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Réseaux sociaux:un homme condamné pour diffamation

Photo: Archives Métro
Stéphanie Marin, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Répandre des faussetés sur les réseaux sociaux peut avoir des conséquences bien réelles.

Un homme qui a voulu se venger de son congédiement en diffusant sur Facebook une fausse histoire de mauvais traitements dans un centre de soins spécialisés de Sept-Îles vient de se faire condamner pour diffamation par un juge.

Ian Ritchie a été condamné à payer 17 500 $ plus intérêts aux deux responsables du centre.

Nancy Servant exploite depuis quelques années les centres de travail adaptés Résidence Régnault et Résidence Mgr Blanche qui se spécialisent dans les soins pour une clientèle souffrant de déficience intellectuelle, de limitations physiques ou ayant un trouble envahissant du développement. Mohamed Fekih Ahmed est le directeur de ces établissements et également le conjoint de Mme Servant.

C’est lui qui a embauché Ian Ritchie comme préposé, qui y travaillera un peu moins de 16 heures puisqu’il ne répond nullement aux attentes et exigences, tant de la qualité que du service de la clientèle, est-il écrit dans la décision du juge Denis Le Reste de la Cour du Québec.

Ian Ritchie est donc congédié le 27 février 2016.

Visiblement frustré, il publie une histoire inventée de toutes pièces, tranche le juge Le Reste. Celle-ci est diffusée par le biais de sa page Facebook personnelle et celle de «Spotted Sept-Îles» — un site sur lequel les habitants de la ville peuvent laisser n’importe quel commentaire, du plus sérieux au plus futile, et qui serait suivi par plus de 10 000 personnes, suivant la preuve présentée en Cour.

M. Ritchie y écrit avoir vu un préposé traîner une bénéficiaire par les jambes. Il ajoute avoir rapporté la situation à son patron qui l’a mis à la porte pour avoir critiqué le travail de ses collègues.

«De tels propos enflamment immédiatement les réseaux sociaux, la situation devenant incontrôlable. Plusieurs personnes dans Sept-Îles et ses environs parlent des propos tenus par Ritchie jetant un doute sur la qualité des services offerts dans ces deux résidences», peut-on lire dans la décision.

M. Ritchie raconte aussi cette histoire aux responsables du Centre intégré de santé et services sociaux de la Côte-Nord, qui déclenche une enquête.

La conclusion de celle-ci est sans équivoque: «Les services offerts par les employés des résidences Régnault et Mgr Blanche sont sans reproche. En tout temps on applique les méthodes d’intervention reconnues et exigées par le Centre intégré de santé et de services sociaux», est-il écrit.

Malgré cela, les conséquences pour les responsables du centre sont nombreuses: ils affrontent les commérages et les questions des employés. Ils interrompent même un projet d’agrandissement pour l’une des résidences à cause de l’impact des commentaires de Ian Ritchie. Ils ont depuis de la difficulté à engager du personnel, les candidats refusant de vouloir s’associer à ces résidences, ont-ils témoigné.

Quant à Ian Ritchie, il n’a pas contesté la poursuite.

Et puisque le juge a conclu que ses propos étaient faux, inexacts et clairement diffamatoires, il l’a condamné à payer la somme de 17 500 $ en dommages. Plus précisément, il s’agit de 10 000 $ à titre de dommages moraux plus 5000 $ à titre de dommages exemplaires pour Mme Servant et de 2500 $ à titre de dommages moraux pour M. Ahmed.

«En écrivant des faussetés, des insinuations malveillantes et des propos calomnieux sur sa page Facebook et sur celle de Spotted Sept-Îles, Ritchie a causé et cause toujours un lourd préjudice à Servant et Ahmed», peut-on lire dans le jugement.

Rejointe par téléphone à Sept-Îles, Mme Servant s’est dite heureuse du jugement, car elle soutient avoir vécu des choses difficiles en raison des gestes de son ex-employé.

«Beaucoup de torts. Moi, mon mari, mon entreprise», a-t-elle laissé tomber.

Elle dit vouloir penser à l’avenir désormais et espère un retour à la normale pour ses centres.

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