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La SPCA s'oppose à l'interdiction de pitbulls

Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz

MONTRÉAL – La Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal s’oppose au règlement annoncé samedi par la Ville pour interdire, dès le mois de septembre, les chiens pitbulls et toutes les autres races de chiens jugées dangereuses de son territoire.

La directrice de la défense des animaux pour la SPCA de Montréal, Alanna Devine, a indiqué en entrevue avec La Presse Canadienne que tous les recours possibles étaient envisagés pour contester les mesures «discriminatoires» préconisées par la Ville et qui, selon elle, ne fonctionnent pas.

Des moyens légaux pourraient être entrepris «si nécessaire».

Mme Devine reconnaît que des interventions «strictes et claires» doivent être posées quant aux chiens dangereux, mais ces actions doivent à son avis être ciblées et appuyées par le constat de spécialistes.

Selon elle, plusieurs études démontrent que de bannir une race en particulier n’est pas une méthode concluante.

En point de presse samedi matin, le maire de Montréal Denis Coderre a indiqué qu’une modification serait apportée au Règlement sur le contrôle des animaux pour accroître la sécurité du public.

«On va avoir une stratégie appliquée non pas sur une race, mais sur le niveau de dangerosité potentiel de plusieurs types de chiens», a-t-il expliqué.

L’attaque mortelle d’un pitbull dans l’arrondissement de Pointe-aux-Trembles, le 8 juin, a été l’élément déclencheur qui a mené à une réflexion sur la réglementation existante, a reconnu M. Coderre.

«C’est quelque chose qui va coûter beaucoup d’argent à la ville et, si le règlement passe, il va y avoir beaucoup d’euthanasies, de discrimination concernant certains chiens qui ont certaines caractéristiques physiques», a réagi Alanna Devine.

La SPCA attend de prendre connaissance du règlement tel qu’il est rédigé avant d’intervenir.

Une série d’autres moyens ont fait leurs preuves, croit-elle, notamment l’éducation des enfants et de la population. «Le plus important pour prévenir des morsures est de s’assurer que les propriétaires sont responsables et que les chiens ne sont pas négligés, qu’ils sont stérilisés et identifiés», a-t-elle insisté.

Montréal se distingue des autres municipalités

La métropole n’entend pas interdire tous les pitbulls de son territoire dans l’immédiat, comme la Ville de Québec projette de le faire. Ceux qui se trouvent déjà sur le territoire montréalais pourront demeurer sur place.

Ils devront toutefois être stérilisés, porter une muselière en public et se faire implanter une micropuce, sans quoi ils pourraient être saisis par des inspecteurs. Leurs propriétaires seront également soumis à une évaluation.

Un des grands défis qui attend la Ville sera de répertorier tous les pitbulls qui se trouvent à Montréal. Seulement 14 pour cent de l’ensemble des chiens qui demeurent dans la métropole sont dûment enregistrés.

Le maire Coderre souhaite d’ailleurs remédier à la situation. Il a assuré que la réglementation existante — qui concerne tant l’obtention d’une licence que le port de la laisse dans les endroits publics — sera appliquée avec plus de rigueur dès cet été.

«On va engager – en plus des inspecteurs déjà existants – une brigade spéciale pour l’été qui va faire le tour des arrondissements pour s’assurer que le règlement soit appliqué», a-t-il annoncé.

Le montant des amendes pour les cas de violation du règlement municipal sera considérablement haussé, peut-être même doublé.

Du même souffle, la Ville de Montréal dit vouloir s’attaquer au problème de la sécurité des cours privées des résidences où vivent des chiens potentiellement dangereux. M. Coderre n’a pas manqué de rappeler que la victime de l’attaque mortelle d’un pitbull, Christiane Vadnais, s’est fait mordre dans son propre jardin, par un chien qui avait réussi à traverser une clôture mal entretenue.

Parallèlement à l’ensemble de ces mesures, la Ville mettra en branle une campagne de sensibilisation «agressive» pour s’assurer que tous les propriétaires de chiens connaissent leurs responsabilités.

La modification au Règlement sur le contrôle des animaux sera soumise au conseil municipal au retour des vacances estivales. Ce délai permettra à la Ville de réfléchir à plusieurs points qui demeurent en suspens, notamment les cas des propriétaires qui détiennent un casier judiciaire, le croisement des races et les chiens qui vivent auprès des itinérants.

En plus de Montréal et Québec, la Ville de Brossard a également annoncé plus tôt cette semaine qu’elle allait bannir les chiens pitbulls de son territoire.

Une législation provinciale devrait également voir le jour à l’automne. Le premier ministre Philippe Couillard a annoncé jeudi que son gouvernement allait «probablement» suivre l’exemple de l’Ontario et interdire les pitbulls dans la province.

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