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CAA-Québec montre les failles à régler avant la légalisation de la marijuana

Close-up of a men driving and smoking joint Photo: Getty Images/iStockphoto

En prévision de la légalisation du cannabis, CAA-Québec recommande plus de formation des policiers, l’achat de dispositifs de dépistage par la salive et l’instauration de sanctions uniformes partout au Canada afin d’éviter l’explosion d’accidents sur les routes.

Une étude commandée par la CAA, et réalisée auprès de 25 organismes fédéraux et provinciaux dans les domaines du transport, de la santé et de la justice, relève les failles qu’il faudra combler dans le cadre de la légalisation complète de la marijuana attendue pour 2017.

La première lacune relève le manque d’études scientifiques portant sur les effets à long terme de la marijuana sur la santé et sur la conduite, laissant ainsi croire à certaines personnes qu’elles conduisent plus prudemment après avoir fumé. «Il en résulte une banalisation de l’usage régulier de cette substance, ce qui risque de contribuer à l’augmentation importante du nombre de consommateurs de cannabis qui décident néanmoins de prendre le volant au quotidien», souligne le rapport intitulé Cannabis et sécurité routière : enjeux stratégiques.

Dans l’État de Washington, entre 2013 et 2014, le nombre de conducteurs impliqués dans un accident mortel et ayant consommé récemment de la marijuana est passé de 8 à 17%, souligne le CAA-Québec qui met aussi de l’avant un sondage maison indiquant que 63% des Canadiens craignent une détérioration de la sécurité routière. Les principaux groupes de défense de la marijuana ne nient généralement pas les risques routiers liés à la substance, mais soulignent que la hausse de sa présence dans les accidents routiers peut-être en partie due à une détection plus systématique.

«Le groupe de travail fédéral qui remettra son rapport au gouvernement à la fin novembre ne peut faire abstraction des inquiétudes des Canadiens ni de ce ‘‘banc d’essai’’ que constituent les deux États américains ayant légalisé le cannabis, nous espérons des recommandations précises en matière de sécurité routière», estime Sophie Gagnon, porte-parole de CAA-Québec.

L’absence de sources scientifiques faisant consensus pourrait aussi avoir un impact dans l’établissement d’une limite de THC à ne pas dépasser pour pouvoir conduire. Certaines autorités ont adopté la limite de 5ng de THC (la substance active du cannabis) par litre de sang. Mais les scientifiques ne s’entendent pas sur la bonne limite, cette dernière peut en effet varier selon les conducteurs et le mode d’ingestion du cannabis.

Du côté de Santé Canada, on souligne que «la marijuana est la deuxième drogue, après l’alcool, la plus souvent en cause chez les conducteurs impliqués dans des accidents, ceux accusés de conduite avec facultés affaiblies et ceux grièvement blessés».

Concernant les tests sanguins, leur précision est remise en cause à 5ng ce qui pourrait nuire au processus judiciaire, note le rapport du CAA. Et la formation est onéreuse (5 000$ par policier) car elle dure deux semaines et nécessite un stage aux États-Unis auprès de toxicomanes incarcérés.

Le CAA recommande donc une plus grande formation des policiers au TSN (test de sobriété normalisé) qui comprend notamment des tests de coordination et de mouvements et l’achat d’appareil de mesure du THC dans la salive.

Finalement, l’organisme recommande d’augmenter les ressources financières dans les salles d’urgence pour gérer les cas de surconsommation de cannabis et de s’assurer que les laboratoires d’analyse ne se retrouvent pas engorgés par l’analyse de tests routiers, ce qui ralentirait encore le processus judiciaire.

Ces recommandations du CAA font déjà partie des éléments sur lesquels planche actuellement le Groupe de travail gouvernemental. Et l’établissement possible d’une limite de THC à ne pas dépasser fait partie des options, souligne Santé Canada.

 

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