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Couillard a eu du mal à imposer une image verte

Quebec Premier Philippe Couillard speaks during a conference of New England's governors and eastern Canada's premiers to discuss closer regional collaboration, Monday, Aug. 29, 2016, in Boston. (AP Photo/Elise Amendola) Photo: The Associated Press
Patrice Bergeron, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Embourbé dans les controverses sur les hydrocarbures, Philippe Couillard a peiné en 2016 à imposer l’image d’un gouvernement vert.

Le premier ministre a dû se contenter de récolter les louanges sur la scène internationale, un rare réconfort, comme lors de la dernière Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, la COP22, en novembre, à Marrakech.

À cette conférence qui portait sur les moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), il s’est toutefois présenté les mains vides, sans nouvel engagement, sans nouveau plan de réduction des GES, malgré des cibles pourtant contraignantes qui seront manquées pour 2020, selon Greenpeace.

«Le Québec continue de surfer sur une réputation internationale surfaite qui découle de l’adoption d’un marché du carbone, a déploré le responsable de la campagne climat-énergie de Greenpeace, Patrick Bonin, dans une entrevue à La Presse canadienne. Mais on n’est plus en 2006, on est en 2016 (…). On n’en est plus aux voeux, on est dans la mise en oeuvre avec des moyens concrets et le gouvernement ne le fait pas.»

Philippe Couillard a eu beau autrefois professer que «l’avenir du Québec n’est pas dans les hydrocarbures», il a tout de même suspendu les règles parlementaires démocratiques habituelles avec un bâillon à la fin de la session d’automne pour faire adopter de force son projet de loi 106.

Cette première législation sur le pétrole de l’histoire du Québec est si controversée que des groupes militants écologistes ont déjà évoqué la désobéissance civile et la résistance.

«C’est malheureusement compréhensible et c’est malheureusement inévitable», a déclaré M. Bonin. Un grand nombre de municipalités, l’Union des producteurs agricoles (UPA) ainsi que les peuples autochtones ont aussi fait bloc contre le texte législatif.

En imposant un bâillon, les libéraux voulaient couper court, après 140 heures de commission parlementaire, à l’étude du volumineux projet de loi de près 400 articles.

Ils ont invoqué l’urgence pour accorder aux entreprises pétrolières un droit d’expropriation. L’opposition officielle a accusé le gouvernement Couillard d’être «dans le lit» des pétrolières qui ont pu se confectionner une loi sur mesure.

«Le gouvernement s’entête à satisfaire l’intérêt des pétrolières aux dépens de tous ceux qui ont émis des craintes et des réticences, a dit M. Bonin. Il renforce ainsi l’impression qu’il n’est pas digne de ses prétentions vertes.»

Le texte législatif reste par ailleurs totalement silencieux sur le procédé contesté de fracturation hydraulique. Et pourtant, Philippe Couillard dénonce précisément le recours à ce procédé pour s’opposer à la démarche d’exploration en cours sur l’île d’Anticosti.

Ce projet, une forme de partenariat public-privé en vue d’explorer le potentiel en hydrocarbures de ce territoire et de l’exploiter, a été lancé par le précédent gouvernement péquiste de Pauline Marois. Philippe Couillard s’en est publiquement dissocié à de nombreuses reprises.

Cependant, à la mi-décembre, un des partenaires dans cette aventure, Pétrolia, qui a déjà accusé le gouvernement libéral de se traîner les pieds, a obtenu le feu vert pour poursuivre une autre étape de ses travaux.

Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) a en effet autorisé l’entité qui regroupe les partenaires, Hydrocarbures Anticosti, à changer le lieu d’un des trois forages, où doivent être entreprises les premières opérations de fracturation sur l’île, dès 2017.

Or si la phase exploratoire s’avère fructueuse, et à moyen terme des activités d’exploitation sont entreprises, cela pourrait bien noircir le bilan GES du Québec. La cible de réduction des GES pour 2030 est pourtant ambitieuse: elle a été fixée à 37,5 pour cent sous le niveau de 1990. Le premier ministre a déjà reconnu que les efforts les plus difficiles restaient à venir. Ils impliqueront de douloureux changements d’habitude pour les Québécois.

Et de 2010 à 2014, les émissions de GES n’ont pas diminué au Québec, selon le plus récent inventaire fédéral. Elles ont même légèrement augmenté. Le Québec tarde à publier son propre inventaire de GES pour 2014, alors que sa parution était pourtant prévue pour la fin de 2016.

Quant aux moyens pour atteindre ses cibles, le Québec compte largement sur des gestes déjà posés, notamment la bourse du carbone, le Plan d’action sur l’électrification des transports et celui sur les changements climatiques 2013-2020.

Et il reste encore beaucoup à faire. Les paramètres du marché du carbone sont en cours de préparation pour la période post-2020, de même que de futurs plans d’action et stratégies, a précisé Émilie Simard, porte-parole du ministre de l’Environnement, David Heurtel.

Enfin, un an après le «flushgate», le gouvernement Couillard n’a pas pu résorber le problème des municipalités qui rejettent directement leurs eaux usées dans le fleuve.

L’an dernier, la Ville de Montréal avait été vivement dénoncée de toutes parts pour avoir déversé près de 5 milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve. Les libéraux avaient alors affirmé qu’ils allaient en tirer des leçons.

Or, une centaine de municipalités québécoises rejettent leurs eaux d’égouts sans traitement, a souligné l’opposition officielle. Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec, Laval, Saguenay, Trois-Rivières, Saint-Hyacinthe, Chambly et Gatineau sont quelques-unes des municipalités qui ont dû rejeter plusieurs millions de litres d’eaux usées en 2016.

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