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Autoroute 13: Couillard annonce une enquête

Photo: FELIX O.J. FOURNIER TC MEDIA MTL
Jocelyne Richer et Patrice Bergeron, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Sur la défensive, le premier ministre Philippe Couillard tient les fonctionnaires responsables du «cafouillage majeur» survenu mardi dans la gestion des services d’urgence censés porter secours aux centaines de victimes de la tempête de neige ayant frappé le Québec.

La tempête et ses suites ont causé la mort d’au moins sept personnes au Québec.

En point de presse, M. Couillard a annoncé jeudi une série de mesures destinées à corriger le tir, au cas où d’autres situations semblables se produiraient.

Mais il a refusé d’identifier le ministre des Transports, Laurent Lessard, comme grand responsable de la crise politique engendrée par ce cafouillage, rejetant d’emblée les appels pressants du chef péquiste Jean-François Lisée et du chef caquiste François Legault, qui ont tous deux réclamé la démission de M. Lessard, jugé incompétent.

Le premier ministre exonère donc de tout blâme son ministre des Transports et son ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, qui ont été avisés trop tard de la gravité de la situation par leurs fonctionnaires, selon lui.

«Ils n’ont pas été informés. Point final. Ils se sont réveillés le matin (mercredi) et personne ne les avait appelés. Il semble que des gens aient jugé que c’était une tempête de neige et qu’il fallait continuer comme on faisait les choses d’habitude», a déploré le premier ministre.

Au nom du gouvernement, M. Couillard a présenté ses excuses, jeudi matin, aux gens — notamment les centaines de personnes coincées pendant plusieurs heures dans leur véhicule sur l’autoroute 13 à Montréal — ayant souffert des inconvénients majeurs causés par un manque flagrant de coordination dans les services relevant au premier chef du ministère des Transports (MTQ) et du ministère de la Sécurité publique.

Québec déclenche une enquête externe pour comprendre ce qui a pu se produire pour engendrer un tel nombre de ratés observés dans la chaîne de commandement, a indiqué en point de presse le premier ministre. L’enquête a été confiée à Florent Gagn��, un ancien sous-ministre aux Transports. Son rapport pourrait être présenté en commission parlementaire.

De son côté, le ministre des Transports a annoncé que la responsable de la sécurité civile du ministère des Transports, Anne-Marie Leclerc, a été relevée de ses fonctions.

Une enquête administrative sera menée en parallèle au ministère des Transports relativement au rôle joué par le sous-traitant chargé d’entretenir l’autoroute 13. Le ministère verra à mettre fin à son contrat.

Une autre enquête interne sera menée cette fois à la Sûreté du Québec, pour expliquer pourquoi des délais «tout à fait inacceptables» ont été observés avant que la SQ intervienne pour venir en aide aux personnes coincées sur l’autoroute 13.

«Si des gens ont failli à leurs responsabilités», ils s’exposeront à des sanctions, a promis le ministre Coiteux.

SFPQ

Les employés du ministère des Transports ont pour leur part tenu à se défendre par la voix de leur syndicat, le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ). Son président, Christian Daigle, soutient que le ministre devait ou aurait dû être informé. Il a indiqué que les patrouilleurs du MTQ ont rapporté la situation à leurs supérieurs aux alentours de 20h00 mardi soir.

«Je ne comprends pas comment un ministre ne pouvait pas être informé d’une telle situation, a-t-il dit en conférence de presse à la Tribune de la presse parlementaire. Lors de situations similaires dans le passé, on a toujours vu des ministres qui étaient à l’avant-scène, qui devaient apporter un suivi, donner de l’information, donner une coordination.»

Selon lui, si le ministre n’a pas été contacté par le ministère, il aurait dû lui-même prendre le téléphone ce soir-là et contacter ses gestionnaires.

M. Daigle a dénoncé les réductions d’effectifs du MTQ au cours des dernières années. De même, il a déploré que seul le personnel régulier à l’horaire a travaillé ce soir-là, alors que dans ces circonstances exceptionnelles, des renforts auraient dû être appelés.

SQ

La Sûreté du Québec a pour sa part fait savoir que l’officier qui était en charge de commander les opérations pour l’embouteillage sur l’autoroute 13 Sud a été relevé de ses fonctions. Il a été réaffecté à des tâches administratives le temps que l’enquête interne de la SQ se poursuive, a dit le responsable du service des communications avec les médias de la SQ, le capitaine Guy Lapointe, lors d’un point de presse à Montréal.

Il a précisé que l’intervention de la SQ visait essentiellement à rouvrir des voies à la circulation et non l’évacuation des personnes sinistrées.

M. Lapointe n’a par ailleurs pas voulu commenter le rôle du ministère des Transports dans le cafouillage. Selon le maire de Montréal, Denis Coderre, les pompiers de la ville sont intervenus de leur propre chef à 4h29 mercredi.

Au début de l’intervention de la SQ sur l’autoroute 13 Sud, le comportement des camionneurs qui étaient immobilisés sur la chaussée avant que des centaines de véhicules soient coincés a nui au travail des patrouilleurs de la SQ, a noté M. Lapointe.

«Ce que l’enquête interne nous démontre jusqu’à présent, c’est que le premier problème est survenu lorsque les camionneurs ont refusé de collaborer au remorquage de leurs véhicules», a-t-il dit.

Jeudi, presque toute la période des questions à l’Assemblée nationale a été monopolisée par la crise politique engendrée par la dernière tempête de neige et la façon dont cette crise a été gérée par le gouvernement.

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