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Northern Pass: une coalition s'oppose au projet

Caroline St-Pierre, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le plus important legs testamentaire de conservation en terre privée de l’histoire du Québec sera saccagé par une ligne de transmission d’Hydro-Québec vers le New Hampshire, soutient une nouvelle coalition qui demande au gouvernement d’obliger la société d’État à revoir son projet.

«SOS mont Hereford», un mouvement lancé mercredi à Montréal par Nature Québec, le Conseil régional de l’environnement de l’Estrie, Corridor appalachien et le Réseau de milieux naturels protégés, déplore que le tracé aérien retenu actuellement par Hydro-Québec pour son projet Northern Pass traverse le massif de cette montagne, située près des villages d’East Hereford et Saint-Herménégilde, en Estrie.

La coalition, aussi appuyée par le chanteur Richard Séguin, qui réside dans la région, ne s’oppose pas au projet d’exportation lui-même, mais demande le contournement et l’enfouissement de la ligne sur un peu plus de 15 kilomètres. Selon le directeur général de Nature Québec, Christian Simard, une telle mesure représenterait des coûts d’environ 60 millions $ sur un projet évalué à 2,7 milliards $, «ce qui ne devrait pas handicaper la rentabilité de ce projet».

Hydro-Québec précise toutefois que la somme de 2,7 milliards $ correspond à l’ensemble du projet des deux côtés de la frontière. «Les 60 millions $ représentent en fait un surcoût de 56 pour cent pour le projet de ligne» dont il est question, nuance la porte-parole de la société d’État, Lynn St-Laurent.

Le Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) a récemment publié un rapport indiquant qu’Hydro-Québec «devrait réévaluer de manière plus détaillée la possibilité d’enfouir la ligne dans la portion sud avant une éventuelle autorisation du projet par le gouvernement du Québec», ajoutant que «l’enfouissement de la ligne permettrait notamment d’éviter le territoire de la Forêt communautaire Hereford».

«SOS mont Hereford» estime notamment que la fragmentation de la montagne pourrait contribuer au déclin de sa biodiversité et la rendre plus vulnérable aux espèces envahissantes.

«Le partenaire américain d’Hydro-Québec enfouit une ligne, la même ligne, sur 100 km au New Hampshire. Donc nous demandons le même traitement pour le Québec et le respect d’une zone protégée», indique Christian Simard, en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

«On n’est pas nés pour de petits paysages. Pourquoi les Américains ont-ils un traitement correct et pas les Québécois?»

Par le biais de sa porte-parole, Hydro-Québec assure que les discussions sont toujours sur la table avec les «partenaires directement concernés par le projet».

«Hydro-Québec a toujours souhaité et demeure ouverte à échanger avec les intervenants qui sont concernés par ce projet-là. D’ailleurs, tel que le BAPE nous l’a suggéré, on poursuit les discussions avec nos deux partenaires, (soit) Forêt Hereford et Conservation de la nature Canada», affirme Mme St-Laurent, qui souligne que le territoire sur lequel est prévu le tracé n’est pas une aire protégée reconnue par le gouvernement, mais bien une zone dotée d’une servitude de conservation.

Mme St-Laurent ajoute que les premières études sur le projet, réalisées en 2010, avaient indiqué qu’il était préférable de privilégier un tracé passant du côté ouest de la montagne, pour des considérations d’intégration au paysage et pour le développement des activités récréotouristiques du côté est, une conclusion confirmée lors de la reprise des études sur le projet en 2015.

La porte-parole a indiqué qu’Hydro-Québec avait bien évalué la possibilité d’enfouissement de la ligne tel que recommandé par le BAPE et que les discussions se poursuivaient à ce sujet. Elle n’a cependant pas voulu dire si cela signifiait qu’un enfouissement n’était toujours pas exclu par la société d’État.

«Je ne voudrais pas vous dire qu’il n’est pas exclu, mais c’est discuté. On poursuit les discussions sur plein d’aspects, incluant des stratégies d’accès, différentes mesures d’atténuation qui peuvent rendre le projet acceptable. La question de l’enfouissement, c’est quelque chose qu’on regarde», a-t-elle dit.

Le mont Hereford fait partie des montagnes Blanches des Appalaches. Il est situé à l’intérieur d’un domaine de plus de 5300 hectares légué à la communauté locale à des fins de conservation par l’homme d’affaires Neil Tillotson et son épouse Louise.

«Ce sont des paysages qui sont importants, qui sont à la base de l’économie récréotouristique de l’Estrie, a dit M. Simard. Ce sont des paysages méconnus peut-être pour les Montréalais, si on compare à Bromont ou au mont Orford, mais qui sont importants.

«Et c’est une bataille pour nous qui est nationale, c’est-à-dire qui n’est pas seulement à l’échelle de l’Estrie, mais qui (touche au) respect des aires protégées en terres privées. Si on permet un passage, tout le système de donation écologique de milieu naturel partout au Québec risque de s’effondrer», a-t-il ajouté.

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