations de nature criminelle envers des policiers devraient demeurer sous la responsabilité d’une équipe mixte et non revenir aux affaires internes du SPVM. «D’abord, pour une question de capacité, ensuite puisque ce type d’enquête doit être conduit par des enquêteurs dûment formés et finalement pour une question d’acceptabilité à l’idée de revenir à la situation qui a plongé le service de police dans une crise profonde», soutient-il.

Rappelons que ce sont les pratiques de la division des affaires internes qui ont déclenché l’enquête du ministère de la Sécurité publique, mené par Michel Bouchard.

Décentralisation
L’administrateur provisoire note également que la centralisation de plusieurs services, notamment financiers et de ressources humaines, à la Ville de Montréal cause de nombreux problèmes de coordination.

«Les processus de la Ville sont adaptés au personnel civil, mais ils devraient l’être mieux à la réalité policière», relève M. Prud’homme. Celui-ci donne en exemple la formation des cadres qui se fait à l’université pour l’ensemble des employés de la Ville et non à l’École nationale de police, la lenteur des services de ressources humaines et les systèmes comptables différenciés. Ce dernier point amène d’ailleurs M. Prud’homme à recommander à la Ville de mettre à niveau et uniformiser ses systèmes informatiques.

Valérie Plante n’a pas fermé la porte à cette réforme, mais a indiqué que ces recommandations sont celles qui prendraient plus de temps a l’évaluer. «Ça va demander davantage de réflexion, mais je suis ouverte et il y a toujours place à l’amélioration», a-t-elle dit.

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