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La politique d'affirmation du Québec bien reçue

Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

EDMONTON — Les premiers ministres des provinces et territoires ont accueilli favorablement la politique d’affirmation du Québec, a assuré le premier ministre Philippe Couillard.

Celui-ci a profité d’un petit déjeuner avec ses homologues, mardi, au Conseil de la fédération, pour leur présenter sa proposition, «Québécois, notre façon d’être Canadiens», qui vise à créer les conditions favorables à la reprise d’éventuelles négociations constitutionnelles.

À terme, si le Québec obtient la reconnaissance souhaitée, il pourrait adhérer à la Loi constitutionnelle de 1982 et ainsi faire partie officiellement de la grande famille canadienne.

«Ce n’est pas normal, ce n’est pas sain pour un pays de la taille du Canada que la deuxième plus grande province ne soit pas encore signataire de la Constitution, a plus tard plaidé M. Couillard en mêlée de presse. Tout le monde s’entend là-dessus, y compris mes collègues.»

Les premiers ministres provinciaux ont fait preuve «d’écoute active et positive». Une «bonne discussion» s’en est suivie, a-t-il dit sans donner plus de détails.

Pour le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, ce que le Québec propose est «raisonnable», même s’il est trop tôt pour parler d’échéance. On discutera de «l’inévitable» réouverture de la Constitution «à un moment donné», a-t-il dit.

«Je pense que c’est raisonnable considérant qu’après trois décennies et demie, le partenaire fondateur n’a toujours pas signé la Constitution», a affirmé M. Wall.

«Dieu merci, un tel document a été présenté par un premier ministre fédéraliste, qui veut que le Québec continue de faire partie du Canada, a-t-il renchéri. Ça aurait été très différent venant d’un autre premier ministre.»

Le premier ministre du Manitoba, Brian Pallister, a pour sa part indiqué avoir raté une bonne partie de la présentation. Son homologue de la Nouvelle-Écosse, Stephen McNeil, s’est limité à des remarques très générales. Pour lui, le Canada est «chanceux» d’avoir un premier ministre du Québec comme M. Couillard. Il est important de continuer à travailler pour que le Canada demeure un pays uni, a-t-il dit.

De la Gaspésie, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, y a mis son grain de sel. Il a affirmé avoir «hâte» d’entamer la conversation pour améliorer le fonctionnement de la Confédération, «mais, comme je l’ai toujours dit, pour moi ça ne passe pas par des négociations constitutionnelles».

Alors que la politique d’affirmation du gouvernement Couillard fait beaucoup de place aux Autochtones («La question autochtone s’impose de plus en plus à l’ordre du jour», note-t-on dans le document), M. Couillard a dû se défendre de ne pas avoir assisté, lundi, à la réunion traditionnelle des leaders autochtones. Trois groupes autochtones ont boycotté l’événement, mais deux autres étaient présents, en plus de tous les premiers ministres, à l’exception du nouvel élu John Horgan, de la Colombie-Britannique.

M. Couillard a expliqué avoir terminé son voyage de pêche dimanche. À midi, il posait en compagnie du personnel du restaurant Chez JoJo, situé à Amqui. «La seule option que j’avais pour être ici en début de journée, hier, c’était un vol nolisé dont le coût variait selon les propositions entre 50 000 $ et 65 000 $. J’ai trouvé, franchement, que pour une réunion préliminaire, c’était un budget important», a-t-il dit.

«Comme tout le monde, j’ai accès à certains jours dans l’année où j’ai des activités pour moi-même. C’est important pour ma santé, dans tous les sens», a-t-il ajouté en se tapotant la tête.

Longue négociation avec les États-Unis à prévoir

Les premiers ministres avaient une journée particulièrement chargée, mardi. Ils se sont aussi rassemblés autour de l’ambassadeur du Canada aux États-Unis, David MacNaughton, pour discuter de la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

L’ambassadeur les a rassurés en disant ne pas être surpris des demandes des États-Unis. Les Américains visent notamment à obtenir un meilleur accès à certains marchés canadiens, comme ceux des produits laitiers, des vins et des céréales.

La renégociation de l’accord, qui s’annonce plutôt complexe, s’amorcera à la mi-août.

Déjà, les provinces envoient un message cohérent, s’est félicité M. MacNaughton. Nous sommes «extrêmement bien préparés», a-t-il ajouté, refusant d’endosser publiquement l’idée de M. Wall de rédiger une liste de sanctions potentielles si jamais les négociations avec les États-Unis s’embourbaient.

Celles-ci s’étaleront sur plusieurs années, a prédit M. Couillard. Le Québec défendra la gestion de l’offre en agriculture et l’exception culturelle, ce droit pour un pays d’exclure la culture des ententes commerciales parce qu’elle n’est pas une marchandise.

Selon Brian Gallant, premier ministre du Nouveau-Brunswick, il sera difficile de maintenir un front commun des provinces. «C’est évident; on est une fédération avec des provinces et territoires qui ont différentes réalités, opportunités et défis», a-t-il soutenu.

Le cannabis inquiète les premiers ministres

Par ailleurs, les chefs de gouvernement ont discuté entre eux de la légalisation du cannabis, même si ce sujet n’était pas à l’ordre du jour mardi. Quelques-uns d’entre eux ont pris le micro pour demander de reporter d’un an l’entrée en vigueur du projet de loi fédéral, prévue pour le 1er juillet 2018.

«Il reste encore trop de questions sans réponse, trop d’enjeux qui n’ont pas encore été considérés, pour que l’on se précipite dans ce qui est, après tout, un changement historique», a affirmé M. Pallister.

Il a dit s’inquiéter entre autres de l’impact de la consommation de la marijuana sur la conduite automobile.

Le premier ministre manitobain souhaite que l’âge légal pour fumer du cannabis soit le même partout au pays. Apprenons du débat sur l’alcool et évitons les mesures disparates, a-t-il prévenu.

Ottawa a déjà suggéré 18 ans comme âge légal; la Nouvelle-Écosse de M. McNeil a fait savoir qu’elle préférait qu’il soit fixé à 19 ans.

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