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Aide sociale: une coalition dit non aux sanctions

Quebec Ediucation Minister Francois Blais responds to reporters questions after a caucus meeting, Monday, March 30, 2015 near the legislature in Quebec City. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot Photo: The Canadian Press
Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Les sanctions qu’imposera le gouvernement Couillard aux assistés sociaux qui refusent de participer à des mesures d’intégration à l’emploi ne vont que les aliéner davantage, prédit la Coalition objectif dignité.

La coalition — qui regroupe une vingtaine d’organismes s’opposant aux récentes réformes à l’aide sociale — tenait un point de presse à Québec, mercredi, alors qu’était publié le projet de règlement du ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais.

Ce projet de règlement mettra notamment en oeuvre le programme Objectif Emploi. Les groupes intéressés ont 60 jours pour faire connaître leurs doléances.

Pour le gouvernement, l’objectif est d’offrir des incitatifs pour que les nouveaux demandeurs d’aide sociale cessent d’avoir besoin des prestations de dernier recours. Une prime pouvant aller jusqu’à 260 $ est offerte.

Mais il y aura aussi des sanctions: en cas de non-participation, ils perdront la prime, à la deuxième offense, on enlève 56 $, à la troisième, 112 $, puis à la quatrième, on enlève 224 $.

Mercredi, un des porte-parole de la coalition, Serge Petitclerc, a soutenu qu’Objectif Emploi ne fera qu’écraser davantage les «poqués» de la société, les «maganés de la vie», ceux qui sont notamment affligés par la maladie, et pour lesquels «la misère n’est pas un choix».

«Appauvrir des personnes déjà pauvres, comment cela va-t-il les aider à s’en sortir, a renchéri son co-porte-parole, Yann Tremblay-Marcotte. La prestation de base à l’aide sociale ne permet même pas de répondre à la moitié des besoins essentiels.»

Ces personnes vulnérables ne peuvent retourner au travail à court terme, même si elles le désirent, ont-ils insisté.

MM. Petitclerc et Tremblay-Marcotte étaient accompagnés, mercredi, de Julie Montreuil, une résidante de Québec qui a témoigné avoir eu besoin d’aide sociale lorsqu’elle et son mari sont tombés tous deux malades au même moment.

«Je n’aurais pas pu participer à Objectif Emploi; ça m’aurait été impossible, a-t-elle dit, en expliquant être atteinte du syndrome d’Ehlers-Danlos, une maladie des joints. Mon mari devait attacher mes souliers.»

Exceptions prévues

Le programme Objectif Emploi s’adresse cependant exclusivement aux personnes sans contraintes sévères à l’emploi qui, pour la première fois, seraient admissibles à une aide financière de dernier recours.

En entrevue téléphonique, le ministre Blais a fait valoir que plusieurs personnes pourront, dans les faits, être exclues de son application:

— l’adulte qui est admissible au Programme de solidarité sociale;

— qui présente une contrainte temporaire à l’emploi pour raison de santé pour une durée de trois mois et plus;

— qui présente une contrainte temporaire à l’emploi pour raison autre que de santé;

— qui est hébergé dans un établissement public de santé et de services sociaux ou séjourne dans un centre offrant des services en toxicomanie;

— qui est tenu de loger dans un établissement en vue de sa réinsertion sociale;

— qui est demandeur d’asile au Canada;

— qui est membre d’un couple qui a habituellement la garde d’un enfant âgé de moins d’un an.

Par ailleurs, les circonstances où un participant peut refuser un emploi ou le quitter sans contrevenir à ses engagements sont aussi précisées, a-t-il ajouté.

On peut, par exemple, renoncer à un travail offert si celui-ci met en danger sa santé, sa sécurité ou son intégrité physique ou psychologique, notamment parce que l’emploi comporte des tâches trop difficiles à accomplir compte tenu de son état de santé, de ses capacités physiques ou de son handicap.

«Le problème que nous avons aujourd’hui, malheureusement, c’est que les primo-demandeurs participent beaucoup trop peu à des mesures d’intégration, de retour aux études, a affirmé M. Blais. Nos résultats sont très faibles et on espère les améliorer avec Objectif Emploi.»

Le programme, selon lui, s’inspire des meilleures pratiques dans le monde, plus particulièrement des modèles scandinaves.

«La finalité, ce n’est pas la sanction, a-t-il ajouté. La finalité, c’est l’encadrement, un encadrement c’est vrai un peu plus serré pour obtenir des résultats.»

Consultation estivale

De son côté, le Parti québécois a déploré, mercredi, la tenue d’une consultation publique en plein été.

«Les groupes qui défendent les droits sont déjà sous-financés, ils sont débordés et là, en plein été, on leur envoie ça, ils ont 60 jours pour donner leur opinion sur quelque chose qui est quand même fondamental. Ça n’a pas de maudit bon sens», a déclaré le député péquiste Harold LeBel.

Il dit constater que le ministre s’appuie sur des préjugés «faciles» et «tenaces» pour s’attaquer aux plus vulnérables de la société.

Le ministre Blais entend mettre en oeuvre le programme Objectif Emploi l’hiver prochain.

Il n’a toutefois pas fixé d’objectif quant au nombre de personnes qui quitteront l’aide sociale grâce à ce programme, ni dans combien de temps le gouvernement espère les voir voler de leurs propres ailes.

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