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Un jeune blessé par balle chaque jour en Ontario

Sheryl Ubelacker, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

TORONTO — Les armes à feu blessent un enfant ou un jeune tous les jours en Ontario, selon des chercheurs qui ont analysé les dossiers d’hospitalisation pour déterminer quels groupes de jeunes étaient les plus à risque d’accidents ou d’attaques violentes avec une arme à feu.

Leur étude, publiée lundi dans le Journal de l’Association médicale canadienne, révèle que 355 blessures par arme à feu chez des enfants ou des jeunes ont été enregistrées chaque année en Ontario. De 23 à 25 de ces cas — ou sept pour cent — se sont soldés par un décès.

Lorsque les chercheurs se sont penchés sur les dossiers des salles d’urgence de la province pour analyser les blessures liées aux armes à feu, ils ont découvert que les jeunes nés au Canada, particulièrement les garçons, présentaient le plus haut taux de blessures non intentionnelles causées par une arme à feu — 12 pour chaque tranche de 100 000 personnes, contre environ sept par tranche de 100 000 garçons immigrants.

Mais pour ce qui est des blessures par arme à feu causées lors d’une agression, les immigrants et les réfugiés étaient beaucoup plus à risque que les jeunes nés au Canada. Les enfants et jeunes réfugiés couraient ainsi 1,4 fois plus de risques d’être victimes d’une agression avec une arme à feu que les jeunes du même âge nés au Canada. Les jeunes immigrants originaires de l’Afrique présentent quant à eux trois fois plus de risques et ceux d’Amérique centrale, quatre fois plus, selon l’étude.

Les garçons des trois groupes présentaient un plus haut risque de souffrir d’une blessure par balle, a indiqué la pédiatre Astrid Guttmann, l’une des auteurs de l’étude.

Elle précise que les enfants vivant dans des milieux ruraux courent davantage de risques de souffrir d’une blessure accidentelle. En contrepartie, les blessures par balle subies lors d’agressions violentes surviennent davantage dans les quartiers défavorisés des centres urbains, là où les jeunes immigrants et réfugiés se retrouvent généralement lorsqu’ils arrivent au Canada.

La Société canadienne de pédiatrie (SCP), qui a mis à jour lundi ses recommandations pour prévenir les blessures par armes à feu chez les jeunes, affirme que 635 enfants et jeunes de moins de 24 ans sont morts de telles blessures au pays de 2008 à 2012. Ce nombre inclut les coups de feu accidentels et intentionnels, incluant les suicides. Quatre-vingt-quatorze pour cent des victimes étaient de sexe masculin.

«Chaque famille, qu’elle soit de milieu rural ou urbain, devrait se faire demander si elle détient une arme à feu, écrit la SCP. Les parents qui décident de conserver une arme au domicile doivent être avisés de la décharger, d’en verrouiller la gâchette ou de l’entreposer dans un endroit fermé à clé et de la conserver dans un lieu différent des munitions.»

La SCP exhorte par ailleurs tous les ordres de gouvernement à légiférer pour assurer un contrôle plus rigoureux relativement à l’acquisition, au transport, à la possession et à l’entreposage des armes à feu.

Selon la docteure Katherine Austin, qui a coécrit le document de la SCP, il existe une croyance voulant que le Canada n’ait pas de problème avec les armes à feu, surtout parce que le nombre de décès causés par ces armes aux États-Unis est «spectaculaire» en comparaison.

Elle rappelle toutefois, citant une étude de 2010, que lorsqu’on enlève les États-Unis, le Canada se classe quatrième pour le taux de mortalité par armes à feu sur 22 pays industrialisés (après la Finlande, l’Autriche et la France).

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