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Meilleur n'a jamais discuté du poste, lance Joly

Adrian Wyld / La Presse Canadienne Photo: Adrian Wyld
Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, a provoqué de hauts cris dans les banquettes de l’opposition en soutenant que les deux plus proches conseillers de Justin Trudeau n’avaient jamais discuté du poste de commissaire aux langues officielles avec Madeleine Meilleur.

«Mme (Katie) Telford et M. (Gerald) Butts n’ont jamais discuté avec Mme Meilleur du fait qu’elle devienne commissaire aux langues officielles. Cette discussion n’a jamais eu lieu», a-t-elle affirmé en réponse à une question du député conservateur Denis Lebel.

C’était la première fois que Mélanie Joly, qui fait face aux tirs nourris des élus conservateurs et néo-démocrates sur cette nomination controversée depuis des jours en Chambre, offrait cette explication, que le bureau de M. Trudeau avait communiquée aux médias vendredi dernier.

Piquée au vif, l’opposition a répliqué en plaidant que l’ex-députée libérale ontarienne avait elle-même reconnu au comité des langues officielles qu’elle avait signifié son intérêt pour le poste auprès du secrétaire principal Gerald Butts et de la chef de cabinet Katie Telford.

La séance houleuse s’est d’ailleurs terminée avec une série de rappels au règlement, l’élu conservateur Mark Strahl demandant notamment au président de la Chambre de reconnaître Mélanie Joly coupable d’outrage au Parlement parce que celle-ci «a refusé de se rétracter».

À sa sortie de la période des questions, lors d’une brève mêlée de presse, la ministre responsable des langues officielles a refusé de préciser d’où elle tenait cette information tout en signalant qu’elle n’avait «pas de communications avec Mme Meilleur».

Le gouvernement est sur la sellette depuis l’annonce de la désignation de la libérale de longue date au poste de commissaire aux langues officielles. Les conservateurs et les néo-démocrates tentent depuis des jours de bloquer cette nomination qu’ils considèrent comme partisane.

Le 18 mai dernier, lors de sa comparution en comité, Madeleine Meilleur a reconnu qu’elle avait approché les deux membres de la garde rapprochée du premier ministre pour leur signifier qu’elle avait envie de reprendre du service, quelques mois après avoir quitté Queen’s Park.

Elle a offert un récit qui a étonné les membres du comité en réponse à une question du chef néo-démocrate Thomas Mulcair, qui lui demandait: «À quelle personne du Parti libéral avez-vous exprimé le souhait de devenir sénatrice ou commissaire?»

«J’ai parlé à Gerald Butts, que je connais bien, parce qu’il travaillait pour M. (Dalton) McGuinty à Toronto et je l’ai côtoyé. Alors c’est ça, j’ai exprimé… on m’a bien expliqué qu’il y avait maintenant un processus (…) et que je devais passer à travers ce processus-là», a-t-elle exposé.

Un peu plus tard, interrogée par le conservateur John Nater, elle a relaté un échange avec la chef de cabinet Telford. «J’ai pris un café avec Katie. Je lui ai demandé si je pouvais servir les Canadiens. Il n’y a pas eu de rétroaction, je lui ai simplement dit que j’aimerais continuer à servir», a-t-elle dit.

Au bureau du premier ministre, on soutient avec insistance qu’on ne peut déduire de ces propos ambigus que l’ancienne ministre du gouvernement ontarien a discuté du poste avec ses deux anciens collègues de Queen’s Park.

«Ces rencontres étaient de nature informelle et ont eu lieu dans le contexte où madame Meilleur connaissait des gens de l’équipe du premier ministre de l’époque où elle était ministre», a écrit le directeur adjoint des communications, Olivier Duchesneau.

«Une autre rencontre a eu lieu à la demande de notre bureau, mais uniquement pour parler d’un dossier bien précis, soit celui d’Ottawa ville bilingue», a-t-il précisé dans le même courriel transmis mercredi en fin d’après-midi.

Pas de rencontre Trudeau-FCFA «à brève échéance»

La nomination de Madeleine Meilleur fait des vagues ailleurs que dans les édifices de la cité parlementaire.

Des organisations de défense des droits linguistiques, dont la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), ont remis en question la transparence du processus ayant mené à la sélection de l’ancienne politicienne.

Les inquiétudes de l’organisation n’ont pas été dissipées à l’issue de la rencontre avec la ministre Joly, mardi, si bien que la FCFA a réclamé pour une seconde fois une rencontre avec Justin Trudeau.

Celle-ci n’aura vraisemblablement pas lieu dans un avenir rapproché.

«Le premier ministre revient tout juste d’un voyage de huit jours en Europe. L’horaire du premier ministre est très chargé, ainsi il ne sera pas possible de tenir une rencontre à brève échéance», a écrit mercredi son attachée de presse Andrée-Lyne Hallé.

«Le premier ministre est toujours ouvert à rencontrer différents intervenants, mais ces rencontres sont habituellement planifiées plusieurs semaines à l’avance. Nous sommes en communication avec la FCFA pour voir ce qui est possible», a-t-elle ajouté.

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