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Inondations: Québec bonifie l'aide financière

Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Québec ouvre ses coffres aux sinistrés et bonifie considérablement les mesures d’aide financière à la suite des inondations historiques du printemps 2017.

Le premier ministre Philippe Couillard en a fait l’annonce, mercredi, à Montréal, en compagnie de ses ministres des Finances et de la Sécurité publique, Carlos Leitao et Martin Coiteux, qui a pris soin de préciser que cette bonification vise les événements de cette année.

«Le caractère tellement exceptionnel des drames qui sont vécus à l’heure actuelle nous a convaincus très rapidement (…) de travailler sur un programme spécifique qui tienne compte de la réalité spécifique des drames qui sont vécus dans le cadre des inondations de cette année», a expliqué M. Coiteux.

L’allure finale du programme général d’aide, elle, reste à déterminer, a-t-il ajouté. «Soyons francs: on amorce une réflexion sur le programme général.»

Le premier ministre Couillard a fait valoir que, tout en étant exceptionnelles, les inondations de 2017 pourraient n’être qu’un aperçu de ce qui est à venir.

«Il est possible, avec les changements climatiques et les autres phénomènes qu’on connaît, que ces situations se produisent plus souvent», a-t-il rappelé.

Hausse substantielle

Quoi qu’il en soit, pour répondre à la catastrophe actuelle, le montant maximal qui sera disponible pour le remplacement complet d’une résidence qui doit être détruite, qui était de 160 000 $ dans le programme général, est porté à 200 000 $. À cela peut s’ajouter une somme allant jusqu’à 50 000 $ pour la valeur du terrain si le propriétaire décide de s’installer ailleurs, un ajout qui n’existait pas auparavant.

Certains n’auront d’ailleurs pas le choix, puisqu’ils ne pourront rebâtir à neuf dans les secteurs où le zonage interdit les nouvelles constructions.

Quant à ceux qui ont subi des dommages mais qui peuvent réparer les dégâts, ils voient également le plafond d’aide porté à 200 000 $. De plus, les réparations, qui étaient couvertes jusqu’à 80 pour cent des coûts réels totaux, seront désormais couvertes à 90 pour cent.

«Les hypothèques sont souvent élevées et de devoir aller contracter des prêts très importants pour faire les travaux nécessaires, ça peut constituer un frein et une angoisse pour beaucoup de nos concitoyens. Ce passage de 80 à 90 pour cent va être quelque chose de très important pour les sinistrés», a fait valoir le ministre Coiteux.

Toutes les autres catégories qui étaient déjà sujettes à une indemnisation voient également leurs maximums augmentés, qu’il s’agisse des mesures d’urgence pour protéger les maisons, des travaux de nettoyage ou des biens meubles, incluant les électroménagers et les vêtements.

Du côté des entreprises, l’aide offerte pour les mesures de prévention temporaires, qui était de 5000 $, est haussée à 8000 $. Le plafond pour les biens essentiels à l’entreprise passe de 212 000 $ à 265 000 $.

Les entreprises pourront également se prévaloir d’une allocation pour la démolition si tel est le cas et d’un rachat de terrain en cas de relocalisation pouvant atteindre 60 000 $.

Par ailleurs, l’aide offerte aux sinistrés qui étaient déjà admissibles est élargie pour couvrir aussi des éléments qui en étaient jusqu’ici exclus, comme les chambres qui ne sont pas occupées en permanence, une deuxième salle de bains, un bureau ou une salle familiale, ainsi que les meubles qui s’y trouvaient.

Le programme prévoit aussi que les frais d’aménagement paysager pour les terrains dévastés soient désormais couverts jusqu’à hauteur de 5000 $, mais cette somme est incluse dans le nouveau plafond de 200 000 $ pour la résidence.

Parmi les ajouts importants, on note l’arrivée des propriétaires d’immeubles locatifs sous le parapluie gouvernemental. Jusqu’ici, seuls ceux dont la location d’un immeuble était leur principal moyen de subsistance pouvaient réclamer de l’aide, une distinction qui a été effacée.

Chalets: un coup de pouce

Le programme spécifique mis sur pied pour les inondations de 2017 ne couvre toujours pas les propriétaires de chalets et résidences secondaires, mais Québec a tout de même fait un effort pour ces propriétaires.

Le ministre Leitao a créé un nouveau crédit d’impôt pour ceux-ci, qui se traduira par le remboursement de 30 pour cent des sommes déboursées pour les mesures préventives et de nettoyage d’urgence jusqu’à concurrence de 3000 $, et un autre semblable pour les travaux de réparation dont le plafond a été fixé à 15 000 $.

Carlos Leitao reconnaît, toutefois, que les résidences secondaires sont un patrimoine précieux pour de nombreux propriétaires et représentent souvent les économies d’une vie. Sans se lancer dans une demande formelle, il a suggéré très poliment à Ottawa d’emboîter le pas dans cette démarche.

«Ça aiderait beaucoup les personnes touchées si, du côté fédéral, il y avait un crédit d’impôt miroir, quelque chose qui serait similaire. Nous les invitons à regarder cette partie-là», a glissé le ministre en conférence de presse.

Jusqu’ici, Québec a versé 3,6 millions $ en aide financière aux sinistrés et le rythme des versements se situe aux environs de 450 000 $ par jour.

Québec s’attend à ce que la facture atteigne environ 350 millions $, mais Martin Coiteux a insisté sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une enveloppe fermée et que les autorités ne tourneront pas le dos aux sinistrés une fois que l’eau se sera retirée.

«On va s’assurer que tout le monde est indemnisé. On va s’assurer que ceux qui ont de la difficulté à naviguer dans les dédales administratifs vont être solidement accompagnés (…) et on va être là jusqu’à la fin. Il n’est pas question d’abandonner personne», a affirmé le ministre.

Son chef, Philippe Couillard, a admis que toutes ces bonifications auraient un impact sur les finances publiques et n’a pu s’empêcher de faire un peu de politique au passage.

«On est capables de faire face à cette situation parce qu’on s’en est donné les moyens. On a dégagé des marges de manoeuvre avec l’équilibre budgétaire qui nous permet maintenant de faire face à ça», s’est-il félicité.

«Je n’ose même pas imaginer la situation dans laquelle on serait si on était encore face à des déficits de l’ordre de quelques milliards de dollars ou même d’un milliard de dollars.»

Cependant, il faut préciser que le Québec n’absorbera certainement pas la totalité de la facture, puisque les ententes fédérales-provinciales prévoient une importante participation d’Ottawa dans ces dépenses. En principe et en temps normal, la part du fédéral s’élève autour de 50 pour cent ou un peu plus, mais ces versements sont liés au programme général actuel du gouvernement du Québec et non au programme spécifique annoncé mercredi.

Le ministre Leitao a reconnu que la participation du fédéral restait donc à être négociée en vertu de ces nouveaux paramètres.

Déploiement massif

Le dernier bilan de la Sécurité civile, mercredi, faisait toujours état d’une centaine de municipalités toujours sinistrées, un peu plus de 4000 résidences inondées ou isolées et 3500 personnes évacuées.

Le nombre de routes encore affectées par les inondations a chuté d’un sommet de 557 la semaine dernière à 300.

Sur le terrain, le gouvernement du Québec recense une force de plus de 2300 militaires, plus de 1500 employés du gouvernement provincial auxquels s’ajoutent une douzaine de services d’incendie et les employés d’une vingtaine de municipalités épargnées venus prêter main-forte aux milliers d’employés municipaux qui sont à pied d’oeuvre depuis le début des inondations.

À cet impressionnant déploiement s’ajoutent 150 bénévoles de la Croix-Rouge, qui a elle-même recueilli 4,8 millions $ en dons pour venir en aide aux personnes touchées.

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