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Le premier gouvernement du PQ, 40 ans après

FILE--Quebec Premier Rene Levesque tries to hush supporters at a Parti Quebecois rally in Montreal, Nov.15, 1976, following his party's victory over the Liberal party of Robert Bourassa in the provincial election. It was 30 years ago on Nov.15 that the PQ took power in Quebec. (CP PHOTO/Files) Photo: Canadian Press
Élise Brouillette et Hélène Ruel - TC Media

Le 15 novembre 1976, le Parti québécois (PQ) prenait le pouvoir. Quarante ans plus tard, TC Media s’est entretenu avec deux anciens députés du premier gouvernement de René Lévesque afin de recueillir leurs souvenirs de cette époque.

Guy Chevrette, élu en 1976 dans Joliette-Montcalm

Guy Chevrette

«Je faisais du syndicalisme dans le milieu de l’éducation, se souvient Guy Chevrette. Le gouvernement Bourassa est venu me chercher pour que je sois commissaire à la Commission Cliche (qui enquêtait sur l’exercice de la liberté syndicale dans l’industrie de la construction). En un an, on a réglé l’intimidation et le banditisme dans le milieu de la construction. On a eu la paix pour 20-25 ans. Ça a coûté 
925 000$ à la province.»

Il raconte qu’à la suite de la commission, René Lévesque l’a convoqué, ainsi que Lucien Bouchard, afin qu’ils se présentent pour le Parti québécois. «Lucien Bouchard a dit non, j’ai dit oui.»

Le 18 janvier 1976, il est choisi candidat officiel dans Joliette-Montcalm, dans la région de Lanaudière. Quelque 10 mois plus tard, il devient député de la circonscription. «On a travaillé fort, on a rencontré les conseils municipaux, les groupes sociaux…»

Le 15 novembre au soir, c’est avec une majorité de 5311 voix que Guy Chevrette est élu. Et le Parti québécois prend le pouvoir. Un moment euphorique, vécu en compagnie de quelque 500 partisans au Fleur de lys, à Notre-Dame-des-Prairies. «Je pensais qu’on formerait une forte opposition, je ne m’attendais pas à ce qu’on soit élu.»

Guy Chevrette affirme que le Parti québécois est arrivé au pouvoir avec des engagements bien précis et qu’il les a tous respectés, que ce soit au niveau de la langue française, du zonage agricole, de l’assurance automobile, de la loi anti-briseurs de grève, etc.

L’ancien homme politique raconte que, dans les campagnes électorales de l’époque, les candidats avaient la chance de vendre leur programme, alors qu’aujourd’hui, il est plus question «d’accusations et de ripostes». Il trouve les campagnes actuelles peu intéressantes: «Ce sont les campagnes des chefs.»

Même s’il ne fait plus de politique active, M. Chevrette suit ce qui passe, mais avec un œil un peu différent. «Je demeure convaincu qu’on est comme un petit peuple capable de grandes choses», conclut-il.

Jacques Baril, élu en 1976 dans Arthabaska

Jacques Baril

Le 15 novembre 1976, Jacques Baril, alors âgé de 34 ans, devenait député d’Arthabaska, dans le Centre-du-Québec. Le Parti québécois savourait sa première victoire avec 71 députés (sur 110) et 41% des suffrages.

Sur Facebook, M. Baril a récemment raconté en quelques lignes ce que 1976 évoquait pour lui. «Grande décision, grand 
changement, grand espoir», écrivait-il d’entrée de jeu.

Depuis sa décision de ne pas solliciter un nouveau mandat en 2003, l’ex-ministre délégué aux Transports et à la Politique maritime n’a jamais cessé de suivre l’actualité. S’il s’affaire encore avec son fils à sa ferme céréalière de Princeville, il réagit encore aux nouvelles politiques en sachant ce qu’il ferait ou dirait s’il était encore de l’«autre côté», c’est-à-dire au gouvernement.

Entre 1976 et aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé, constate-t-il. «Les mentalités, les valeurs, les rêves ont changé. En 1976, on avait 
une motivation extraordinaire, celle de mener des grandes réformes. On avait la fierté 
d’être Québécois.»

Cette fierté s’est édulcorée, constate-t-il. Sans porter un jugement sur la jeune génération, il dit qu’elle n’a pas eu la possibilité, comme lui, de connaître ces «grands élans» de l’époque amorcés avec la Révolution tranquille de Jean Lesage. «Oui, les jeunes s’intéressent encore à la politique, mais ils ont davantage la tête à l’international et à la mondialisation. Ils n’ont pas l’esprit collectif, mais je ne leur jette pas la pierre.»

Et le désabusement gagne de plus en plus la population, ajoute-t-il. «Ce désabusement face aux gouvernements et aux politiciens, c’est bien 
de la faute aux élus, avec 
tous ces cas de corruption 
qui s’accumulent.» L’ex-député considère que le pouvoir de changer les choses est passé des mains des élus à celles des fonctionnaires. Même si ces derniers sont pris en défaut, personne ne leur tape sur les doigts, s’indigne-t-il.

Résultats de l’élection

Le résultat des élections 
provinciales de 1976:

  • Parti québécois – 41,37% René Lévesque
  • Parti libéral – 33,78% Robert Bourassa
  • Union nationale – 18,2% Rodrigue Biron
  • Ralliement créditiste – 4,63% Camil Samson

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