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Interdiction des sacs en plastique à Brossard: bilan après quelques semaines

Photo: TC Media - Sarah Laou
Sarah Laou - Brossard Éclair / TC Media

En cette fin de semaine pluvieuse, les visiteurs se pressaient pour magasiner leurs costumes et friandises d’Halloween; acheter leurs chaussures ou manteaux d’hiver; prendre du bon temps au cinéma; ou se restaurer en famille dans l’une des 300 enseignes du Quartier DIX30.

Seulement, une chose a changé depuis quelques semaines; les commerçants de Brossard – ceux du très fréquenté Quartier DIX30 ne faisant pas exception – ont pour interdiction de mettre à la disposition, donner ou vendre des sacs d’emplettes en plastique à leur clientèle, et ce, sous peine d’une amende salée. En effet, le montant de la sanction peut atteindre jusqu’à 2000$; en cas de récidive, il en coûtera entre 2000 et 4000$.

Force est d’admettre que la mesure aura été dissuasive. Sur la quinzaine de magasins visités par le Brossard Éclair le 22 octobre, tous ont banni le plastique.

«Il faudra bien s’y faire»
Pour répondre à la réglementation municipale, chaque commerce a choisi sa façon. Certains ont opté pour des sacs en papier; plusieurs ont décidé de vendre des sacs recyclables et réutilisables; d’autres ont simplement supprimé toute forme de sac de leur magasin. Dans ce dernier cas, les clients repartent avec leurs produits sous le bras, la plupart du temps assez mécontents.

Julie, mère de quatre enfants, sortant d’un magasin avec des déguisements d’Halloween, sous la pluie, a souhaité réagir.

«Qu’il n’y ait pas du tout de sacs lorsqu’on en demande, ça me dérange, a-t-elle lancé. Quand on a des enfants et plein d’achats, ce n’est vraiment pas commode. En plus, les sacs recyclables, on les oublie toujours à la maison. Les magasins devraient pouvoir trouver des solutions.»

Dans ce magasin dédié à l’univers de l’Halloween, la responsable s’est dite très embarrassée par le nombre de mécontents, estimant qu’ils représentaient près de 75% de sa clientèle.
«Pour le moment, nous n’avons rien d’autre à proposer que des sacs payants. Il faut voir ce que décide la direction. Nous sommes le seul magasin de la chaîne dans cette situation. Il faudra bien s’y faire de toute façon», a expliqué Rokaya, assistante-gérante du commerce.

Même constat pour le magasin de jeux vidéo de l’autre côté de la rue. Chez eux, aucune façon de transporter les produits.
«Je me sens mal à chaque fois que je fais une vente», a confié un employé du magasin. Un témoignage vite tempéré par le gérant. «C’est quand même une belle initiative. Je regrette simplement qu’il y ait aussi peu de communication de la mairie aux habitants et dans les alentours. La majorité de notre clientèle n’est pas de Brossard et n’est donc pas au courant. Il faudrait avertir et sensibiliser davantage. La Ville doit faire plus», a-t-il affirmé.

Pari réussi dans l’ensemble
Hormis quelques magasins, tout ne va pas si mal au Quartier DIX30, et les visiteurs semblent s’adapter progressivement à la mesure.

Tandis que le magasin de bonbons en vrac Bulk Barn distribue gratuitement ses sacs réutilisables pour plus de 15$ d’achat et met à la disposition de ses clients des boîtes réutilisables, l’enseigne Dollarama vend pour sa part de très jolis sacs verts recyclables à 0,25$. Certains ont même mis en place des procédés astucieux.
«Nous mettons des ficelles en guise de poignées dans nos boîtes à chaussures; cela permet un transport plus facile», a indiqué Murielle, assistante-gérante du magasin de chaussures K Studio.

Les grands gagnants demeurent toutefois les commerces qui ont remplacé leurs sacs en plastique par des sacs en papier gratuits. Le directeur du magasin de d’articles de décoration HomeSense se félicite de ce succès. «Nous n’avons eu aucune remarque. Les gens sont contents, et cela ne change rien à leurs habitudes.»

Et au-delà des considérations pratiques, des citoyens soutiennent la démarche écologique. «Je comprends tout à fait le souci écologique d’enlever les sacs en plastique, a assuré Geneviève, qui magasinait des chaussures avec ses deux filles. On est tout près de la voiture pour déposer nos achats. Alors, vraiment, non, ça ne me dérange pas. On peut bien faire ce petit effort.»

À noter qu’il est également possible de recycler les vieux sacs plastiques en les mettant tous dans un même sac noué. Ils doivent être complètement vides de tout objet pouvant les contaminer avant d’être placés au recyclage.

Un petit effort pour une grande cause
Chaque année, près de 8,8 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans, selon le rapport 2015 de l’Université de Georgie. Si rien ne change, l’étude alarmante de la fondation Ellen MacArthur estime que les océans abriteront plus de détritus en plastique que de poissons en 2050.

«Le système actuel de production, utilisation et abandon des plastiques a des effets négatifs importants: de 80 à 120 G$ d’emballages plastiques sont perdus chaque année», s’est alarmé le Forum économique mondial de Davos qui dévoilait l’étude en janvier dernier. Une catastrophe écologique qui peut cependant être enrayée par des gestes citoyens simples et une sensibilisation au recyclage, selon les experts.

C’est dans cette optique que plus de 160 villes américaines ont déjà aboli les sacs en plastique à usage unique. Au Canada, huit villes ont voté pour leur suppression, dont Wood Buffalo, en Alberta; Thompson et Leaf Rapids, au Manitoba; et Huntingdon, Deux-Montagnes, Sainte-Martine; Saint-Ansème et Brossard au Québec. Montréal emboîtera le pas en 2018.

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