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Muskrat Falls: 2,9 G $ de plus en garantie de prêts

Fannie Olivier et Alexandre Robillard, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Ottawa annonce qu’il accorde 2,9 milliards $ supplémentaires en garantie de prêts pour le projet de centrale hydroélectrique de Muskrat Falls, dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador, ce qui a incité le gouvernement du Québec à réclamer une compensation financière.

À la période de questions aux Communes, le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, a affirmé que cette aide contribuera à l’atteinte des cibles canadiennes en matière de changement climatique et à l’autonomie énergétique de l’Atlantique.

Cette aide s’ajoutera à une garantie de prêts de 6,4 milliards $ avancée en 2013 par le gouvernement conservateur d’alors.

Cette annonce risque fort d’hérisser Québec. La semaine dernière, le ministre des Affaires intergouvernementales, Jean-Marc Fournier, avait soutenu que toute hausse du soutien financier d’Ottawa contribuerait à accroître la concurrence déloyale envers Hydro-Québec, qui n’a reçu aucune aide fédérale pour ses infrastructures.

À Ottawa, le Bloc québécois avait par ailleurs demandé un débat d’urgence sur le projet de centrale, ce qui lui avait été refusé par le président de la Chambre, Geoff Regan.

Le projet de Muskrat Falls est une initiative de la société d’État terre-neuvienne Nalcor Energy et de l’entreprise néo-écossaise Emera. Il prévoit la construction d’une centrale ainsi que de lignes de transport qui permettraient d’acheminer la production électrique jusqu’en Nouvelle-Écosse, notamment grâce à une ligne de transport sous-marine.

Le ministre Fournier a réclamé jeudi une compensation financière, sans exclure un recours judicaire.

«C’est un geste divisif du fédéral, a-t-il dit, en rappelant que le Québec souhaitait négocier avec Terre-Neuve. (…) On avait clairement indiqué qu’une aide additionnelle allait ajouter à ce qui était déjà une concurrence déloyale.»

Dans une entrevue téléphonique, M. Fournier a affirmé que l’aide d’Ottawa bouleverse l’équilibre sur le marché et nuit aux intérêts d’Hydro-Québec, dont les infrastructures ont été construites sans aide fédérale.

«La décision ayant été unilatérale et précipitée, Ottawa doit corriger le tir, ramener une solution qui va rééquilibrer les opérations, a-t-il dit. Le Québec va insister auprès d’Ottawa pour qu’il compense parce qu’on ne peut pas être dans une solution de déséquilibre.»

Aucune somme n’a été avancée, et Québec se contentera de répondre à une éventuelle offre d’Ottawa, a indiqué le cabinet du ministre.

Par ailleurs, M. Fournier n’a pas exclu la possibilité de recours judiciaires.

«Il n’y a aucune porte juridique qui est fermée, il n’y aucune porte juridique qui s’ouvre, a-t-il dit. Actuellement la balle est dans le camp politique. S’il y a lieu on va analyser toutes les options.»

Le gouvernement fédéral a confirmé la semaine dernière avoir reçu une demande du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador afin d’étendre une garantie de prêt accordée précédemment au projet de construction de Muskrat Falls, dont les coûts sont passés de 7,4 milliards $ à plus de 11 milliards $.

Carr se justifie

À Ottawa, le ministre Carr a dit que le gouvernement fédéral a voulu agir de façon responsable dans ce dossier.

«C’est accordé parce que le projet est en retard, avec de sérieux dépassements de coûts, que cela a un impact sur la capacité financière de Terre-Neuve-et-Labrador et que nous pensons que la chose responsable pour le gouvernement du Canada est d’étendre les garanties de prêt», a-t-il expliqué dans le foyer des Communes.

M. Carr a indiqué avoir logé un appel de courtoisie auprès de son homologue québécois Pierre Arcand pour le prévenir de la décision du fédéral sur Muskrat Falls. Mais les arguments de Québec n’ont pas ébranlé M. Carr.

«Nous croyons c’est dans le meilleur intérêt des provinces atlantiques et que c’est dans le meilleur intérêt du pays», a-t-il tranché.

Le Bloc québécois s’est dit «scandalisé» par l’annonce. «On ajoute de l’argent à un projet non viable», a déploré la bloquiste Marilène Gill, qui avait d’ailleurs demandé un débat d’urgence sur le projet de centrale. Cela lui avait été refusé par le président de la Chambre, Geoff Regan. «Je n’achète pas l’argument de l’énergie verte, pas du tout», a-t-elle insisté.

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