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Les crimes contre une religion en hausse au Québec

Stéphanie Marin, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Même s’ils n’ont pas eu la violence de l’attaque mortelle de dimanche soir contre une mosquée de Québec, les crimes à caractère haineux visant une religion sont en hausse au Québec depuis quelques années.

Et depuis dimanche, les appels se multiplient au Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence, de même qu’au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Le ministère québécois de la Sécurité publique a recensé 93 infractions à caractère haineux — toutes religions confondues — en 2014, alors qu’il n’y en avait que 70 en 2010.

Beaucoup de ces infractions étaient des méfaits, ce qui inclut le vandalisme.

Le ministère a aussi pu préciser les crimes haineux commis spécifiquement contre la religion musulmane, mais seulement pour deux années récentes.

Il a commencé à détailler les crimes haineux visant une religion en 2013 et est en mesure de dire que cette année-là, 20 visaient des musulmans, contre 35 en 2014, soit une hausse de 15 infractions.

Le SPVM estime lui aussi que les crimes haineux visant une religion sont en hausse. La police en a recensé 55 en 2016, comparativement à 24 en 2013, mais ne détaille pas les religions visées. Ces crimes n’ont par ailleurs pas tous débouché sur des accusations criminelles, a indiqué en entrevue Carolyn Cournoyer, commandante de la section des Relations avec la communauté.

Elle parle d’une hausse mais invite à la prudence, en suggérant que la création en 2016 du Module incidents et crimes haineux au SPVM et celle du Centre de prévention de la radicalisation peut avoir incité plus des gens à porter plainte qu’avant.

Le SPVM a aussi indiqué avoir reçu depuis deux jours de nombreux appels de citoyens dénonçant des propos haineux ou islamophobes sur les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter. Certains de ces propos étaient de nature criminelle, par exemple des menaces.

Au Centre de prévention de prévention de la radicalisation menant à la violence, qui existe depuis près de deux ans, on a relevé dans cette période 14 cas haineux (par exemple, visant l’origine ethnique ou l’orientation sexuelle) et 16 liés à l’islamophobie, pour un total de 30. De ce nombre, 14 cas ont été transmis à la police.

«C’est beaucoup», a laissé tomber en entrevue le directeur général du centre, Herman Okomba-Deparice.

Il rappelle que beaucoup ne gens ne rapportent pas les crimes haineux. «Ils sont gênés, ou n’ont pas confiance», déplore le directeur.

Depuis 48 h, il y a eu un sursaut d’appels au centre. Sur un total de 20 situations retenues, 10 étaient des actes d’islamophobie, note-t-il. Trois cas ont d’ailleurs été transmis à la police.

L’homme refuse d’être alarmiste: il signale que la police est efficace et qu’il y a des stratégies de prévention en place.

«Le risque zéro n’existe pas», précise-t-il toutefois.

Au Canada, le Code criminel prévoit quatre infractions spécifiques qui sont considérées comme des crimes de haine, soit l’encouragement au génocide, l’incitation publique à la haine, la fomentation volontaire de la haine et le méfait envers les biens religieux.

Le Service de police de la ville de Québec (SPVQ) et la Sûreté du Québec n’ont pas été en mesure de donner suite à nos demandes de statistiques mardi.

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