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Autochtones: la commission fédérale doit s'adapter

Laura Kane, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

WHITEHORSE — Les proches de femmes autochtones disparues et assassinées qui ont partagé leurs histoires bouleversantes au Yukon exhortent l’enquête fédérale à continuer d’écouter et à s’adapter aux inquiétudes des familles alors qu’elle se prépare à se déplacer dans d’autres communautés.

Les premières audiences de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées se sont conclues au Yukon la semaine dernière et ses employés passeront l’été à se préparer aux prochaines audiences à l’automne.

Les séances, qui se sont déroulées dans une grande tente blanche sise près du fleuve Yukon, étaient un «test» pour s’assurer que la commission agisse correctement lorsqu’elle se déplacera, a expliqué la commissaire en chef, Marion Buller.

Il faut du temps pour tisser des liens avec les familles, les aînés, les guérisseurs traditionnels et les gens en appui à chaque endroit, a-t-elle ajouté.

«Ce serait très injuste et très irréaliste pour nous d’arriver sans invitation dans une communauté ou une ville et s’installer pour les audiences. Ce serait si irrespectueux pour les gens et leur territoire», a-t-elle indiqué lors d’une récente entrevue.

«Ça prend beaucoup de travail de terrain pour faire cela convenablement», a-t-elle poursuivi.

Shaun LaDue a témoigné sur ce qui est arrivé à sa mère, qui selon son récit a été battue à mort après qu’elle eut perdu sa garde alors qu’il n’était qu’un bébé. Selon lui, lorsque les commissaires sont venus dans la communauté en avril pour une rencontre préparatoire, ils parlaient beaucoup et n’écoutaient pas assez.

Après qu’il eut confronté les commissaires avec cette critique, ils l’ont remercié et se sont adaptés, a-t-il indiqué.

«Je crois que le sud du Canada spécifiquement, sera agréablement surpris lorsque les commissaires arriveront dans leur communauté et diront: « Ok, comment voulez-vous que l’on procède »», a-t-il affirmé.

«Les gens comprennent qu’ils sont entendus et c’est puissant.»

Doris Anderson, du Conseil des femmes autochtones du Yukon, croit que la commission devrait d’abord rencontrer les groupes locaux parce que ce sont eux qui ont un lien de confiance avec les familles.

«Ils comprennent les familles. Ils connaissent les familles. Ils ont tissé un lien de confiance avec les familles et c’est le premier endroit où elles vont», a-t-elle expliqué.

L’avocate Joan Jack, dont la belle-soeur Barbara Jack a été assassinée, était l’une des plus ferventes critiques de la commission à Whitehorse. Elle croit que la commission devrait se baser sur le droit autochtone et que l’avocat en chef devrait être issu des Premières Nations.

«Selon mon expérience, ils font face à des défis internes de développement qu’ils devront régler avant de retourner sur le terrain à l’automne», a-t-elle déclaré.

La porte-parole de la commission, Bernee Bolton, a dit que la commission était fière de son équipe juridique, qui est formée d’avocats autochtones et non autochtones.

«Nous travaillons pour nous assurer que le droit autochtone est revitalisé dans ce processus, tout en respectant le cadre juridique canadien», a-t-elle ajouté.

Le travail des organisations locales est respecté et elles sont consultées, a-t-elle assuré.

Les prochains arrêts de l’enquête n’ont pas encore été annoncés. Dans les prochaines semaines, les employés planifieront et mettront en place une stratégie pour assurer la participation des familles et des survivants dans l’enquête, a expliqué Mme Bolton.

Lorelei Williams, une avocate de Vancouver qui avait critiqué la commission, dit avoir plus d’espoir pour l’avenir après avoir assisté à ce qui s’est passé à Whitehorse.

Elle a dit que les familles ont été respectées et que les commissaires étaient disponibles pour répondre à leurs questions.

Me Williams a toutefois encouragé l’enquête à améliorer sa transparence, ses communications et «les soins de suivi» pour les témoins traumatisés.

«Ce n’était pas comme je m’attendais. Je m’attendais à un immense désordre. Si je n’avais pas été là, je serais probablement encore en train de paniquer ici», a-t-elle conclu.

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