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Les soeurs Dionne veulent préserver leur legs

Paul Chiasson / La Presse Canadienne Photo: Paul Chiasson
Sidhartha Banerjee, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

SAINT-BRUNO-DE-MONTARVILLE, Qc — Alors qu’elles s’apprêtent à souffler leurs 83 bougies dimanche, Cécile et Annette Dionne ont seulement deux voeux d’anniversaire.

Les dernières survivantes des quintuplées Dionne souhaitent que les divers ordres de gouvernement s’assurent que leur lieu de naissance, à North Bay, en Ontario, bénéficie d’une source de financement constante après son déménagement imminent.

Dans une rare entrevue, les soeurs identiques ont également signalé qu’elles aimeraient que le Canada en fasse plus pour prévenir la maltraitance d’enfants.

Nées le 28 mai 1934, à proximité du village ontarien de Corbeil, les soeurs Dionne sont devenues les premières quintuplées canadiennes à survivre plus de quelques jours.

Le gouvernement de l’Ontario les a enlevées à leurs parents pour les placer dans un hôpital spécialisé où elles ont passé les neuf premières années de leur vie comme attraction touristique, gonflant ainsi le trésor provincial de 500 millions $.

En raison de leur propre expérience d’exploitation, elles demandent à Ottawa d’en faire plus pour les enfants à travers le pays.

«(Dans notre cas), il y a eu des grosses lacunes, des abus», a lancé Annette.

En entrevue avec La Presse canadienne, Cécile a ajouté que pour leur anniversaire, sa soeur et elle souhaitent que les autorités prennent le temps de prendre soin des enfants et de se montrer à leur écoute.

«C’est ce qui nous a manqué», a-t-elle poursuivi.

Les dernières des quintuplées continuent d’attirer l’intérêt du public.

Carlo Tarini, un militant et expert en communications qui travaille avec elles, affirme que des lettres leur sont adressées aujourd’hui encore.

L’an dernier, après qu’un de ses fils l’eut privée de sa part du dédommagement financier que leur verse le gouvernement ontarien, Cécile Dionne, sans-le-sou, a de nouveau fait la manchette. Des gens lui ont même fait parvenir des chèques, indique M. Tarini.

Les soeurs demeurent proches, se tournant souvent l’une vers l’autre lors d’une conversation pour se demander «qu’en penses-tu, p’tite soeur?».

Bien qu’elles se voient rarement en personne, elles se parlent au téléphone plusieurs fois par jour.

«Je réalise que quand je commence à m’ennuyer un petit peu, je prends le téléphone», explique Annette.

«On vit au jour le jour, on essaie de prendre bien soin de soi et faire le nécessaire pour réussir tout ce qu’on veut accomplir», a-t-elle ajouté.

Les soeurs, qui évitent normalement les médias, vivent séparément dans le Grand Montréal. Elles se sont à nouveau retrouvées sous les projecteurs cette année en raison de l’avenir incertain de leur maison natale devenue musée.

En avril, le conseil municipal de North Bay a décidé de déplacer la cabane de bois rond où les quintuplées ont vu le jour vers un emplacement riverain, quelques kilomètres plus loin.

Les deux soeurs exhortent les autorités à assurer une source de financement constante pour le bâtiment après son déménagement. Pour ce faire, Annette et Cécile Dionne interpellent directement la ministre du Patrimoine, Mélanie Joly.

Elles soulèvent la question du financement après que le musée eut mis la clé sous la porte en 2015, faute de fonds municipaux — mais aussi en raison d’un faible intérêt du public.

Elles font valoir que le bâtiment relève de l’histoire canadienne et mérite d’être reconnu en conséquence — une «obligation morale», ont-elles insisté dans une lettre à l’intention de législateurs locaux.

Or, les gouvernements ontarien et canadien signalent n’avoir reçu aucune demande formelle de financement.

«Nous discutons avec la Ville de North Bay», a déclaré le porte-parole de la ministre Joly, Pierre-Olivier Hébert.

Le président des Amis du Musée des quintuplées Dionne, Jeff Fournier, affirme que l’enjeu du financement à long terme constituera une priorité une fois le déménagement terminé, au mois de juin.

«Nous croyons qu’il s’agit d’un site historique national, le bâtiment en soi renferme beaucoup d’histoire pertinente — pas juste pour North Bay et l’Ontario, mais pour le Canada en entier, soutient M. Fournier. Donc nous ne voyons pas pourquoi les gouvernements provinciaux et fédéraux n’embarqueraient pas.»

Jeff Costen, porte-parole de la ministre ontarienne du Tourisme, Eleanor McMahon, rapporte que la province reconnaît le rôle important qu’ont joué les quintuplées dans l’histoire de North Bay et de l’Ontario francophone.

Par courriel, il a signalé que le ministère suit le dossier et est prêt à venir apporter son soutien, ajoutant que le gouvernement fédéral pourrait aussi prêter main-forte.

«Dans le cas présent, nous savons que la ministre Joly s’implique dans le dossier et a exprimé sa volonté de collaborer avec la Ville de North Bay et avec les autres acteurs concernés pour soutenir la préservation continue des collections du musée», a déclaré M. Costen.

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