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Les Québécois célèbrent peu la Fête du Canada

MONTRÉAL – Tandis qu’un peu partout au pays, des citoyens se rassemblent pour participer à des parades, des spectacles et des barbecues pour célébrer la Fête du Canada, bon nombre de Québécois consacreront leur temps à d’autres activités, notamment à déménager ou à profiter du beau temps.

La Fête du Canada n’a jamais véritablement fait vibrer la fibre patriotique au Québec comme elle le fait dans les autres provinces. Les festivités de la Fête nationale du Québec, qui se sont déroulées il y a une semaine, ont attiré nettement plus de gens.

«Je célèbre les deux, mais la Saint-Jean est plus importante», témoigne Monique Bourget, une Montréalaise âgée de 65 ans.

Cette année, au Québec, la Fête du Canada survient alors que le sempiternel débat entourant la question nationale semble vouloir refaire surface dans l’actualité et dans les chaumières québécoises.

Au cours des dernières semaines, la possibilité que le Parti québécois (PQ) reprenne le pouvoir a contribué à ramener ce débat à l’avant-plan en plus d’attirer l’attention du premier ministre Stephen Harper. Un peu plus tôt ce mois-ci, M. Harper a d’ailleurs rencontré l’ancien premier ministre Brian Mulroney et le premier ministre Jean Charest afin d’obtenir des conseils sur la question de l’unité nationale.

Le Parti libéral du Québec, en difficulté dans les sondages, pourrait déclencher des élections en vue d’un scrutin à l’automne. Et pour la première fois en plus d’une décennie de règne libéral, les péquistes de Pauline Marois pourraient former un gouvernement.

Un sondage réalisé un peu plus tôt cette semaine suggérait que les citoyens du reste du Canada se préoccupent peu du sort de la province. Pour environ la moitié des personnes sondées, une sécession éventuelle du Québec ne constitue pas une source de préoccupation, selon le même coup de sonde.

Au Québec, la souveraineté ne semble toutefois pas se hisser au sommet des préoccupations. Selon un récent sondage, seulement quatre pour cent des citoyens y voient un enjeu électoral, loin derrière les questions de la corruption et du conflit étudiant.

C’est la détermination de maintenir une distinction culturelle et sociale entre le Québec et le reste du Canada qui semble persister chez les citoyens et expliquer, en partie, le peu d’engouement que suscite la Fête du Canada.

«Nous sommes Québécois et c’est ce qui fait que nous sommes uniques en Amérique du Nord», plaide le Montréalais Robert Dufour, un souverainiste de longue date âgé de 61 ans.

«Certaines personnes nous comparent à l’Ontario et s’imaginent que nous devrions être comme ceci ou comme cela, mais le Québec n’est pas l’Ontario», poursuit-il.

D’après M. Dufour, le sentiment d’urgence de faire du Québec un pays souverain n’est plus celui qui régnait jadis.

«Je ne crois pas que le Parti québécois est une inspiration comme il l’était autrefois, suggère-t-il. Le PQ se concentre plutôt sur l’importance d’une bonne gouvernance pour les Québécois que sur l’idée de tenir un référendum (sur la souveraineté).»

Le président de la firme de sondages Forum Research, Lorne Bozinoff, estime d’ailleurs que le PQ a voulu éviter de faire de la souveraineté un enjeu en vue des prochaines élections: «La chose importante à remarquer, c’est qu’ils ont évité de dire qu’il tiendront un référendum».

Reste que des événements sont prévus au Québec pour ce 1er juillet, incluant un défilé dans le centre-ville de Montréal, qui attire à chaque année une foule appréciable.

Emi Wang, une Chinoise qui s’est installée à Montréal il y a trois ans, a l’intention de participer aux festivités. La jeune fille de 25 ans a aussi pris part aux activités de la Fête nationale il y a quelques jours. Elle estime qu’il vaut la peine de se déplacer pour les deux événements.

«Montréal est un endroit vraiment spéciale. Je trouve que c’est une ville très différente des autres villes canadiennes. Vivre ici, c’est comme vivre à la fois en Amérique et en Europe», affirme-t-elle.

Cela ne signifie pas pour autant que les Montréalais célébreront en grand nombre le 145e anniversaire du Canada. Car pour de nombreux citoyens de la métropole, le 1er juillet est surtout la grande fête du déménagement.

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