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Royalmount: le projet actuel «n’a pas d’acceptabilité sociale», affirme Valérie Plante

Valérie Plante Photo: Josie Desmarais

Le projet Royalmount «n’a pas d’acceptabilité sociale dans sa forme actuelle», a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante, vendredi en réaction au dépôt des recommandations de la commission municipale chargée d’étudier ce projet commercial majeur. Elle demande la révision du projet.

Jeudi soir, la commission sur le développement économique et urbain et l’habitation a dévoilé ses 15 recommandations concernant le mégaprojet commercial Royalmount après deux mois de consultations publiques.

Alors que les travaux de démolition des bâtiments désaffectés situés à l’intersection des autoroutes 15 et 40 sont en cours, la Ville de Mont-Royal ayant donné son feu vert au projet, la commission municipale recommande la suspension de celui-ci afin de trouver des solutions pour améliorer la mobilité dans ce secteur grandement affecté par la congestion routière.

«Le projet actuel entraînerait encore plus de congestion dans un secteur qui est déjà à pleine capacité. Ce qui constitue un défi majeur tant pour la rétention de personnel que pour l’attraction de différentes compagnies dans le secteur», a soulevé Mme Plante.

Le rapport de la commission municipale indique que quelque 360 000 déplacements sont effectués quotidiennement sur les axes routiers aux abords du secteur Namur et De la Savane, qui s’étend en partie dans les arrondissements de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, de Saint-Laurent ainsi que sur le territoire des villes de Mont-Royal et de Côte-Saint-Luc.

Alors qu’une démarche de planification est en cours à la Ville de Montréal pour dynamiser ce secteur, la mairesse de Montréal estime qu’il est «absolument nécessaire» de développer des solutions en transport collectif et actif autour du projet Royalmount, qui est prévu aux intersections des deux autoroutes les plus achalandées dans la province.

Des discussions entre la Ville de Montréal, le promoteur du Royalmount et la ministre responsable de la métropole et ministre délégué au transport, Chantal Rouleau, pourraient avoir lieu dès la semaine prochaine pour trouver des solutions afin d’éviter que ce projet ne vienne «empirer la situation sur la Métropolitaine et aux alentours», a par ailleurs indiqué Mme Plante.

«Leviers judiciaires»

Bien qu’elle priorise la discussion, la mairesse de Montréal n’exclut  pas la possibilité de forcer la main à l’entrepreneur s’il refuse de renégocier ce projet.

«Nous voulons discuter d’abord, mais si on en a besoin, il y a des leviers judiciaires auxquels on pourra faire appel», a souligné Valérie Plante lors d’une conférence de presse à l’hôtel de ville vendredi matin.

Le projet du Royalmount consiste à construire un énorme centre commercial dans Ville Mont-Royal. Pas moins de 160 boutiques y seraient aménagées, de même que 75 restaurants, des cinémas et un parc aquatique. 

L’autorisation ayant été remise en bonne et due forme par Ville Mont-Royal en 2015 au promoteur du Royalmount concernait la réalisation d’un projet industriel et commercial, comme le prévoit le zonage de cet emplacement.

Or, le promoteur a ajouté dans les derniers mois un volet résidentiel à son projet et prévoit désormais y réaliser 6 000 logements sur une période de 20 ans, ce qui nécessiterait une modification du schéma d’aménagement et de développement de l’agglomération de Montréal, qui devrait alors être approuvé par les élus. Un éventuel refus d’obtempérer du promoteur pourrait donc justifier un recours judiciaire en vertu de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme du gouvernement du Québec.

«Nous sommes ouverts à inclure un volet résidentiel dans le projet à condition qu’il soit revu et amélioré», a toutefois souligné la mairesse vendredi.

Le rapport de la commission municipale demande notamment au promoteur Carbonleo d’inclure des logements sociaux et abordables à son projet afin de «répondre au besoin criant des familles montréalaises pour de grands logements». On y propose également de réserver des terrains pour la construction d’écoles et d’aménager des parcs sur le site.

«C’est un projet privé, mais qui est rattaché à des infrastructures publiques. Des infrastructures dont nous sommes tous responsables et qui doivent donc bénéficier à l’ensemble de la population.»-La mairesse de Montréal, Valérie Plante.

Les villes liées «mal à l’aise»

«Parler de recours légaux, il n’y a personne qui veut ça. On veut que ce projet soit réalisé en concertation», a réagi à Métro le maire de Ville Mont-Royal, Philippe Roy. La municipalité de 21 000 habitants qu’il représente a reçu la semaine dernière la demande de Carbonleo concernant le volet résidentiel de son projet et celle-ci est en train d’être analysée, a indiqué M. Roy.

Le président de l’Association des municipalités de banlieue et maire de Montréal-Ouest, Beny Masela, s’est quant à lui dit «très mal à l’aise» avec la recommandation de la commission municipale d’utiliser la voie juridique si aucune entente négociée n’est convenue entre la Ville de Montréal et le promoteur du projet.

«Ce n’est pas à une autre ville de nous dire qu’elle n’aime pas le projet et d’ainsi revoir les règlements», a-t-il déclaré à Métro

Par voie de communiqué, le promoteur Carbonleo s’est pour sa part dit prêt à réviser son projet aux côtés de la Ville de Montréal.

Le projet Royalmount, estimé à 2G$, est prévu pour 2022.

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