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Préserver la culture autochtone en créant des milieux de vie

Photo: Josie Desmarais/Métro

Près de 70 langues autochtones sont parlées au Canada, mais leur pérennité est mise à rude épreuve, particulièrement en milieu urbain. Métro s’est entretenu avec Philippe Meilleur, le directeur général de Montréal Autochtone, un organisme qui offre notamment des cours de langues autochtones.

Qu’est-ce qui fait qu’on a de la difficulté à transmettre les langues autochtones?
Il y a plusieurs facteurs qui amènent des gens à perdre la langue. Un des principaux est le fait que dans la culture populaire, tant en musique qu’au cinéma ou à la télévision, on valorise peu les langues autochtones. Il est vraiment rare d’entendre ces langues ailleurs qu’à APTN (Aboriginal Peoples Television Network). Les jeunes se tournent donc plus facilement vers la culture mainstream.

Est-ce plus facile de préserver la langue à l’extérieur des villes, là où un fort sentiment de communauté existe?
Il y a quelques nations qui préservent plus facilement leur langue, mais c’est tout de même un défi. En milieu urbain, c’est décuplé, car il n’y a pas de communauté. Donc, les seuls lieux où on peut l’apprendre, ce sont des milieux scolaires. Dans toutes les nations, les personnes qui ont une langue autochtone comme première langue sont très rares. Même pour nos professeurs, il s’agit de leur deuxième langue et souvent ils ne l’ont pas apprise à l’enfance.

Comment peut-on assurer la pérennité des langues autochtones?
Il faut créer des milieux de vie autochtones en ville. Les livres ou les cours ne suffisent pas. Une langue, ça se vit. La meilleure manière de se reconnecter avec notre culture est d’apprendre la langue. On a une majorité d’Autochtones qui viennent suivre des cours pour cette raison, surtout quand ils ont grandi à l’extérieur des communautés.

Patrimoine Canada finance ce genre de cours. Est-ce suffisant?
C’est 100 % de notre finance­ment, puisque le gouvernement du Québec n’a pas encore d’engagement finan­cier. On espère que le program­me fédéral va être bonifié pour qu’il y ait du financement toute l’année. Pendant deux ou trois mois durant l’été, on doit tout fermer. On aimerait que la langue soit financée à longueur d’année pour par exemple avoir un camp culturel.

Est-ce que d’autres provinces font mieux en ce sens?
En Colombie-Britannique, c’est une organisation autochtone qui gère les fonds de Patrimoine Canada. Les balises sont donc faites avec une meilleure connaissance culturelle.

Revitalisation
Selon les données publiées par Statistique Canada la semaine dernière, 228 770 personnes au pays parlent une langue autochtone à la maison, soit une augmentation de 7 % par rapport au recensement de 2011.

Si Philippe Meilleur se dit toujours sceptique par rapport aux données de Statistique Canada, il voit cette augmentation d’un bon œil. «On sent une revitalisation de la culture autochtone, un intérêt de la part des non Autochtones, mais aussi des Autochtones, de se réapproprier cette culture», souligne-t-il.

À lire aussi: Les peuples autochtones face à la mondialisation

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