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Le pilote ivre écope de huit mois de prison

Lauren Krugel, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

CALGARY — Le pilote de Sunwing Airlines qui s’apprêtait à prendre les commandes d’un avion de ligne alors qu’il était en état d’ébriété, en décembre à Calgary, a été condamné lundi à huit mois de prison ferme.

Miroslav Gronych, âgé de 37 ans, avait plaidé coupable à l’accusation d’avoir conduit ou eu la garde ou le contrôle d’un aéronef alors qu’il était en état d’ébriété. Selon ce qui a été présenté au tribunal, son taux d’alcoolémie était trois fois supérieur à la limite permise.

En prononçant une peine «dissuasive» contre M. Gronych, lundi à Calgary, la juge Anne Brown a voulu envoyer un signal clair à tous les pilotes de par le monde. En plus des huit mois de prison, elle a aussi interdit à M. Gronych de piloter un avion pendant un an lorsqu’il aura purgé sa peine.

En tenant compte du temps passé en détention préventive, la peine de huit mois de prison est réduite à un peu plus de sept mois. M. Gronych, un ressortissant slovaque qui avait obtenu un permis de travail au Canada, devra aussi verser une amende supplémentaire de 100 $ pour le fonds d’aide aux victimes d’actes criminels. La défense avait recommandé au tribunal une peine de trois à six mois de prison, alors que la Couronne suggérait un an.

La juge a retenu que l’inculpé n’avait pas bu depuis cet incident et qu’après avoir compris les effets dévastateurs de sa dépendance, il était déterminé à demeurer sobre pour le reste de sa vie — il avait d’ailleurs entrepris une démarche thérapeutique. Elle a aussi rappelé que cette affaire avait fait le tour du monde et que M. Gronych avait été couvert de honte — surtout au Canada, où il travaillait, et en Slovaquie, son pays d’origine. La juge Brown a par ailleurs souligné que pendant cet incident, le pilote n’avait jamais touché aux commandes de l’appareil.

L’épinglette à l’envers

Le 31 décembre, Miroslav Gronych et son équipage de Sunwing Airlines devaient prendre des passagers à Calgary, Regina et Winnipeg avant de se rendre à Cancun, au Mexique. Au procès, on a appris que lorsqu’il est entré dans la cabine de pilotage, M. Gronych avait du mal à parler et à marcher correctement — il a même eu quelques difficultés à suspendre son manteau. Le copilote lui a alors suggéré de partir mais M. Gronych est revenu dans la cabine, s’est assis dans son siège et a semblé s’assoupir, le visage appuyé contre le hublot. Il a ensuite été escorté jusqu’à l’aérogare.

Lorsqu’il a été rencontré par la police, M. Gronych portait son épinglette de pilote à l’envers sur sa veste. Les policiers ont aussi retrouvé dans sa chambre, à l’hôtel de l’aéroport, une bouteille de vodka de 750 ml, vide, a-t-on entendu au procès. On a aussi appris que M. Gronych, marié et père de deux jeunes enfants, avait été congédié depuis.

Lorsqu’il s’est adressé au tribunal, le mois dernier, lors des observations sur la peine, M. Gronych a raconté, en larmes, qu’il avait rêvé depuis sa plus tendre enfance de devenir pilote. «Je ne peux vous dire à quel point j’ai honte», disait-il d’une voix brisée. «Mes enfants aussi seront punis pour mes erreurs».

En prononçant la peine, lundi, la juge Brown a soutenu qu’il serait étonnant de voir M. Gronych à nouveau aux commandes d’un aéronef. «L’enjeu, ici, c’est de rendre la peine appropriée pour envoyer aux pilotes de ligne un message clair de dénonciation et de dissuasion.» La juge a aussi expliqué que le geste de M. Gronych contribuait à miner la confiance du public envers les pilotes en général.

La procureure Rosalind Greenwood a aussi salué le caractère dissuasif de cette peine. «Les pilotes doivent savoir que s’ils boivent et prennent les commandes d’un appareil, ils iront en prison», a-t-elle expliqué à sa sortie de la salle d’audience.

En vertu des règles d’aviation canadiennes, les membres d’équipage ne peuvent monter à bord si leurs facultés sont affaiblies par l’alcool; s’ils ont bu, ils doivent attendre au moins huit heures avant d’amorcer leur quart de travail. Le transporteur Sunwing soutient que sa politique de «tolérance zéro» pousse cette barre jusqu’à 12 heures d’abstinence avant de monter à bord.

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