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Entente de libre-échange: plaidoyer de Trudeau

Adrian Wyld / La Presse Canadienne Photo: Adrian Wyld
Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Justin Trudeau a lancé un sérieux avertissement aux pays de l’Union européenne (UE), jeudi, prévenant qu’un rejet de l’accord Canada-UE lancerait un message «désolant» sur la direction que souhaite prendre le groupe des 28.

«C’est un moment pour l’Europe de décider à quoi ça sert, l’Union européenne», a carrément lancé le premier ministre du Canada en conférence de presse conjointe avec son homologue français Manuel Valls, qui a lui aussi chanté les louanges de l’accord.

Selon Justin Trudeau, la signature de l’Accord économique et commercial global (AECG) représente un moment charnière «dans cette situation post-Brexit où il y a plein de questionnements sur l’utilité de l’Europe».

Si les pays de l’Europe succombent au chant des sirènes protectionnistes et refusent de signer l’accord, cela enverra un bien mauvais signal au reste du monde, a-t-il fait valoir.

«Si on trouve dans une semaine ou deux, que l’Europe est incapable de signer une entente progressiste commerciale avec un pays comme le Canada, ben avec qui l’Europe pense-t-elle faire affaire dans les années à venir?», a lâché M. Trudeau.

«Si l’Europe n’arrive pas à signer cet accord, ça va être un message très clair — pas juste aux Européens, mais au monde entier, que l’Europe est en train de choisir une voie peut-être pas très productive ni pour ses citoyens ni pour le monde», a-t-il enchaîné.

«Et ce serait vraiment désolant», a offert le premier ministre canadien.

À ses côtés, Manuel Valls a pour sa part martelé que la République française était «totalement engagée dans cet accord» qu’il a qualifié de «gagnant-gagnant», contrairement à celui entre l’UE et les États-Unis, qui lui apparaît «déséquilibré» dans sa forme actuelle.

«Nous sommes dans un monde ouvert. Et il serait quand même inconcevable que l’Union européenne ne soit pas capable de s’engager dans un bon accord avec le Canada!», a-t-il lâché, faisant écho aux propos de son vis-à-vis canadien.

M. Valls a reconnu qu’il restait un travail de persuasion à faire du côté de la Belgique, où le Parlement de la Communauté française, l’une des assemblées législatives du royaume, a adopté mercredi soir une résolution qui pourrait compromettre la mise en oeuvre de l’AECG.

«Et faisons tout pour convaincre nos amis wallons que cet accord est une bonne chose pour le Canada et pour l’Union européenne», a-t-il assuré.

Plus tard dans la journée, à Montréal, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a ajouté sa voix à celles des premiers ministres Trudeau et Valls pour vanter les mérites de l’accord, assurant qu’il créera de l’emploi et favorisera la classe moyenne.

Il a catégorisé les opposants en quelques camps: ceux qui «se décrivent comme progressistes» à la défense des moins nantis et qui sont «hostiles à la notion même d’ouverture des marchés et de libre-échange», ceux qui voient le Canada comme le «cheval de Troie» avant le «laminoir» qui viendra des États-Unis, puis ceux qui expriment des craintes quant aux différentes protections.

«Quand on dissèque et qu’on analyse les objections, souvent elles ne reposent que sur des perceptions, ou même parfois des rumeurs, et non des faits», a opiné M. Couillard.

À Ottawa, le premier ministre français a conclu avec un clin d’oeil à l’intention du militant altermondialiste et eurodéputé José Bové, qui est de passage au Canada ces jours-ci afin de livrer un discours résolument anti-AECG.

«J’ai beaucoup de sympathie pour José Bové, mais il ne représente pas encore, que je sache, toute la France, et encore moins tout le Parlement européen», a-t-il affirmé.

L’AECG est signé, mais pas encore ratifié par plusieurs des pays signataires.

Le prochain jalon dans le processus de ratification de cette entente, qui donnera au Canada un accès à ce marché de 28 États membres et ses 500 millions d’habitants, est fixé au 27 octobre 2016.

Ce jour-là, il est prévu que le premier ministre Trudeau se rende à Bruxelles, en Belgique, pour signer l’accord commercial dans le cadre du sommet des dirigeants du Canada et de l’UE.

Valls démolit Trump

Avant son arrivée sur la colline, le premier ministre Valls, qui effectuait sa première visite officielle au Canada, a reçu quelques journalistes à l’ambassade française, pour le petit-déjeuner.

Là, il a réitéré sa condamnation de Donald Trump.

Il a dit avoir évoqué l’élection américaine avec M. Trudeau au dîner de mercredi soir.

Mais si M. Trudeau s’est toujours montré prudent quant au choix électoral des Américains, M. Valls n’a pas cette retenue.

Il n’a jamais caché sa préférence pour Hillary Clinton, préférence qu’il a répétée lors de son entretien avec les journalistes à l’ambassade.

«Comme dirigeant politique français, je souhaite évidemment que Hillary Clinton soit élue», a-t-il dit, ajoutant que si «(Barack) Obama a été un président élu par le monde», Donald Trump, lui, «est rejeté par le monde».

Lorsqu’il a été invité (encore une fois) à se prononcer sur le candidat républicain, qui a été éclaboussé la veille par des allégations d’agressions sexuelles, le premier ministre Trudeau a de nouveau refusé de mordre à l’hameçon.

Il a réitéré que la relation entre le Canada et les États-Unis allait au-delà des individus qui dirigent les pays, et qu’il travaillerait avec quiconque sera élu le 8 novembre prochain.

«Cela étant dit, j’ai toujours été très clair dans mon identité en tant que féministe dans mon travail pendant toute ma vie pour lutter contre le harcèlement sexuel et contre la violence faite aux femmes et je pense que je n’ai pas besoin de rien ajouter», a-t-il indiqué.

Ce à quoi Manuel Valls a répliqué: «J’approuve», mettant ainsi fin à la conférence de presse qui se tenait au parlement.

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