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Tempête de neige: Couillard prend le blâme

Jocelyne Richer et Lia Lévesque, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le gouvernement Couillard a été incapable, mercredi, d’expliquer pourquoi l’intervention des services publics censés secourir les victimes de la tempête de neige de la veille s’est transformée en véritable cafouillage.

Même si l’ampleur de la tempête de neige était annoncée depuis des jours, le ministre des Transports, Laurent Lessard, et le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, n’ont pu justifier les importants délais d’intervention des services d’urgence et leur incapacité de répondre adéquatement aux besoins de la population sinistrée.

En point de presse mercredi après-midi, les deux ministres, qui avaient plus de questions que de réponses à fournir aux médias, ont réclamé plus de temps pour comprendre ce qui n’a pas fonctionné durant l’opération.

La tempête de mardi aura causé la mort de deux hommes coincés pendant plus de huit heures dans leur véhicule enlisé dans la neige, près de Montmagny. En fait, cinq personnes sont mortes dans des événements sur les routes durant la tempête, mardi et mercredi. Outre ces deux hommes, une personne — possiblement un camionneur resté piégé dans son véhicule en feu — est morte à la suite du carambolage sur l’A20 à Saint-Zotique, un homme a péri à la suite d’un violent impact survenu à Saint-Wenceslas, dans le Centre-du-Québec, mardi après-midi, et un piéton a été happé mortellement par une déneigeuse à Saint-Anselme, près de Lévis.

La tempête était d’une telle force qu’elle a entraîné la fermeture de nombreuses routes et autoroutes, et provoqué des carambolages monstres. Dans la région de Montréal, au moins 300 personnes sont restées coincées dans leur véhicule pendant de nombreuses heures sur l’autoroute 13 Sud.

Plus tôt, le premier ministre Philippe Couillard avait reconnu que les services publics avaient mal fait leur travail de gestion de la tempête de neige qui a frappé le Québec mardi.

Une tempête de neige d’une ampleur exceptionnelle, a-t-il dit, commandait une réponse tout aussi exceptionnelle des services publics chargés de gérer ce genre de situations, soit le ministère des Transports et celui de la Sécurité publique. Or, ce ne fut pas le cas.

Dans les prochains jours, une analyse pointue devra être faite de la réponse gouvernementale à la tempête de neige, et tout devra être mis en oeuvre pour assurer à l’avenir une meilleure coordination et une meilleure communication des services d’urgence, a-t-il ajouté, de manière à éviter, notamment, que des personnes soient forcées de passer des heures coincées dans leur véhicule, comme ce fut le cas mardi en raison du mauvais temps, des routes bloquées et de la lenteur à réagir des services gouvernementaux.

Les ministres Coiteux et Lessard ont estimé eux aussi qu’il fallait améliorer la communication et la coordination des services d’urgence, pour assurer une meilleure réponse à l’avenir. Ils n’ont pas dit pourquoi une telle coordination n’était pas déjà en place.

M. Coiteux a promis de tracer un «bilan provisoire» de l’opération d’ici vendredi.

«On n’est pas là pour vous dire qu’on est satisfait du résultat final de tout ça», a dit M. Coiteux.

«On s’est déclarés insatisfaits, puis on questionne maintenant l’amélioration», a renchéri le ministre Lessard.

Ni M. Coiteux ni M. Lessard n’ont pu identifier à quel moment, à quelle étape du processus décisionnel, à quel maillon de la chaîne de commandement les choses ont mal tourné dans les communications entre le ministère des Transports, la Sécurité publique, la Ville de Montréal et la Sûreté du Québec.

Il y a différentes versions de la séquence des événements, a dit M. Coiteux, pour justifier le délai à fournir des réponses à la population. Les deux ministres ont refusé de fournir des détails sur le déroulement de l’opération.

Selon le ministre des Transports, le délai d’intervention des services d’urgence dans la nuit de mardi à mercredi n’a pas été causé par un manque d’effectifs. «Toutes les équipes du ministère étaient sur la route», a dit M. Lessard. La Sûreté du Québec avait déployé un grand nombre de policiers pour l’occasion, a ajouté M. Coiteux.

«S’il y a lieu de changer les processus, on va les changer», a commenté le ministre Coiteux.

Le chef de l’opposition officielle, Jean-François Lisée, a estimé pour sa part qu’il s’agissait là de la pire gestion de crise en trois ans du gouvernement Couillard.

Coderre défend les services municipaux

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a pour sa part martelé, chronologie en main, que la Sécurité civile de Montréal n’avait rien à se reprocher.

«Il n’y a pas personne qui va défendre l’indéfendable. Ils (au gouvernement du Québec) vont faire leur bilan et je vais leur donner l’information que j’ai moi-même. En autant que je suis concerné, au niveau de la Sécurité civile de Montréal, tout a été fait adéquatement», a-t-il conclu.

Il a laissé entendre que c’est plutôt au ministère des Transports et peut-être à la Sûreté du Québec qu’il y avait eu des manquements.

«La première question, c’est pourquoi, au niveau du ministère des Transports du Québec, on n’a pas dit, quand c’était bloqué: ‘il y a des voitures qui sont prises là’», a-t-il demandé. Montréal, dit-il, ne dispose pas d’un système de caméras comme celui du ministère des Transports pour les autoroutes.

Selon la chronologie rapportée par le maire Coderre, à 23h50 la responsable de la Sécurité civile de Montréal a convoqué tous les acteurs du dossier et a demandé une mise en situation. Elle a invité le ministère des Transports du Québec. «Et c’est à ce moment-là qu’on apprend que l’Autoroute 13 est fermée. On ne parle strictement que de problèmes de déneigement. On ne dit pas qu’il y a du monde là» qui est coincé, a critiqué le maire Coderre, visiblement irrité.

«Ce qui est troublant, c’est pourquoi on n’a pas pu savoir ce qui s’est passé à ce niveau-là. Ce n’est pas à Montréal à s’occuper de ce dossier-là. On était là en appui de toute façon. Nous, on avait appliqué à la lettre notre plan d’intervention», a assuré le maire Coderre.

«À 1h40 du matin, tous nos services de sécurité civile, toutes nos capacités, tout était revenu à la normale» pour Montréal, a-t-il soutenu.

Pas moins de 317 appels ont été faits à la Sûreté du Québec.

Mais finalement, le Service d’incendie de Montréal a dû intervenir de son propre chef à 4h29. «On n’a pas attendu les gens de la Sûreté du Québec. On a amené l’eau et tout le reste; on a ouvert le centre d’hébergement à Lachine», a précisé le maire Coderre.

De même, 200 autobus de la Société de transport de Montréal sont restés embourbés dans la neige. Il en restait 60 au moment où le maire a donné son point de presse, à 15h30 mercredi.

Le maire s’est aussi dit soulagé de voir que la controverse concernant les factures de remorquage servies aux automobilistes coincés avait été réglée.

«L’autre affaire qui me fatiguait et ça n’a pas de maudit bon sens: t’es pogné là pendant 13 heures, pis après ça, tu te fais remorquer, tu te fais dire: ‘on vous remercie, on vous aime tellement qu’on va vous faire payer 218 $’. Ça n’a pas de maudit bon sens. Je suis très heureux et satisfait de voir à quel point le ministre (des Transports, Laurent) Lessard a répondu» à cet accroc, qui sera corrigé, a rapporté le maire Coderre.

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