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Caribou: la ministre McKenna est poursuivie

Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Exaspérée par l’inaction d’Ottawa face à la protection du caribou forestier, la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP) intente une poursuite contre la ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna.

Dans son recours déposé en Cour fédérale à Montréal, mercredi matin, la SNAP invoque l’article 63 de la Loi sur les espèces en péril (LEP), dans le but de forcer la ministre à désigner les zones qui ne sont pas protégées et à faire rapport régulièrement sur les mesures devant protéger l’habitat essentiel du caribou forestier.

«Il y a plusieurs sections de l’habitat essentiel du caribou forestier qui ne sont pas protégées et on ne sait pas ce qui est fait actuellement pour corriger ça», a expliqué le directeur général de la SNAP au Québec, Alain Branchaud, en entrevue avec La Presse canadienne.

En vertu de la loi, le gouvernement fédéral doit d’abord désigner ce qu’il considère comme étant l’habitat essentiel d’une espèce en péril, ce qui, dans le cas du caribou forestier, représente un territoire chevauchant neuf provinces et territoires allant du Labrador au Yukon, ce qui a été fait en octobre 2012.

Par la suite, Ottawa a six mois pour identifier les parties du territoire qui ne sont pas protégées et doit ensuite, tous les six mois, faire rapport sur les mesures déployées pour préserver l’habitat essentiel jusqu’à ce qu’une protection efficace soit mise en place.

Or, quatre ans après la désignation du territoire, le gouvernement fédéral n’a toujours pas identifié les zones qui ne sont pas protégées et, donc, n’a fourni aucun rapport sur l’évolution des mesures de protection.

«Des espèces avec des habitats essentiels désignés, il y en a des centaines, mais la ministre de l’Environnement n’a toujours pas publié un seul rapport en vertu de l’article 63», déplore M. Branchaud.

Un habitat essentiel déjà atteint

La SNAP explique que l’absence de mesures de protection a permis aux compagnies forestières d’exploiter la forêt boréale dans des zones extrêmement sensibles — notamment, au Québec, dans les secteurs des Montagnes Blanches et de la rivière Broadback.

«Dans les faits, il se passe des choses, mais qui vont dans le sens contraire de la protection», dénonce l’environnementaliste.

Il fait valoir que cette exploitation vient fragmenter l’habitat du caribou, ce qui est l’une des causes directes du déclin de l’espèce à travers le Canada, alors qu’il serait possible de ménager la chèvre et le chou. «Il y a plusieurs rapports qui démontrent que c’est possible de mettre en place des mesures de protection sans avoir d’impact majeur sur l’économie et l’exploitation forestière», soutient M. Branchaud.

«Mais plus on attend, plus cette protection devient fragile parce que s’il y a des entreprises qui s’engagent dans des secteurs et qui commencent à couper, il faut ensuite imposer des mesures de protection et tout le monde sera perdant», ajoute-t-il.

Selon la SNAP, si la loi avait été appliquée, la désignation des zones non protégées aurait forcé les gouvernements fédéral et provinciaux, les industries forestières, les populations autochtones et les groupes de protection de l’environnement à amorcer la discussion sur les mesures à prendre.

«L’article 63 crée une certaine forme d’imputabilité: s’il y a des provinces qui ne veulent pas mettre en place des mesures de protection, ça donne une certaine légitimité au gouvernement canadien pour aller à l’étape suivante, qui est de mettre en place des mesures de protection fédérales», précise M. Branchaud.

Plusieurs espèces sont dans la même situation, mais la SNAP a choisi le caribou forestier en raison de la vaste étendue de son habitat essentiel et que la protection d’un tel territoire protégerait une multitude d’autres espèces menacées.

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