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Fraude au Resto Plateau: l’ancienne directrice évite la prison

L’ancienne directrice de Resto Plateau purgera une peine de deux ans dans la collectivité pour une fraude de 124 000$ envers l’organisme.

Chantal Aznavourian a reconnu avoir détourné cette somme en 2011 en se signant 114 faux chèques sur le dos de l’entreprise de réinsertion qui sert aussi des repas à prix modiques aux personnes dans le besoin. Les turbulences financières qui avaient suivi avaient notamment forcé l’OSBL à se restructurer. Le prix du repas était passé de 3$ à 4$.

La Défense plaidait pour une peine à purger dans la communauté, clamant notamment que Mme Aznavourian reconnaît son erreur, qu’elle traite sa dépendance au jeu et qu’elle serait plus utile à faire du bénévolat dans la société et n’avait aucun antécédent judiciaire. La procureure de la couronne, Me Ellen Baulne, demandait de son côté deux ans d’emprisonnement afin que le public ne perde pas confiance en la justice face à de tels actes.

Le Tribunal a finalement penché du côté de la Défense, tout en ajoutant plusieurs conditions à sa peine. Mme Aznavourian ne pourra sortir de sa résidence que pour travailler, suivre une thérapie ou pour des raisons de santé. Elle ne pourra pas se rendre dans un endroit qui héberge des appareils de loterie vidéo ou avoir une conversation téléphonique plus longue que 20 minutes.

Si l’avocate de l’accusée, Me Audrey Farley, s’est déclarée «satisfaite du jugement», les anciens administrateurs qui avaient déposé la première plainte se disent déçus. «Ça donne l’impression que les fraudeurs peuvent s’en tirer à bon compte et éviter la prison», clame Étienne Beaulieu, un des anciens administrateurs qui avaient lancé l’alerte.

Le scandale a aussi éclaboussé la direction de l’organisme. Si cette dernière affirme avoir sévi contre Mme Aznavourian, notamment en la congédiant et en portant plainte à la police, ce n’est pas l’avis de tous. Trois anciens administrateurs, dont Étienne Beaulieu, reprochent plutôt au trésorier et au président du CA de l’époque d’avoir tenté d’étouffer les lanceurs d’alerte.

Ils affirment que l’organisme n’a porté plainte qu’un an après que les premières craintes aient été soulevées, et une semaine après qu’ils eurent finalement entamé eux-mêmes des démarches judiciaires.

«On veut continuer nos démarches au civil contre l’ancien trésorier et l’ancien président du CA. On leur reproche d’avoir tenu le conseil d’administration dans l’ignorance pendant qu’il était encore temps d’agir», clame M. Beaulieu. «Ce qui s’est passé au Resto Plateau se passe certainement ailleurs, il faut en tirer des leçons», explique-t-il.. «Les administrateurs ont souvent honte et veulent préserver l’image de l’organisme en passant la chose sous silence. Ils doivent comprendre que ça rassure les bailleurs de fond de déposer plainte à la police car ça envoie un message clair que ce n’est pas toléré, que l’argent est bien administré et bien dépensé», ajoute-t-il.

M. Beaulieu cite aussi le cas des vérificateurs comptables qui auraient intérêt à être embauchés par le gouvernement plutôt que par les organismes afin d’éviter les conflits d’intérêt. «Ils peuvent être tentés de ne pas souligner les lacunes de gestion pour garder leurs contrats», selon lui.

Du côté de Resto Plateau, le nouveau directeur général Gilles Trépanier affirme que la survie de l’organisme n’est plus en jeu. «On s’est rétabli tranquillement malgré le contexte d’austérité et on a mis en place des contrôles, mais on ne peut jamais être sûr à 100%», dit-il. Il précise aussi que la hausse du coût des repas visait avant tout à s’ajuster à l’évolution du coût des denrées.

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