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De militaire à citoyen, une transition difficile

Photo: TC Media - Pierre Langevin

Retraité des Forces armées canadiennes (FAC), Michel Currier revient de loin. Ses 19 ans de service lui laissent plusieurs blessures physiques et psychologiques, qu’il tente de vaincre tant bien que mal. Le combat n’est pas facile, mais l’ex-militaire sait désormais où trouver de l’aide.

Pour des raisons médicales, Michel Currier a dû mettre un terme à sa carrière de militaire en 2008. Cependant, la réalité de vivre dans un monde non structuré l’a frappé de plein fouet. Il a trouvé réconfort dans la consommation de cocaïne et d’alcool.

«Je n’étais pas prêt à ce que ça s’arrête, avoue-t-il. Du jour au lendemain, je me suis retrouvé dans la société, mais avec des comportements de militaire. Mon bilan post-militaire fait mention de deux thérapies à la Maison Jean Lapointe. Tout ce qui pouvait geler le mal que j’avais en dedans, je le prenais. J’ai aussi eu des idées suicidaires.»

Selon M. Currier, très peu de militaires des armes de combat sont prêts à revenir dans la société après une carrière dans les FAC. «Ça prend une meilleure transition entre la vie militaire et la vie civile, assure Michel Currier. Du jour au lendemain, je me suis retrouvé assis dans mon salon sans rien devant moi. Les militaires devraient avoir de meilleurs suivis. Arrivés à leur dernier contrat, ils devraient recevoir une formation préparatoire à leur retour en société.»

Il aura fallu huit ans à l’ancien commandant de la section infanterie avant d’être accepté dans le programme de réadaptation d’anciens combattants. «Il faut comprendre que lorsqu’un militaire quitte les FAC, il ne reçoit aucune aide additionnelle. Il doit faire affaire avec les Anciens combattants. C’est d’une lourdeur administrative incroyable! C’est une des raisons qui fait qu’on perd des gens. Trop de militaires croient que parce qu’ils sont des soldats, ils ne sont pas supposés casser.»

Michel Currier a reçu un diagnostique d’un syndrome post-traumatique lors de sa sortie de l’armée en 2008. Dans sa carrière, il avoue avoir vécu des situations auxquelles personne ne devrait être soumis. «Lors de mon premier mois en mission à Sarajevo, je me suis fait tirer dessus à quatre reprises, raconte l’homme de 47 ans. Le premier soir lorsque je me suis dirigé pour aller chercher une ration, j’ai reçu une rafale de balles. C’est comme cela qu’on m’a souhaité la bienvenue.»

Rapidement, le Campivallensien aurait eu besoin d’aide psychologique. Toutefois, demander quoi que ce soit ne faisait pas partie de la formation qu’il a reçue. «Un soldat d’infanterie ça ne demande pas d’aide. Ça se plaint seulement lorsqu’il lui manque une jambe. Pendant mes 19 années au sein des FAC, j’ai trouvé le bonheur dans l’adrénaline. Ma zone de confort c’était quand les balles me sifflaient sur le bord des oreilles. C’était rendu que j’en riais», ajoute-t-il.

C’est à son retour d’une mission en Bosnie que Michel Currier a démontré ses premiers signes de détresse psychologique. Il vivait de la peur constante en plus de ressentir de la colère et de l’agressivité. «Encore aujourd’hui j’ai peur. J’ai peur de marcher dans la rue la nuit. J’ai peur d’être agressé. Je suis constamment sur mes gardes. Je n’écoute même plus les nouvelles, car voir des attentats terroristes m’amène à vouloir aller face à la menace.»

Afin de pouvoir échanger sur sa situation et de garder un sentiment d’appartenance avec sa carrière militaire, M. Currier a joint un club de motocyclistes composé de vétérans des FAC. «C’est une fraternité composée de militaires ayant appartenu aux forces spéciales. On se sauve la vie mutuellement en jasant de nos réalités. Quand tu es un militaire actif, tu ne comprends pas toujours qu’il est important de jaser de ce que tu ressens. Mais, une fois que la carrière se termine, ça fait tellement du bien de savoir que tu n’es pas seul.»

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Le Syndrome de stress post-traumatique
Selon le site internet Vétéran Canada, le trouble de stress post-traumatique (TSPT) désigne un type de troubles anxieux sévère qui se manifeste à la suite d’une expérience vécue comme traumatisante avec une confrontation à des idées de mort. Le trouble de stress post-traumatique est une réaction psychologique consécutive à une situation durant laquelle l’intégrité physique ou psychologique du patient ou de son entourage a été menacée ou effectivement atteinte. Ceci est habituellement le cas lors d’accident grave, de mort violente, de viol, d’agression, de maladie grave, de guerre ou d’attentat. Les capacités d’adaptation de la personne atteinte sont alors débordées. La réaction immédiate à l’événement aura été traduite par une peur intense, par un sentiment d’impuissance ou par un sentiment d’horreur.

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