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Plaidoyer pour la fin de la «ségrégation scolaire»

Le coordonnateur de l'École ensemble, Stéphane Vigneault
Le coordonnateur de l'École ensemble, Stéphane Vigneault, appelle Québec à intervenir rapidement. Photo: Mario Beauregard / Métro

Un regroupement de parents veut mettre fin à la «ségrégation scolaire », maux qui selon eux gruge lentement le système d’éducation québécois et contribue à la baisse du taux de réussite.

Le pendant montréalais du mouvement L’école ensemble a été lancé officiellement dimanche.

Initié par Stéphane Vigneault, un père de Gatineau, le mouvement a pour objectif de contrer la sélection et la séparation des meilleurs élèves, non seulement dans les écoles privées, mais aussi au sein du réseau public.

Selon eux, l’ «écrémage» des élèves les plus performants au profit de projets sélectifs, comme les programmes d’éducation internationale (PEI) a pour conséquence d’affaiblir l’ensemble du système éducatif et de nuire à la réussite globale des écoliers.

«La recherche nous dit que lorsqu’on enlève 10% des meilleurs élèves d’une classe, les élèves restants ne sont plus tirés vers le haut et entament une spirale vers le bas, ce qui provoque la baisse générale des moyennes générales, a plaidé Stéphane Vigneault. Au Québec, ça fait longtemps qu’on a dépassé ce point de rupture avec environ 21 % des élèves du secondaire au privé et au moins 20 % dans des écoles à projet particulier sélectif.»

«En parallèle, on alourdit la tâche de l’école publique et des professeurs. Non seulement on enlève les élèves les plus performants, mais on ajoute des cas lourds et des élèves avec des besoins particuliers dans les classes régulières. C’est un cercle vicieux.»

Le mouvement attribue à la ségrégation scolaire le fort taux de décrochage au secondaire et la baisse des résultats des écoliers québécois aux examens internationaux, comme le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA).

La situation actuelle nuit également aux professeurs, estime Anne-Marie Boucher, ancienne enseignante au secondaire qui a consacré un mémoire de sociologie à la question.

« Les jeunes professeurs, qui ont peut d’expérience héritent systématiquement des groupes les plus difficiles. Ça nuit à la rétention des enseignants.»

En vue des élections 2018, le mouvement s’est donné comme objectif de pousser les partis politiques à inclure trois grandes mesures dans leur programme : la fin de tout financement public de l’école privée, l’arrêt de la sélection des élèves au public, et l’amélioration de l’aide aux élèves en difficulté jumelée à un développement d’une offre d’apprentissage enrichie pour les meilleurs élèves au sein d’une classe commune.

Le mouvement a notamment obtenu l’appui du sociologue Guy Rocher, ancien membre de la commission Parent sur l’éducation dans les années 1960.

« Oui, nous avons erré en utilisant l’argent des contribuables pour financer l’école “privée“. Mais le réseau public, en voulant concurrencer le privé sur son propre terrain, celui de la sélection des élèves, a accentué le problème en feignant de ne pas voir ceux qui restent derrière, à l’école dite ordinaire», a écrit dans une lettre de soutien le professeur émérite.

Pour arriver à ses fins, le mouvement invite les citoyens à signer une pétition et à faire des dons afin de financer une étude qui viendrait documenter le phénomène de la ségrégation scolaire, particulièrement son impact sur le Trésor public.

Les organisateurs espèrent recueillir 25 000 $.

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