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Cinq personnalités veulent un projet de société

Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz
Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Un petit groupe de personnalités lance une consultation publique baptisée «Faut qu’on se parle» afin de briser ce qu’ils qualifient de blocage politique et préparer un projet de société autour duquel les Québécois pourraient se rallier.

«Le blocage actuel (sur le plan) politique au Québec s’explique beaucoup plus profondément par une absence de réel projet de société», a avancé l’un des membres du groupe, l’ex-leader étudiant Gabriel Nadeau-Dubois en conférence de presse mercredi à Montréal.

Selon lui, aucun parti politique actuel n’offre une vision capable de répondre aux aspirations de la population.

«Non, il n’y a pas actuellement de projet de société global qui soit assez enthousiasmant, qui soit assez mobilisateur pour donner goût aux gens de vraiment changer le Québec», a-t-il dit.

Le groupe de cinq personnes se dit non partisan, mais pourrait difficilement être qualifié d’apolitique puisqu’on y retrouve également, outre M. Nadeau-Dubois, le fondateur du parti indépendantiste Option nationale, Jean-Martin Aussant, selon qui les partis politiques n’offrent pas la crédibilité requise pour mener ce genre de consultation.

«Lorsqu’un parti politique parle de quoi que ce soit au Québec, il est vu comme un parti partisan avec des intérêts de parti», a-t-il déclaré, ajoutant que la couleur des différents membres du groupe n’empêche aucunement de mener des consultations qui, elles, sont dépourvues de partisanerie.

«Je suis encore souverainiste. Les gens qui vont venir me parler de ça, s’ils veulent me dire pourquoi ce n’est pas une bonne idée, on va les écouter autant que ceux qui vont nous dire qu’ils ont hâte que ça se fasse», a ajouté M. Aussant.

Le groupe fait valoir que les citoyens du Québec ont largement démontré ce à quoi ils s’opposent par le biais de mobilisations populaires dans des dossiers tels que l’oléoduc Énergie Est, les frais de scolarité ou les politiques d’austérité, mais Gabriel Nadeau-Dubois n’a pas hésité à reprendre à son compte un reproche qui se fait entendre de plus en plus souvent, tant à propos des forces de gauche que de celles de droite

«On est très bons comme progressistes pour dire ce à quoi on s’oppose, mais quand vient le temps de dessiner les grandes lignes du Québec de demain, on a beaucoup de questions, mais assez peu de réponses.»

C’est dans l’espoir d’élaborer un projet de société qu’ils lancent «Faut qu’on se parle», une initiative qui se déploiera à la fois sur le terrain et sur le web autour de dix thèmes, soit la démocratie, la santé, l’éducation, l’économie, la diversité, les Premières Nations, les régions, l’environnement et la culture.

Le dixième thème, intitulé «Indépendance: comment se remettre en marche?», reproche au mouvement souverainiste de faire «du surplace à cause de stratégies perdantes», notamment une trop grande prudence et une stratégie identitaire repoussante et génératrice de divisions.

Tournée et assemblées de cuisine

Le groupe organise une tournée dans 10 capitales régionales de la mi-octobre à la mi-décembre, mais il propose également un retour à une formule oubliée, d’expliquer une autre membre du groupe, la militante crie Maïtée Labrecque-Saganash: «Nous proposons à la population de nous inviter dans leur domicile et de renouer avec une pratique délaissée, qui est celle des assemblées de cuisine.»

On demande donc à tous les Québécois, où qu’ils soient sur le territoire, d’inviter le groupe chez eux, dans leur maison, pour exprimer leurs idées sur ce à quoi devrait ressembler le Québec qu’ils souhaitent.

Ils entendent présenter les conclusions de leur consultation au début de l’hiver et offrir les idées recueillies sur la place publique. Ils n’écartent toutefois pas la possibilité de créer un nouveau mouvement politique s’ils constatent que c’est ce que réclame la population.

Les deux autres personnalités participant à la démarche, qui s’appuiera sur le sociofinancement pour sa réalisation, sont l’ex-présidente de Solidarité rurale Claire Bolduc et l’urgentologue et chroniqueur Alain Vadeboncoeur.

Bon accueil au PQ et à la CAQ

À Québec, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a très bien accueilli la nouvelle, y voyant une occasion d’insuffler de nouvelles idées.

«On a deux vieux partis qui s’échangent le pouvoir depuis 40 ans. On a besoin de sang neuf», a-t-il dit.

M. Legault n’est nullement inquiet de voir l’initiative déboucher sur la formation d’un nouveau parti politique, rappelant qu’il a lui-même formé la CAQ.

De leur côté, deux des candidats à la direction du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée et Martine Ouellet, ont aussi accueilli très favorablement l’initiative et salué cette implication citoyenne dans le débat politique, eux qui n’auraient pourtant pas avantage à voir apparaître une nouvelle formation souverainiste.

Jean-François Lisée croit toutefois qu’il est peu plausible que cette hypothèse se matérialise, estimant que «le degré de difficulté est beaucoup trop élevé» pour la création d’un nouveau parti

Martine Ouellet, elle, n’a toutefois pas caché que le PQ aurait avantage à prendre acte de cette démarche: «Peut-être que c’est un signal que le Parti québécois (…) ne s’assume pas assez et justement n’est pas assez rassembleur actuellement», a-t-elle laissé tomber.

La création d’un mouvement politique s’inscrirait dans une longue liste du genre. Un relevé de la Société Radio-Canada en 2012 faisait état d’une vingtaine d’organismes de la société civile faisant la promotion de la souveraineté au Québec en plus de cinq partis politiques (Parti québécois, Bloc québécois, Québec solidaire, Option nationale et le Parti indépendantiste) et près d’une dizaine de médias d’allégeance souverainiste.

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